Compte tenu du flou dans le milieu éducatif, les hauts responsables de la coalition de la société civile, Éducation Pour Tous (EPT), et ceux de l’ONG Grade Banlieue se sont présentés, ce mercredi 03 octobre 2018, à la Maison des jeunes de Bamako, dans le but de faire part de leurs préoccupations sur la gestion de la crise scolaire ainsi que la mise en œuvre des réformes.
Depuis la première République, le gouvernement du Mali a placé l’éducation au cœur des priorités nationales. Cette vision s’est matérialisée par les nombreuses assises et réformes opérées au sein du système, dont la réforme de 1962. À cet effet, le Mali est gouverné, depuis environ deux décennies, à travers une politique générale et nationale de décentralisation qui touche à tous les secteurs de développement dont l’éducation. Le gouvernement a initié, depuis 1998, le programme décennal de développement de l’éducation (Prodec) qui a posé les jalons d’une véritable refondation du système éducatif. Au sein de l’éducation, cette politique nationale est été opérationnalisée à travers la loi n°99-046/ du 28 décembre 1999 portant loi d’orientation sur l’éducation. Elle définit la politique éducative en termes d’organisation, de gestion et fonctionnement.
C’est pour répondre à cette exigence que le Mali élabore depuis 2011 le budget citoyen. Il a pour objectif de faire comprendre aux citoyens /contribuables la gestion du secteur de l’éducation par le gouvernement. Selon Souleymane Bocoum, Coordinateur exécutif de l’ONG Grade Banlieue, il est temps que les autorités se rendent compte de la réalité du terrain concernant leur mauvaise répartition du budget de l’éducation par zone. La répartition porte problème, avec 19% rien qu’à Bamako. Or, il y a des régions qui sont en forte nécessité, telles les régions de Mopti, Gao et bien d’autres qui n’atteignent pas 7%, et en particulier Tombouctou qui a à peine 3%.
Il a par ailleurs signalé qu’il n’y a ni transparence ni égalité dans la gestion. Cependant, il a ajouté qu’il est encore plus que nécessaire pour la société civile et les institutions indépendantes dans le secteur éducatif de jouer leur rôle de contrôle et de veille citoyenne. Il a aussi sollicité l’appui et l’accompagnement de la presse dans cette tâche pour que le secteur de l’éducation rebondisse sur de bonnes bases. Et pour finir, il accentuera la suite de son intervention par la négligence des autorités à influencer les bailleurs et partenaires sur la mobilisation des ressources. Cet aspect essentiel de mobilisation de ressources, selon lui, devrait se sentir dans les faits et réactions de nos plus hautes autorités dans les rencontres internationales sur l’éducation.
Quant à Mamadou Ongoïba, Directeur général de la coalition Éducation Pour Tous, cette rencontre est une opportunité de faire des éclaircissements sur la participation et des engagements pris par les autorités maliennes lors de la conférence de Dakar du 29 janvier au 02 février 2018. Sachant bien qu’il s’agissait de réunir tous les acteurs concernés de l’éducation à savoir la société civile, gouvernement, et partenaires techniques et financiers sur le schéma d’application des objectifs de développement durables (ODD4), M. Bocoum s’est à son tour plaint de la passivité du gouvernement malien convenablement aux attentes réelles du secteur. Il a également mentionné que le gouvernement malien à tendance à diviser les organisations de la société civile afin de contourner l’essentiel du problème et ignorer certains engagements. Tout comme son prédécesseur de l’ONG Grade Banlieue, le haut responsable de la coalition EPT a insisté sur la contribution énorme que pourrait jouer les OSC en terme de clairvoyance. Et c’est ce qui lui poussera même à affirmer que la coalition EPT envisage sur une éventualité de plan de financement domestique de l’éducation dans le but de permettre aux enfants de démunis d’accéder à l’éducation.
Adama TRAORE