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REFORME DE L’ADMINISTRATION : Le combat d’échec!

Dix heures, onze heures du matin. Ce sont généralement des heures d’arrivée au service des travailleurs de la fonction publique. L’absentéisme chronique et l’abandon de poste sont entre autres des maux qui gangrènent l’administration publique malienne. Ce qui évidemment affecte le travail et fait pâtir la qualité et la continuité du service public.

Dans la fonction publique donc, l’absentéisme et les retards sont non seulement des facteurs de désorganisation mais représentent un coût considérable pour l’État. Depuis des décennies, l’administration malienne est confrontée à l’absentéisme et au non-respect des horaires de travail des fonctionnaires si bien que la présence devient l’exception et l’absence, la règle.

Or ce fléau, notons-le, a des conséquences socio-économiques non négligeables. Non seulement, un surcroît de tâches est observé chez les fonctionnaires assidus et ponctuels, mais également l’efficacité et la qualité des prestations souffrent cruellement car les dossiers sont soit laissés à l’abandon, soit bâclés à la dernière minute. A côté, les prestations sollicitées, rarement satisfaites dans le temps, entraînent le mécontentement des usagers qui finissent par discréditer l’administration publique.

Mais chose encore plus importante, la faible productivité des fonctionnaires qui en découle, comparativement à la charge qu’ils représentent pour le budget de l’Etat, suffit pour dire que l’absentéisme est un phénomène nuisible à l’économie, un véritable frein à tout développement durable.

En vue de booster l’élan au travail et de réduire le taux d’absentéisme dans l’administration, il est temps que le président de la transition prenne le taureau par les cornes sinon cette transition n’aura rien servir au pays en matière de réforme de l’administration.

Il faut le dire sans risque de se tromper, la fonction publique malienne n’est en réalité qu’une vache à lait où tous les Maliens s’abreuvent chaque fin du mois. Les morts, les détenteurs de faux diplômes, les désœuvrés, les vagabonds, les ménagères, les revendeurs, les femmes du marché de Soukouni Koura, les danseurs, les tapeurs de tam-tams et de balafons, les Maliens vivant à l’extérieur, même ceux qui évoluent dans le privé, émargent tous à la fonction publique. Tous les départements ministériels ont chacun leurs lots de fonctionnaires fictifs. Ceux qui sont physiquement connus arrivent rarement au bureau. Et quand ils décident de s’y rendre, c’est à l’heure voulue.

Ils arrivent au service à 11 heures pour repartir à 14 heures. Les travailleurs de la fonction publique font semblant de travailler. Ils prennent les salaires sans effectuer un travail. Ainsi, à partir du 15 du mois, les services sont désertés. Aucune loi, aucune décision n’a jusqu’ici ébranlé ces fossoyeurs des caisses de l’Etat. Ils pillent le pays avec la complicité de certains cadres de l’administration. Les campagnes de sensibilisation, les décisions, les mesures prises pour contrer ce fléau qui gangrène l’administration sont sans effets.

Les travailleurs de la fonction publique ont érigé le retard, l’absentéisme et l’abandon du poste en règle. Pourquoi ? Les fonctionnaires maliens sont-ils culturellement paresseux ou bien profitent-ils du laxisme des autorités ?

Des réformes et de la modernisation de l’administration publique

A cette question on nous apprend au ministère de la Fonction Publique que les réformes continuent et qu’elles ont apporté beaucoup de changement. « Les réformes continuent ! Elles n’ont pas de limites ! Vous savez les réformes, les modifications, les changements, les mises jours sont liées à toute activité humaine. Le ministère est resté fidèle à la politique du Chef de l’Etat : la réforme et la modernisation de l’administration publique. Nous y attelons et le ministère intervient à chaque fois que c’est nécessaire.

Les causes des retards et des absences

Ici, il faut citer, au premier abord, les mauvaises conditions dans lesquelles travaillent certains fonctionnaires. Des locaux souvent rudimentaires, voire insalubres ; des moyens bureautiques faisant cruellement défaut, ce qui entraîne un blocage de l’élan professionnel chez certains fonctionnaires et une sorte de haine du poste de travail. On note également la mauvaise gestion du personnel, notamment la définition imprécise des tâches et des responsabilités, et la faible incitation financière qui poussent certains fonctionnaires à l’exercice d’activités lucratives parallèles, conduisant inélucablement  à leur absentéisme.

De ce fait, l’agent public jouit de la sécurité de l’emploi qui implique la promotion, les avancements et le classement, la sécurité du salaire et l’admission à la retraite.  Ce sont là autant de prérogatives dont bénéficie le fonctionnaire malien contrairement à son homologue du secteur privé. La prise de conscience de cette stabilité crée chez le fonctionnaire des attitudes négatives et l’installe dans une certaine facilité et un certain manque de dynamisme et de rendement.

Aussi, un point essentiel à ne pas omettre est que si les Maliens font ce qu’ils veulent à la fonction publique, c’est parce qu’ils n’assument pas les conséquences de leurs comportements. S’il est vrai que des remèdes ont été tentés ici et là, ceux-ci ont été sans effets durables. Aujourd’hui, tout porte à croire que l’Etat a fui ses responsabilités en feignant de ne rien voir quant à l’absentéisme et au retard.  Les textes juridiques existants sont appliqués et bafoués face aux entorses portées à l’éthique professionnelle.

Et enfin pour ce qui concerne toujours les raisons du retard, il faut mentionner les moyens de déplacement dans la ville de Bamako où le centre administratif est situé à des kilomètres des quartiers résidentiels. Pour qui connaît le nombre d’embouteillages il y a lieu de comprendre ces retards répétitifs des travailleurs à leurs lieux de service. Le manque de moyens de transport aidant, les travailleurs ont des difficultés à arriver à temps dans leurs bureaux.

L’absentéisme peut vite devenir problématique pour le service, et générer de nombreux problèmes : affaiblissement de la productivité et de la performance du service dû au retard, au manque de qualité, aux mauvais services. Cela peut affecter les équipes de travail et la motivation générale des autres salariés. Le service se voit forcer de réorganiser les collectifs de travail pour combler les absences, souvent à la dernière minute, la charge de travail doit être redistribuée, en répartissant les tâches du salarié absent à d’autres salariés, ce qui n’est pas toujours apprécié.

Il faut savoir que l’on estime le coût moyen annuel de l’absentéisme au travail au Mali à des milliards de nos francs. Alors comme solution, il faut rester à l’écoute des fonctionnaires, des représentants du personnel, cela peut dans la mesure du possible, améliorer les conditions de travail. Il faut aussi motiver les travailleurs, et surtout renforcer les moyens de transports. Ceci peut limiter l’absentéisme. Surtout rester ferme et sanctionner.

Aujourd’hui, face à la longue litanie des maux qui gangrènent notre administration, il semble que leur modernisation n’est plus un choix, mais une nécessité qui s’impose en raison de la crise des finances publiques, des demandes croissantes de la population et de la mondialisation de l’économie.

Source: Le Point

 

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