Pas de répit pour les leaders du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). Le comité stratégique du M5-RFP, après le meeting du 21 février dernier, semble avoir pris désormais l’option d’aller au bout de ses ambitions. “ Il est apparu aujourd’hui que le pouvoir des colonels, qui ont usurpé la victoire du Peuple, perpétue les pratiques d’une gouvernance chaotique combattues au prix du sang des martyrs tombés sous les balles assassines…’’, lit-on dans une déclaration.
La confiance est totalement rompue entre les autorités de la transition et le M5-RFP, Mouvement populaire tombeur du régime de l’ancien Président Ibrahim Boubvacra Kéïta. Applaudis et adulées aux premières heures de la chute d’IBK, finalement, la désulfitions a fini par s’emparer du quotidien du malien lambda après la prise du pouvoir le 18 Août 2020.
Le M5-RFP, face à la démarche solitaire des militaires dans la conduite de la transition, a décidé de prendre les choses en main. Selon la déclaration lue le 6 mars dernier, la Transition a pris des “tournures de plus en plus inquiétantes’’ ce, malgré “les espoirs de changement légitimement nourris par le peuple malien, qui a mené une lutte héroïque de portée historique sous la direction du M5-RFP contre l’ancien régime oligarchique, corrompu et ploutocratique’’.
Selon ladite déclaration, le M5-RFP constate qu’aujourd’hui “le pouvoir des colonels, qui ont usurpé la victoire du Peuple, perpétue les pratiques d’une gouvernance chaotique combattues au prix du sang des martyrs tombés sous les balles assassines de la FORSAT, le tout sur fond de propagation de l’insécurité et d’aggravation des risques de partition du pays.’’
À cela, s’ajoutent également les manquements à la parole donnée et trahison envers les leaders du M5-RFP. D’ailleurs selon le M5-RFP, il existe désormais une jonction des forces du changement et de toutes les victimes des exactions, de l’insécurité, des injustices, des démolitions sélectives d’habitations et des arrestations extrajudiciaires, des citoyens organisés au sein de mouvements contre l’application sans discernement de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale issu du processus d’Alger. À cette allure, dirigeons-nous vers le scénario qui avait milité en défaveur de l’ancien régime ; quand on sait que les forces vives, notamment les victimes trouvent l’occasion de se constituer ?
Pour le mouvement de contestation, “la frénésie du régime militaire met à nue son incapacité à réussir la Transition, tant il peine à réunir les conditions d’une union sacrée des Maliennes et des Maliens, en adoptant seul des initiatives et démarches solitaires notamment dans l’application de l’Accord issu du processus d’Alger’’.
Le processus d’adoption des réformes politiques et institutionnelles et de tenue d’élections transparentes et crédibles souffre, ce qui explique les manœuvres dilatoires pour donner l’impression d’une inclusivité.
En conséquence, le M5-RFP est désormais vent debout contre l’impunité dans les affaires de crimes de sang et exactions contre les populations aux mains nues à Sikasso, Kayes et Bamako et contre la délinquance financière, singulièrement dans les dossiers d’équipements des forces de défense et de sécurité.
Ces leaders dénoncent la recrudescence quasi généralisée de l’insécurité et les attaques terroristes, alors que paradoxalement l’on assiste à une militarisation à outrance de l’appareil politique et administratif de l’État par la junte militaire dans un projet de faire main-basse sur tout le pays.
Par ailleurs, le M5-RFP exige la relecture de l’Accord issu du processus d’Alger au contenu encore inconnu pour une grande frange du Peuple malien pour éviter les risques de partition du pays à travers une application accélérée, sans discernement et à la hussarde dudit Accord. Ils demandent également la réduction du train de vie de l’État par un changement volontariste de la gouvernance des affaires publiques, la mise en œuvre des audits attendus des institutions et des financements publics, une lutte contre la vie chère et la hausse exponentielle des prix des denrées alimentaires, et pour plus de justice sociale.
Dans sa revendication, le mouvement contestataire demande la création des conditions pour la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles par un Organe électoral unique et indépendant pour éviter la prise en otage du processus électoral par la junte militaire.
-mais aussi, ont-ils exigé la dissolution pure et simple du Conseil national de transition ( CNT ) en l’état. Car pour eux, cet organe est “illégal et illégitime’’.
Ces différentes revendications consignées dans une déclaration visent à constituer un cadre fécond de discussion et de mutualisation des initiatives, stratégies et actions à entreprendre pour rectifier la transition en cours, conformément aux exigences et impératifs du changement attendu par le Peuple.
Bourama Kéïta
Source : LE COMBAT