On se rappelle que Tatam Ly, alors Premier ministre, dans le souci d’améliorer la gouvernance politique et économique du Mali, avait pris un texte exigeant que la nomination des Directeurs généraux des établissements publics, fasse désormais l’objet d’un appel à candidatures. Et la personne retenue par un jury mis en place pour la circonstance, était nommée en Conseil des ministres avec une feuille de route clairement définie par le ministère de tutelle.
La mesure, on se rappelle encore comme si c’était hier, avait été saluée par tous les maliens. Cela d’autant qu’elle constituait une véritable révolution, en ce sens qu’elle sonnait la fin des nominations par complaisance et par copinage. Autrement dit, le recrutement des DG par appel à candidatures allait permettre de mettre désormais les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Et c’est peu dire. Car, personnellement, on connais beaucoup de DG qui ont mouillé le maillot, si bien que les Conseils d’administration ont dû renouveler leur contrat au bout de trois ans, comme cela est prévu par les textes en vigueur. On en connaît aussi qui ont été remerciés pour mauvais résultats. Ce qui a permis de faire appel à de nouvelles compétences qui ne manquent pas d’ailleurs dans le pays. En tout cas, comme, la mesure de recrutement des DG par appel à candidatures permet d’éviter une certaine instabilité dans notre administration. Il faut le dire parce qu’au Mali, chaque ministre qui est nommé, vient avec ses hommes si bien qu’à chaque remaniement ministériel, on assiste à des départs et à des arrivées. Toute chose qui, il faut le dire, plombe le fonctionnement de notre administration dont la modernisation est inscrite en lettre d’or, dans l’agenda du pouvoir en place.
Le changement doit s’inscrire dans le bon sens
Mais, c’est comme on a l’impression que les autorités actuelles sont en train de remettre en cause ce principe qui consiste à recruter les DG par appel à candidatures. La preuve est que certains DG, comme ceux du Centre National de Recherche et d’Expérimentation en Bâtiment et Travaux Publics (CNREX-BTP) et de la Cellule de Planification et de Statistique du Secteur Administration Territoriale, Fonction Publique et Sécurité Intérieure (CPS/SATFPSI), pour ne citer que les deux, ont été directement nommés en Conseil des ministres. Aucun appel à candidatures n’a été lancé à cet effet. Il en est de même pour l’Aéroport qui attend incessamment d’être pourvu d’un nouveau DG. Et tout porte à croire qu’il sera aussi nommé. Car, en principe, les appels à candidatures se font au moins trois mois avant la fin du mandat du DG sortant. Ce qui n’a pas été fait dans tous les cas cités. Et il y a bien d’autres DG dont les mandats s’épuisent dans un ou deux mois sans que l’on n’entende parler de leur succession par appel à candidatures. Franchement, on ne comprend plus rien. Si le pouvoir d’IBK ne veut plus de la mesure, qu’il ait le courage d’abroger le texte pour que l’opinion sache désormais à quoi s’en tenir. À notre avis, cela serait plus élégant que de passer le temps à piétiner un texte qui, officiellement, reste en vigueur. Seulement, on dit à qui veut l’entendre. Par cette manière de faire, nous sommes en train d’opérer un grand recul. Certes, Oumar Tatam Ly a été démis par IBK, mais ayons l’humilité de reconnaître que tout n’était pas mauvais sous son règne. Il convient, à notre avis, de prendre ce qui était bon sous son règne et de se débarrasser des travers. C’est ce qu’on entend personnellement par le slogan « plus rien ne sera comme avant ! » Car, le changement doit s’inscrire dans le bon sens. Si tel n’est pas le cas, il s’agit plutôt d’un recul ou de regrets.
Youssouf Konaré