Le Groupe de recherche en économie appliquée et théorique (GREAT) a présenté, hier mercredi, les résultats de l’enquête Afrobaromètre sur ‘’les impacts et séquelles de la crise et du conflit du nord au Mali’’. L’atelier de dissémination s’est déroulé, à l’hôtel Olympe, sous la présidence du Directeur exécutif de GREAT, le Pr Massa COULIBALY. C’était en présence des responsables de GREAT et des représentants de plusieurs structures.
Cette enquête Afrobaromètre s’est déroulée sur le terrain entre le 8 et le 25 février 2017, auprès 1 200 adultes de nationalité malienne. Elle traite les impacts et les séquelles de la crise et du conflit au Nord de notre pays. L’enquête s’est intéressée à la manière dont les ménages ont été affectés globalement et en termes d’abandon de maison, de perte d’emploi ou de changement d’occupation, d’effets psychologiques ou encore de prise en charge de personnes déplacées internes (IDP).
Aussi, l’intégrité territoriale et les séquelles de la crise et du conflit ont été traitées sous l’angle des impacts sur le pays dans son ensemble et de l’évaluation de l’utilité des Forces armées quant au recouvrement de l’intégrité territoriale et enfin sous l’angle des perspectives du rôle et de la performance des Forces armées maliennes (FAMa).
Les résultats présentés par Boubacar BOUGOUDOGO dévoilent qu’au moins 2 personnes sur 5 ont migré du Nord vers le Sud et au-delà ; plus de la moitié des ménages du Nord a vu ses affaires détruites ou fermées ; plus de deux tiers des ménages de Tombouctou et Kidal ont connu des intimidations et menaces et 2 ménages sur 5 ont pris en charge des déplacées à Gao contre 1 sur 10 ailleurs en moyenne.
Il ressort de cette enquête que 3 principales séquelles sont redoutées par les Maliens. Il s’agit de la perte d’une partie du territoire (38%), plus de conflits interethniques (25%) et la perte de l’unité nationale (20%).
En plus des 3 régions du Nord, la région de Kayes est majoritairement d’avis que le Mali sera amputé d’une partie de son territoire, alors qu’à Kidal et à Gao les populations pensent majoritairement que notre pays perdra son unité nationale.
Quant à Tombouctou, plus de 4 personnes sur 5 pensent que le pays gardera son unité nationale.
L’enquête souligne que 9 Maliens sur 10 jugent très utiles les FAMa pour le recouvrement de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale, alors que pour deux tiers des Maliens les FAMa ne reçoivent pas toujours la formation et le matériel nécessaires pour être plus efficaces. Aussi, beaucoup de Maliens sont d’avis que la Minusma, la Force Barkhane et les mouvements d’autodéfense peuvent être aussi utiles.
Toujours comme impacts de la crise, il ressort qu’un Malien sur huit a vu ses affaires détruites ou fermées alors qu’un Malien sur sept a perdu son emploi ou changé d’occupation.
Les régions du nord ont été les plus affectées avec 9 personnes sur 10 qui ont été victimes de la crise. Il est à préciser que les hommes ont plus souffert des impacts de la crise que les femmes.
« La crise a eu un impact psychologique sur un Malien sur quatre, soit 22% sous forme d’intimidations ou menaces et 115% témoins de blessures ou de tueries. A Kidal, ce sont 3 Maliens sur 4 qui sont victimes d’intimidations ou menaces et 100% témoins de blessures ou de tueries », précisent les résultats.
Les résultats de cette enquête Afrobaromètre montrent que les perspectives sont nettement différenciées selon les régions aussi bien s’agissant des impacts de la crise que de ses séquelles.
Pour la sortie de crise, il a été proposé de prendre en compte les particularités régionales pour plus d’unité nationale, de paix et de sécurité dans le pays. Aussi, il a été signalé la nécessité de faire l’unité autour des FAMa pour plus d’efficacité et de sacrifice en leur faveur.
Rappelons que Afrobaromètre est une série comparative des enquêtes nationales qui mesure les attitudes publiques envers la démocratie, la gouvernance, l’économie, le leadership, l’identité ainsi que d’autres questions y afférentes. Son objectif est de donner au public une voix dans les processus de prise de décision politique en fournissant des données de haute qualité aux décideurs, aux organisations de la société civile, aux académiciens, aux médias, aux bailleurs et investisseurs, ainsi qu’aux Africains ordinaires. Au Mali, le partenaire national de la mise en œuvre de l’enquête Afrobaromètre est le Groupe de recherche en économie appliquée et théorique (GREAT).
PAR MODIBO KONE
Source: info-matin