Des centaines de personnes en colère après l’annonce du report dans certaines régions de l’élection présidentielle de dimanche ont manifesté jeudi 27 décembre à Béni dans le Nord-Kivu en République démocratique du Congo entraînant des scènes de violence et le saccage d’un dispensaire qui s’occupait de la lutte contre le virus Ebola. La tension reste vive aujourd’hui.
Au moins une centaine de personnes agitant des drapeaux congolais ont défilé sur le boulevard principal de Béni pour protester contre le report des élections. Un dispensaire s’occupant de lutter contre le développement du virus Ebola, particulièrement actif dans cette région d’Afrique centrale, a été dévasté entraînant une suspension des activités de lutte contre la maladie dans le territoire de Beni.
Selon une personne travaillant dans le dispensaire interrogé par Top Congo « Les manifestants ont saccagé le centre de traitement d’Ebola situé près du bureau de la riposte à Beni et ils veulent aller saccager un autre. Les malades se sont évaporés », ce qui peut entraîner des risques accrus pour la population locale.
Une des raisons pouvant expliquer la destruction de ce dispensaire est le fait que la commission électorale a cité l’épidémie actuelle d’Ebola parmi les raisons du report des élections au mois de mars prochain dans plusieurs régions, à Beni, à Butembo à l’est ou à Yumbi, à l’ouest.
La Police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants mais la tension reste vive encore ce vendredi. Clovis, interrogé par RFI explique qu’il veut que la Céni revienne sur son report : « Pourquoi nous avons été dans la rue ? Juste pour dire à Corneille Nangaa qu’il modifie sa décision et que dimanche nous allons voter comme tous les Congolais. Il y aura élection à Béni ».
Le successeur du président Joseph Kabila devant être assermenté le mois prochain, il semble que les votes de plus d’un million de personnes pourraient être ignorés. Mais dans une interview avec la BBC, M. Kabila a insisté sur le fait que reporter le vote après l’annonce du résultat final était légal. Ne vous inquiétez pas, la loi prend en compte de tels problèmes, a déclaré M. Kabila sans préciser exactement comment les choses se dérouleront. Aucun parti de l’opposition n’a contesté la décision devant les tribunaux de crainte que cela ne compromette le bon déroulement du scrutin prévu dimanche.
Dans le même temps, le ministère des Affaires étrangères du pays a annoncé l’expulsion de l’ambassadeur de l’Union européenne à Kinshasa, le Belge Bart Ouvry, en précisant qu’il avait 48 heures pour partir. L’Union Européenne « déplore cette décision et la juge totalement injustifiée (…) A la veille d’élections très difficiles en RDC, une telle décision ne peut être considérée que comme contre-productive« , a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’UE. Le Gouvernement de RDC a expliqué que cette décision s’inscrit dans le cadre de la réciprocité après que L’UE ait décidé le 10 décembre dernier de prolonger pour un an les sanctions, dont le gel des avoirs et l’interdiction de se rendre en Europe, visant 14 responsables du régime du président congolais Joseph Kabila accusés de violations des droits de l’homme. Dans les personnalités visées se trouve, Emmanuel Ramazani Shadarydont candidat de l’élection présidentielle.
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