«J’ai décidé de démissionner de l’ensemble de mes fonctions avec toutes les conséquences : la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale». C’est en substance les propos qui consacrent la fin du régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta, à plus de deux années du terme de second mandat. Mais l’autre conséquence de droit de son acte pourrait être son éventuelle poursuite pour haute trahison. Pas forcément pour des faits en rapport avec ses 7 années de gestion du pouvoir, mais pour abandon de ses fonctions en violation flagrante de la constitution. Selon les textes fondamentaux sur lesquels il a prêté serment par deux fois, le président de la République est assuré également la continuité de l’Etat et est doté pour ce faire des attributs de garant du fonctionnement des institutions. Démissionner en dissolvant l’assemblée nationale et le gouvernement, sans s’assurer des mécanismes mis en marche pour la continuité de l’Etat, est un manquement évident aux violations évidentes de la responsabilité dont il est investi par la constitution, donc une violation de celle-ci et de son serment. Il est à rappeler qu’ATT, qui n’avait échappé que de justesse à une poursuite pour haute trahison, avait démissionné en son temps mais après l’assurance que la vacance du pouvoir est prise en charge dans la normalité institutionnelle.
Le États-Unis remettent timidement le couvert
Le pays de Donald Trump suspend toute aide militaire a notre pays jusqu’à nouvel ordre. Cette décision fait suite à la rupture anticonstitutionnelle du mandat présidentiel par rapport à laquelle les officiels américains avaient prévenu depuis les tout premiers appels à la démission d’IBK et de son régime par le M5-RFP. Toute interruption forcée d’un pouvoir politique légitime est assimilable à un coup d’Etat, avait en son temps averti en son temps l’ambassadeur des Etats-Unis à Bamako, dont le pays s’était illustré en 2012 par l’exécution d’une menace similaire. En dépit de la démission d’ATT à l’époque – au nom du retour à l’ordre constitutionnel -, les projets du Millenium Challenge ont connu une brusque interruption au Mali au grand dam des travaux d’extension de l’Aéroport Senou, entre autres. Les enjeux du malaise actuel paraissent beaucoup plus importants au regard des apports attendus des Etats-Unis dans le cadre du G5-Sahel, mais il semble que le pays de l’Oncle Sam se montre beaucoup plus souple avec les putschistes du CNSP qu’à l’époque du Cnrdre. Wait and see !
Les traces de Soumaïla Cissé retrouvées par la Croix Rouge
Les cris du cœur en faveur du chef de file de l’opposition ont eu un retentissement très encourageant, la semaine dernière. Une lettre de l’illustre otage est parvenu à sa famille par le biais des services de la Croix Rouge Internationale, prouvant ainsi les signes de vie du président de l’Urd enlevé à Nianfunké en pleine campagne électorale des législatives. L’épisode intervient à contre-courant du pessimisme affiché par sa famille politique, engagée dans une campagne d’exploitation politique à briser tout espoir chez les parents et proches du chef de file de l’opposition. La situation confirme, en revanche, la situation décrite dans notre précédente parution où il est rapporté que le chef de l’opposition connaît une détention relativement paisible et jouit d’un traitement normal avec des faveurs comme l’accès aux activités sportives, au suivi médical ainsi qu’aux informations à la radio. Le même élément mentionne que sa libération demeure toutefois tributaire de celle de djihadistes multi-récidivistes détenus dans les prisons maliennes et sur lesquels l’international est très regardant.
Exit les demandes d’autorisation à manifester
Le M5-RFP n’a pas dérogé à son habitude de drainer monde à la Place de l’Indépendance à l’occasion de chaque appel au rassemblement de ses militants. Après la chute du régime suite à la démission d’IBK, ces derniers se sont à nouveau massivement retrouvés pour savourer la coupe de leurs efforts conclus par la chute du président de République, au bout d’une longue série de manifestations. Ceci à quoi le mouvement anti – IBK a dérogé, par contre, c’est une autre tradition bien ancrée, qui consiste à se doter d’une autorisation de manifester à chaque sortie auprès du Gouverneur de Bamako. Aussi, l’a-t-il toujours obtenue même même après qu’il l’ait utilisée à des fins de désobéissance civile et de troubles à l’ordre public. Mais la toute dernière manifestation de soutien à la junte s’est apparemment déroulée sans cette formalité. Or la démission d’IBK et de son régime n’entraîne pas la suspension des autorités chargées de délivrer les autorisations à manifester.