A travers un point de presse qu’ils ont animé hier, jeudi 1er novembre 2018, dans la salle de réunion du siège national du parti, les responsables de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) ont exprimé leur opposition à l’avant-projet du redécoupage territorial du Mali. C’était sous l’égide du Professeur Salikou Salikou Sanogo, 1er vice-président du parti, en présence de plusieurs autres cadres dont Me Demba Traoré.
Le parti de la poignée de mains s’ajoute dans le lot des contestataires du projet de découpage administratif. « Nous exprimons notre opposition au projet de découpage administratif, projet Ag Erlaf », introduit Me Demba Traoré, avant de tacler le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation : « Nous l’appelons projet Ag Erlaf parce que tout ce qui est mauvais dans ce pays et qui est projet, c’est bien de lui, Mohamed Ag Erlaf ».
Quant au 2ème responsable du principal parti de l’Opposition, il ne mâche ses mots. Dans sa déclaration, il fustige l’attitude du gouvernement pour sa tentative de découpage territorial unilatéral et non concerté. Ce qui a, selon lui, poussé les populations de chaque zone géographique à réclamer leur circonscription administrative ou leur collectivité territoriale. Toute chose qui exacerbe les replis identitaires et porte gravement atteinte à la cohésion sociale.
Pour le parti de Soumaila Cissé, une question aussi importante que le découpage territorial ne doit être, en aucune façon, abordée avec « amateurisme et précipitation ». Mieux, il estime même que la légèreté blâmable avec laquelle le projet a été conçu a suscité déjà sur toute l’étendue du territoire des manifestations de rejet qui divisent les enfants du Mali, compromettent dangereusement le très « fragile » processus de paix et de réconciliation nationale.
Pour le conférencier, sans dialogue politique, le gouvernement prévoit des concertations régionales autour du projet déjà plus que contesté. « La décision incongrue et empressée de procéder en catimini à des pseudos concertations régionales, dont les contours sont méconnus de tous les acteurs concernés, n’est ni plus ni moins que la volonté affichée du régime de faire du projet initié une camisole de force », dénonce l’ancien ministre de l’Education.
Pour l’URD, il faut impérativement le dialogue inter-malien. « Au-delà de tout, l’Urd estime que notre pays doit à présent entamer une dynamique nouvelle, par un dialogue inter-malien fécond visant à forger un consensus national entre tous les fils de ce pays, à travers leurs représentants dûment mandatés et non choisis par l’administration autour des réformes, de la restauration de la paix et de la stabilité sur l’ensemble du territoire », laisse-t-il entendre.
L’URD n’approuve pas le projet de redécoupage territorial
Selon les conférenciers, la position de l’URD est claire quant à ce projet qu’ils nomment « projet Ag Erlaf » : le rejet en bloc car il contient trop de failles. « L’URD, rappelant son attachement indéfectible aux valeurs de la République, à la laïcité de l’Etat, à l’intégrité territoriale et à la souveraineté du Mali, n’approuve ni la forme ni le fond du projet proposé », déclare le 1er vice-président. Il n’en décolère pas et ajoute : « L’URD exige le retrait de ce projet de la division et un véritable dialogue sur toutes les préoccupations du moment liées au processus électoral et aux autres réformes, comme cela a été toujours proposé par notre Parti, c’est-à-dire procéder à une concertation large et inclusive sur toutes questions induites par la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger ».
Avant de terminer, le professeur Sanogo et ses collègues ont dénoncé la prise en compte par le gouvernement des conclusions de la Mission d’observation de la CEDEAO.
Boureima Guindo
Source: Le Pays