Le site Kibaru, premier du genre à diffuser des informations en français et en arabe, a interviewé le poète malien Abdel Mounhim Hassan, participant à la huitième édition du concours « Prince des poètes arabes » qui se tient à Abou Dhabi, la capitale des Émirats arabes unis. C’est la plus grande compétition de poésie dans le monde arabe. Grâce un entretien à bâton rompu mené par le journaliste Housseyne Ag Issa, le poète Abdel Mounhim Hassan a confirmé que les vidéos les plus populaires de poésie publiées sur Internet faisaient partie du concours « Prince des poètes » de la saison précédente et celle en cours. Avant d’assurer que sa décision de participer à ce concours n’est pas venue de manière accidentelle, mais après un suivi intensif de l’émission depuis la première saison. Ci-après l’intégralité de l’entretien.
Kibaru: En tant que jeune poète malien n’ayant pas suffisamment d’expérience dans les compétitions internationales, comment es-tu parvenu à participer à la compétition « Prince des poètes »? Peux-tu partager avec nous le parcours que tu as suivi jusqu’à Abu Dhabi?
Abdel Mounhim Hassan: Le concours « Prince des poètes » a connu sept saisons couronnées de succès. Beaucoup de poètes de renommée y ont participé. Tous les amateurs et tous ceux qui recherchent une belle poésie étaient nombreux à suivre cette compétition. D’ailleurs, les vidéos les plus populaires de poésie publiées sur Internet faisaient partie du concours « Prince des poètes » de la saison précédente et celle en cours. Ma participation à cette compétition n’était pas le fruit d’une coïncidence, mais elle est venue après un programme de suivi intensif et une anticipation des saisons depuis la première édition. Pour ce qui est de l’acceptation de ma candidature, j’ai envoyé un courrier électronique au programme « Prince des Poètes » après l’annonce de l’ouverture de la participation à la huitième saison. Puis j’ai fait un passage devant le jury pour être auditionné, avant d’improviser une scène. Voilà le processus que j’ai suivi pour me hisser à la huitième édition de cette compétition. Ce n’était pas du tout facile, mais avec mon enthousiasme et l’amour que j’éprouve pour la poésie, les choses se sont bien passées.
Tu participes à la plus grande compétition de poésie dans le monde « Prince des poètes ». Peux-tu nous raconter cette expérience en tant qu’Africain issu d’une zone où l’arabe n’est pas la langue dominante ?
Abdel Mounhim Hassan: L’Autorité d’Abou Dhabi pour la Culture et le Patrimoine a présenté le Concours « Prince des poètes » pour dénicher les talents cachés et mettre en lumière les poèmes et les poètes du monde entier. L’expérience de la participation à ce programme célèbre est un tournant dans la vie de tout poète. Grâce à l’interaction des amateurs de poésie en Afrique avec ma participation, je t’avoue que mes attentes ont été largement comblées. J’ai agréablement été très surpris et je me suis senti endosser une responsabilité envers le public. En tant que poète africain, nous avons aussi des idées et des sentiments à exprimer. Et à cet effet, la langue ne constitue plus une barrière, mais une richesse inestimable. Le poète et l’artiste peuvent ajouter à la peinture générale ses propres couleurs. Je pense avoir fait un poème avec une dimension africaine, mais il est inséparable des espoirs de l’homme partout dans le monde. Le public africain l’a reçu avec un sentiment d’ouverture et l’a considéré comme un poème qui appartient à son horizon.
Y a-t-il une différence entre les jeunes poètes et leurs aînés, comme avec les époques ? La créativité n’a-t-elle pas d’âge ni de temps?
Abdel Mounhim Hassan: Le temps de la créativité est différent de celui au sens dominant du terme. Si l’âge des objets est mesuré selon un motif vertical ascendant, la créativité est mesurée de manière horizontale non-variante, telle que l’éternité. Je ne veux pas aborder la question par une dimension philosophique et je me résumerai en une phrase: le temps du poète est toujours présent et le texte est jeune avec la vitalité et la fraîcheur. Il n’y a donc pas de différence entre un jeune poète et un vieux à cet égard, car l’art provient de l’âme et de la conscience qui ne sont pas soumises aux lois du temps.
Fermez les yeux et écoutez une chanson jouée à la guitare, par exemple, et demandez-vous si ce musicien est jeune ou vieux? Vous ne serez sûrement pas en mesure de distinguer ou de savoir tant que les mélodies couleront et vous porteront à l’éternité.
C’est pour la motivation générale de la créativité.
Sur le plan de la vision, il y a une nette différence entre le jeune poète et les personnes âgées. La première catégorie est plus sensible et plus agitée alors que la seconde est plus profonde et attirante.
D’une manière générale, l’on constate que dans le continent, le goût de la lecture a considérablement diminué, surtout vis-à-vis de la littérature arabe. Es-tu dans le besoin de lire et d’être suivi uniquement par le public arabe ou veux-tu atteindre le sommet par le biais de la langue des opprimés?
Abdel Mounhim Hassan : Je ne suis pas d’accord avec vous – et permettez-moi – le continent ne stagne pas, bien au contraire. La culture arabe suscite un intérêt vif et remarquable. Si nous observons la situation de plus près, nous verrons des écoles et des universités arabes délivrer des diplômes à des centaines d’étudiants en arabes. Il n’y a pas que les études islamiques et les sciences de la langue arabe, mais des efforts sont consacrés à d’autres domaines de la culture arabe tels que la philosophie, la sociologie, l’histoire, la critique littéraire, les sciences nouvelles et d’autres produits de la pensée arabe. J’appelle tous les amoureux de la langue arabe de notre continent à renouveler l’alliance dans cette langue et à diversifier les réceptions ainsi que les lectures dans d’autres domaines.
En ce qui concerne la deuxième partie de votre question, je dis que le suivi et l’interaction reçus de notre continent modifient l’horizon des attentes.
Avant de vous qualifier pour cette étape et après les opinions du jury sur votre poème qui a été très apprécié, quels sentiments vous ont-ils animés et quelle est votre impression sur le Comité?
Abdel Mounhim Hassan : Le jury du concours « Prince des poètes » a ses propres critères que le public ne partage pas forcément. Mais il est clair qu’il inclut un professeur émérite qui a longtemps vécu dans l’univers littéraire et qui possède de nombreux ouvrages qui constituent des références importantes dans la bibliothèque arabe. Le poème diffère d’une personne à l’autre et chacun a son goût. En ce qui concerne mon impression, je l’ai oubliée après avoir vu celle du public vis-à-vis des différentes poésies, de leur soutien et de leurs encouragements.
Après la qualification à la prochaine étape qui indique clairement que le public a son mot à dire, espérez-vous atteindre la finale de cette compétition et pensez-vous que les sites et les réseaux sociaux ont contribué à votre qualification?
Abdel Mounhim Hassan : Sans aucun doute, je me qualifierai s’il plait au Bon Dieu et au public. Tout est actuellement entre les mains du public et nous avons tous vu sa volonté et son insistance pour que son poète continue à s’exprimer et tente de mettre en lumière les préoccupations et les imaginations.
Ma relation avec le public sur les réseaux sociaux n’est pas moins importante que la réalité et la plus grande preuve à cet égard est que vous menez un entretien avec moi grâce à notre connaissance à travers ces canaux.
Enfin, quel est votre message à votre public?
Abdel Mounhim Hassan : Vous m’avez beaucoup témoigné votre soutien et vos encouragements. Je suis convaincu que vous en ferez plus et j’espère vraiment être à la hauteur de votre confiance et de votre goût.
Je vous aime et je vais essayer de renforcer notre relation à la lumière de la connaissance, de la poésie, de la bonté, de la vérité et de la beauté.
Kibaru