Dans le cadre de l’élection présidentielle, des milliers d’observateurs nationaux et internationaux sont déployés dans le pays. Si leur mission première est d’observer le déroulement du scrutin de façon impartiale et indépendante et d’en faire une évaluation objective au regard des standards internationaux en matière d’élection libre, démocratique et transparente, on est en droit de s’interroger aujourd’hui sur l’opportunité et la crédibilité de ces témoins privilégiés du vote dont certains ne sont plus que des boîtes de résonnance.
Ils sont plusieurs groupes d’observateurs nationaux et internationaux déployés sur l’ensemble du territoire national pour l’observation du scrutin présidentiel dont le premier tour a eu lieu le 29 juillet dernier. Parmi ces groupes d’observateurs, on peut citer Le Pool d’observation citoyenne du Mali (POCIM) avec 2000 observateurs, la Mission d’observation électorale de l’UE (MOE UE) avec environ 100 observateurs, la mission d’observation électorale de l’Union africaine (MOEUA) composée de 49 membres, la mission d’observation électorale de la diaspora africaine avec au total 20 observateurs, la COCEM avec ses 1160 observateurs, la mission d’observation électorale de la CEDEAO composée de 171 membres, Caritas-Mali qui a déployé 513 observateurs, la mission d’observation électorale de la francophonie, etc.
A l’issue du premier tour du scrutin présidentiel, la presse nationale et internationale a été mise à contribution pour relayer les déclarations de tous ces groupes d’observateurs. Si le langage est identique et les recommandations et récriminations convergentes, que valent ces voix ? Que peuvent-elles changer dans un contexte tendu ?
Le jour du vote, la présidente de la cour constitutionnelle, Manassa Dagnoko jetait déjà le discrédit sur cette armée d’observateurs. « Nous ne recevrons aucun observateur. Personne ne viendra nous dire ce qu’il faut faire… », lançait-elle. Une déclaration qui en dit long sur le rôle et la place de ces pools d’observateurs dans le processus électoral face aux lois nationales et surtout la souveraineté du pays.
Le porte-parole du candidat IBK, Mahamadou Camara, dans un twitte a réagi au communiqué en date du 07 août 2018, de la mission d’observation électorale de l’UE, affirmant que : « La mission d’observation de l’UE sort de son rôle qui est celui d’observateur. Elle ne peut imposer au Mali des règles qui dépassent le cadre de la loi malienne. Force doit rester au droit et au respect de la souveraineté du Mali »,écrit-il.
La mission des observateurs, fut-elle démocratique, n’a de sens que lorsqu’elle arrange tel ou tel camp. Il est aussi à déplorer que certains de ces groupes d’observateurs sacrifient leur mission sur l’autel de l’argent et se transforment en des boîtes de résonnance au service d’un camp. Ce qui est dommage pour les partenaires. Que de millions de nos francs gaspillés pour rien !
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger