« Comment voulez-vous reprocher aux armées partenaires de ne pas être autant coopératives et cohérentes avec l’armée nationale (FAMa), étant donné qu’au même moment, le pays d’accueil qui est le Mali, n’a ni de stratégies dans la durée, ni de vision dans la durée et ni de domaines d’interventions clairement définies », s’interroge le directeur. De nos jours, ces défis doivent, au préalable, être d’abord relevés par les autorités transitoires, ainsi que les élites politiques. Si ça ne tenait qu’à lui, les responsabilités doivent être situées.
Qu’est-ce qui fait que des visions communes ne sont pas dégagées aujourd’hui ? se demande-t-il, rappelant ceci : « Si l’on prend, à titre d’exemple, les deux mandants du président IBK, chaque nouveau premier ministre est venu avec son plan de sécurisation du nord et du centre. Donc, ajoute Dr. Tounkara, l’absence de visions et des stratégies communes dans la durée, voire dans les secteurs ou dans les domaines à partir desquels les partenaires doivent s’inscrire va de soi qu’on assiste à un embouteillage en termes d’actions militaires ».
Une situation qui, à ses dires, incombe à un commandement militaire et à l’élite politique malienne. La montée en puissance des sentiments anti politique française au Mali s’explique, pour lui, par la méconnaissance de la nature et de la modalité d’intervention des troupes françaises au Mali, et au sahel de façon générale. Le mandat de la Barkhane est méconnu par un nombre important des acteurs qui demanderaient ce départ. En clair, le directeur du centre des études sécuritaires et stratégiques au sahel estime que le contenu du mandat caractérisant cette présence est ignoré par pas mal de gens. Même si les efforts fournis se poursuivent par Barkhane, il souligne que les attentes des populations en termes de l’offre et de la sécurité ne sont pas comblées. L’expression de ces sentiments contre la présence de ces troupes s’explique, selon ses précisions, par la non-visibilité d’un certain nombre de victoires remportées par la Barkhane.
En tout état de cause, il demeure sûr que tout départ prématuré de ces militaires pourrait conduire le pays dans l’impasse, voire dans une situation chaotique. « La France n’est pas au Mali et au sahel pour l’éternité. Son départ sera tôt ou tard d’actualité un jour. Mais vouloir demander ce départ immédiat sans évaluer le contexte et toutes ces menaces sécuritaires pourrait être fallacieux pour pas mal de localités du pays ». Parce que, annonce-t-il, l’élite militaire et politique du Mali « n’ont aucune alternative à court terme susceptible de remplacer de façon efficace et efficience, cette présence française, quand la Barkhane plie ses bagages ». Pour ceux qui ne le savent, ce départ prématuré de ces miliaires pourrait, d’après lui, être plus grave que la situation connue par le Mali en 2012. D’ailleurs, il trouve « urgent » que les autorités de la transition demandent davantage des actions communes avec les partenaires du pays.
Sous ses yeux, il serait, de nos jours, plutôt judicieux de demander à la France d’engager des actions en parfaite collaboration et coopération militaire avec le Mali. Face à des contestations liées à cette présence, le directeur Tounkara clarifie sa position : « C’est au gros commandement militaire, à l’élite politique malienne de définir des visions communes ; des stratégies communes ; des domaines d’interventions clairement identifiées, voire des visions de stratégies. Une fois dégagées ces positions, il va de soi que ces partenaires s’inscrivent dans ces visions et stratégies communes. Surtout le domaine dans lequel le Mali attend cette intervention ».
Mamadou Diarra
Source: Journal le Pays- Mali