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Pourquoi les dissidents kidalois doivent signer l’accord d’Alger

Si les appels lancés en début de semaine dernière ont été favorablement accueillis, c’est ce mardi 10 mars 2015 que s’ouvre à Kidal une rencontre des chefs politiques et militaires du MNLA et du HCUA pour dégager une position commune et, on l’espère, définitive sur le projet d’accord de paix et de réconciliation au Mali issu des pourparlers d’Alger.

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A Bamako comme dans les capitales qui abritent les gouvernements et institutions impliqués dans la recherche d’un règlement pacifique de la crise au nord de notre pays, cette réunion sera suivie avec un intérêt d’autant plus soutenu que de son résultat dépendra le retour de la paix tant désirée ou , a contrario, la reprise des hostilités non souhaitée.

Plusieurs facteurs incitent à l’optimisme. A commencer par le texte qui a sanctionné le dialogue inter-Maliens et déjà paraphé par le gouvernement et les groupes armés constitués pour défendre l’unité et l’intégrité territoriale du Mali. Il n’est pas modifiable. On ne peut ni y ajouter ni y retrancher quoi que ce soit. Pas même une virgule. Il s’agit donc de le valider en l’état ou le rejeter purement et simplement.

Opter pour le second terme de l’alternative, après avoir participé huit mois durant aux discussions d’Alger, ferait apparaitre les dissidents kidalois pour des irresponsables achevés et ruinerait le peu de crédit qu’ils peuvent avoir auprès de la communauté internationale. Laquelle n’a ménagé ni son temps, ni son énergie ni ses moyens humains et financiers pour accompagner et faire aboutir le processus de paix.

Qui plus est, cette communauté internationale a déjà fait savoir tout le bien qu’elle pense de l’accord élaboré dans la capitale algérienne. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, l’a salué comme  » un progrès notable « . La France a exhorté les rebelles kidalois à le signer au plus vite. Le groupe PPE du Parlement européen a félicité la médiation algérienne pour le succès accompli. L’Allemagne, la Chine, l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) la Ligue des Etats arabes se sont réjouies du paraphe de l’accord par le gouvernement malien et les groupes armés acquis à la cause nationale.

Haut Représentant de l’Union africaine au Mali et au Sahel (MISAHEL) Pierre Buyoya a déclaré que ce sont  » tous les Maliens qui gagnent si l’accord est signé par toutes les parties « .

Autant dire que l’unanimité est faite autour de cet accord à l’échelle mondiale. L’ignorer ne serait pas seulement contre-productif. Ce serait stupide, voire suicidaire.

Autre facteur sur lequel les participants à la réunion de Kidal ne peuvent faire l’impasse. Ces dernières semaines, la preuve a été administrée que le MNLA et le HCUA ne sont pas des foudres de guerre. Leur projet de sortir du cocon kidalois et d’étendre leur contrôle sur les régions de Gao et Tombouctou pour mieux conforter leur revendication fédéraliste a été non seulement tenu en échec par les forces patriotiques de la Plateforme, mais il s’en est suivi une vigoureuse contre-offensive qui, si elle n’avait pas été stoppée par la MINUSMA, aurait conduit à la libération de Kidal tombée sous le joug des séparatistes depuis un certain 21 mai 2014 de triste mémoire.

Ajoutons-y, enfin, que la population de Kidal n’a jamais adhéré au projet sécessionniste du MNLA et du HCUA que sous la menace de représailles qui peuvent être féroces comme en témoignent les exécutions par balles ou décapitations à l’arme blanche de personnes soupçonnées de collaborer avec les services de sécurité du Mali. Voire en certains cas avec l’Opération Barkhane.

Cette population qui, depuis des siècles, vit en parfaite harmonie avec les autres composantes de la société malienne, ne se reconnait et ne s’identifie qu’à un seul référent : l’Aménokal. Et celui-ci a tenu, ces derniers jours, à lever toute ambigüité :  » Je suis Malien. Kidal est malien et ne réclame ni indépendance ni même autonomie « .

Les discussions d’Alger ? Voici ce que Mohamed Ag Intalla, le référent suprême des Touareg de l’Adrar des Ifoghas en dit :  » Ce sont des discussions entre Maliens pour trouver une paix durable pour que dans un an, dans deux ou trois ans, on ne parle plus à nouveau de guerre…  »

C’est dans cet esprit que l’accord d’Alger a été conçu et rédigé. Il prévoit une nouvelle architecture institutionnelle qui permettra aux collectivités territoriales de se doter d’organes élus au suffrage universel et de gérer elles-mêmes leurs affaires sur la base du principe de la libre administration. En même temps, les populations du nord seront mieux représentées dans les institutions nationales et, pour réduire, voire combler le retard des régions septentrionales sur le reste du pays, des politiques spécifiques seront mises en œuvre, avec l’appui de la communauté internationale.

Pour tout dire, l’accord d’Alger, outre qu’il apporte la meilleure réponse à la revendication relative à l’autogestion des populations du nord, ouvre la voie à un approfondissement de la démocratie au Mali dans la mesure où ses dispositions institutionnelles vont s’appliquer à l’ensemble du pays.

Les populations de toutes les régions vont pouvoir désormais s’approprier le pouvoir décisionnel plutôt que de le subir comme c’est plus  ou moins le cas jusqu’ici. Judicieusement mis en oeuvre, le dispositif pourrait faire franchir un saut qualificatif à la démocratie malienne et servir de modèle à d’autre Etats africains.

Ce serait dommage si les dirigeants du MNLA et du HCUA ne le comprenaient pas ainsi pour entrainer notre pays et la sous-région dans une nouvelle spirale d’affrontements meurtriers et dévastateurs.

Saouti L HAIDARA

Source: L’Indépendant
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