A la barre, l’accusé a expliqué qu’ils étaient en conseil discipline chez un sage et tout d’un coup, la victime a sorti une machette par surprise et lui a administré un coup. “Lorsque j’ai pu la lui retirer, je lui ai donné un coup également qui est tombé sur sa tête”, a-t-il déclaré. Le ministère public lui a demandé pourquoi il ne s’est pas échappé lorsqu’il a pu lui retirer la machette. “C’est parce que je n’ai pas pu m’échapper que je lui donné un coup également”, s’est-il défendu. Pourquoi n’avoir pas opté pour autre chose, poursuivi le ministère public. “Quand on est sous pression, surtout en querelle, on n’a pas le temps de réfléchir. On fait seulement ce qui nous vient en tête”, a martelé l’accusé.
Babo Abel Kané, le fils du chef de village a déclaré que c’est après le décès que l’information est parvenue à la chefferie et son père l’envoyé sur le lieu pour en savoir davantage. “C’était une nuit et je n’ai pas remarqué de blessure sur Barasson, mais on n’a pas eu le temps de secourir Daba, car il était déjà décédé”, a-t-il indiqué.
Mèrin Diarra, l’épouse du défunt, a déclaré qu’ils se sont battus dans la brousse et c’est lorsqu’elle partait puiser de l’eau qu’elle a vu son époux baignant dans son sang. “C’est ainsi que j’ai demandé aux jeunes de le secourir, avant d’informer la famille”.
Le président lui a demandé pourquoi ne l’avoir pas amené au centre de santé ? “Le sang coulait trop de sa tête jusqu’à ce qu’il est tombé”, a-t-elle répondu.
Magnan Kané, le grand-frère du défunt, a souligné que personne ne connait le motif de leur bagarre. “Un soir, on est venu m’appeler que Daba vient de se battre avec Barasson et qu’il est gravement blessé. C’est ainsi que toute la famille s’est rendue chez lui. On a voulu lui raser la tête pour pouvoir le soigner, mais il n’a pas voulu. Il a pris la moto tout seul pour se rendre au centre de santé et c’est chemin faisant qu’il est tombé”, a-t-il exposé.
Le ministère public a souligné dans son réquisitoire que dans la plupart des cas, dans les villages, les gens se bagarrent soit à cause d’une histoire de terre, d’animaux ou de femmes, mais qu’il n’en est rien de tout cela. “Personne ne connait le motif de bagarre de ces deux protagonistes. Daba Kanté, avec un âge avancé, marié à deux femmes et plusieurs enfants et Barasson étant un peu plus jeune, il n’y a pas d’antécédent entre eux selon les témoins. Daba Kanté est un vieux comparé à l’accusé. Il avait d’autres possibilités que de riposter de la sorte en attaquant son adversaire au crâne, un organe vital de l’homme. Il pouvait éviter le pire. Il aurait pu s’enfuir parce qu’il avait déjà désarmé son adversaire. Son acte est purement une vengeance parce qu’il avait reçu un coup de son adversaire. Les faits sont clairement établis. Les coups ont volontairement été administrés au crâne. L’endroit choisi était bien réfléchi. Il voulait simplement donner la mort à Daba Kané, sinon il n’était pas en légitime défense comme il tente de nous faire croire. Les débats ont été très limpides, il n’y a aucun doute sur sa culpabilité”, a-t-il requis.
L’avocat de l’accusé a rappelé qu’en tant que croyant, quand on est colère, c’est l’instinct guide. Il a signalé son client n’a pas choisi d’endroit, mais qu’il a agi sous l’effet de la colère.
En ayant la parole en dernier lieu, l’accusé a demandé pardon à la Cour et aux membres de la famille du défunt. Après les débats, Barasson Coulibaly a été reconnu coupable des faits de coups mortels sur Daba Kané. La Cour dans sa sagacité lui a accordé des circonstances atténuantes. De ce, il a pris 5 ans d’emprisonnement.
Les faits. Le 12 avril 2020 à Kindo, cercle de Kolokani, Barasson Coulibaly a donné un coup de machette à la tête de Daba Kané, qui a été le premier à lui donner un coup avec la même arme à son flanc gauche à la suite de la bagarre qui les a opposés à propos de la réparation de la tombe du père de Diola Kané à qui cette réparation a été suggérée par Daba Kané. Quelques heures après Daba Kané a succombé des suites de ses blessures. Ainsi, Barasson Coulibaly a été poursuivi, inculpé et placé sous mandat dépôt le 17 avril 2020 pour coups mortels. L’inculpé, tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur, a reconnu les faits qui lui sont reprochés.
Marie Dembélé
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Jugés pour vol qualifié et complicité :
Modibo Bah dit Moreh et Koni Traoré acquittés
Les inculpés Modibo Bah dit Moreh et Koni Traoré étaient à la barre de la Cour d’assises de Bamako le mardi 5 mars 2024 pour vol qualifié et complicité. Reconnus non coupable des faits, ils ont recouvré la liberté.
Modibo Bah dit Moreh a été le premier à répondre aux questions de la Cour. A l’entame de ses propos, il a nié en bloc les faits, en déclarant : “nous ne sommes pas des voleurs. Tout le monde nous connait chez nous en tant que marchands de bétails. Koni est mon ami d’enfance et ont fait pratiquement tout ensemble. Djanguiné Kamité nous a dénoncés parce qu’il nous envie, sinon nous n’avons rien à voir dans ces histoires de vols et de braquages”.
A travers ses réponses aux différentes questions de la Cour, Modibo a pu démontrer qu’ils n’ont effectivement rien à voir avec cette affaire. Ainsi, le parquet a déclaré que lorsqu’il s’agit de dire la vérité, aucun détail n’est à minimiser. “Une chose est de faire une déposition, mais il revient à la Cour d’apprécier la valeur probante de cette déposition. Concrètement, il n’y a pas d’éléments probants dans cette procédure. En matière pénale, la réputation ne constitue pas d’infraction. Ils sont victimes de leur mauvaise réputation, sinon il n’y a pas d’éléments de preuves contre eux”, a-t-il requis. Suite à ce réquisitoire du ministère public, la défense a plaidé non coupable tout en demandant l’acquittement de ses clients. Après débats, la Cour les a déclarés non coupables tout en les acquittant.
Les faits remontent au dimanche 6 janvier 2019 au village de N’Golobabougou dans les environs de 22 h, Djanguiné Kamité a été victime de braquage dans son domicile. Six (6) individus armés ont fait irruption dans sa résidence à la quête d’argent à dérober. L’un des assaillants a porté son arme sur la tempe de Djanguiné en lui sommant de lui donner l’argent qu’il avait perçu de la vente de ses bétails au marché de Dougabougou.Lorsque Djanguiné a affirmé ne pas avoir d’argent sur lui, les agresseurs se sont mis à fouiller les chambres de la maison avant d’empocher la somme de 365 000 F CFA. C’est lorsqu’ils se sont introduits dans la chambre de la deuxième épouse de Djanguiné que cette dernière a crié à l’aide. Les voisins ayant entendu les cris de détresse ont tenté d’intervenir, mais les agresseurs ont pris aussitôt la fuite en faisant des tirs de sommation.
Au moment de l’action, Djanguiné est parvenu à reconnaitre deux malfrats qui l’auraient suivi lorsqu’il était au marché à Dougabougou. Il s’agissait de Modibo Bah dit Moreh et Koni Traoré. C’est ainsi qu’il a décidé de saisir la gendarmerie de Markala pour porter plainte contre ces derniers.
L’enquête préliminaire a permis l’interpellation des deux suspects ainsi qu’un complice dénommé Guida Diallo. La brigade territoriale de Ségou a pris le relais de la conduite de la procédure et les suspects ont nié en bloc les faits.
D’autres victimes de braquages récents dans les zones périphériques se sont joints à la procédure contre les suspects sans pour autant identifier formellement leur agresseur. Boubacar Samaké a prétendu être dépossédé de la somme de près de 6 millions de F CFA et de son sac contenant des téléphones portables courant décembre 2018. Quant à Hamady Barry, il a affirmé être dépossédé de sa moto Sanily courant 2018 sur la piste rurale reliant Djabougou à Banzaniguilé. En ce qui concerne Yaya Dayon, il a estimé être victime de vol de sa moto plus la somme de 5000 F CFA. Par la suite, une information judiciaire a été ouverte contre Modibo Bah dit Moreh, Koni Traoré et Guida Diallo afin de mieux élucider les faits de vol qualifiés et de complicité.
Marie Dembélé