L’Alliance Ensemble pour le Mali (EPM) en train de se vider alors que sa stratégie après le coup d’Etat consistait à garder le noyau dur en vue de la conquête du pouvoir en 2022. Ainsi, après l’ADEMA/PASJ, l’ASMA/CFP vient aussi de prendre la décision quitter le regroupement politique. Des faits prévisibles bien avant le coup d’État.
L’ancienne majorité présidentielle (EPM) conduite par le président Bocary TRETA peine à survivre au renversement du régime. L’engagement de renforcer la cohésion, l’unité et l’entente au sein du groupe pour la conquête du pouvoir en 2022 semble voler en éclats progressivement. En l’espace de 48 heures, deux partis politiques importants de l’EPM viennent d’officialiser leur départ. En effet, après l’ADEMA/PASJ, c’était au tour du président Soumeylou Boubèye MAIGA de claquer la porte au nom de son parti ASMA-CFP.
‘’Le regroupement politique Ensemble pour le Mali (EPM) a été créé en son temps en vue de la constitution d’une majorité politique destinée à soutenir le Président de la République. La situation politique et institutionnelle actuelle du pays nous conduit à nous engager dans un nouveau cadre de relations’’ souligne la lettre de SBM adressée au Président de l’EPM, Bocary TRETA. C’est pourquoi, explique-t-il, le Parti ASMA-CFP a décidé de se retirer de l’alliance.
Outre l’ASMA-CFP, une autre grande formation politique est dans la dynamique de quitter le navire, selon une source proche de ce parti politique.
Ces décisions sont intervenues alors que l’EPM avait mis en place des commissions de travail dont la mission était de proposer des stratégies afin que le groupe puisse rester ensemble. Cette commission depuis sa mise en place, il y a quelques mois, n’a pas véritablement fonctionné.
Ces démissions risquent de porter un coup sérieux à ce projet. En tous cas, même s’il venait à se concrétiser, l’alliance n’aurait pas la même force.
Cette situation était prévisible bien avant la chute du régime d’IBK. Le groupe était partagé sur la gestion du pouvoir et les frustrations dans le choix des cadres des partis politiques membres de l’EPM dans les postes de responsabilité. Beaucoup de responsables politiques se sentaient exclus, y compris des cadres du Parti présidentiel.
Ces problèmes ont occasionné une guerre à l’interne du groupe. En effet, aucun des 6 Premiers ministres d’IBK n’a bénéficié véritablement de l’accompagnement sincère de l’EPM pour gouverner. Ils ont tous été poussés à la démission : de Oumar Tatam LY à Boubou CISSE.
Le cas de SBM a été une véritable guerre ouverte au sein de l’EPM parce que les partis politiques membres étaient divisés entre son éviction et son maintien.
Les hostilités ont été ouvertes par SBM qui a profité de son poste de chef du Gouvernement pour débaucher des cadres d’autres formations politiques membres de l’alliance. C’était la saignée chez ses alliés politiques. Ainsi, de trois députés au sortir des élections législatives de 2013, l’ASMA-CFP, en l’espace d’une année, s’est retrouvée avec une vingtaine de députés.
Conséquence : le RPM et certains partis de l’EPM ont décidé de faire la guerre contre Boubèye et son parti. La suite est connue : à défaut d’une position uniforme, des députés de la majorité se sont alliés avec ceux de l’opposition pour déposer une motion de censure contre l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye MAÏGA. Ce dernier à la veille du vote de cette motion de censure a jeté l’éponge.
Si SBM a fait semblant de faire le jeu avec la majorité, Abdoulaye Idrissa MAIGA cadre du RPM a, lui, décidé de quitter le parti à cause des frustrations qui ont conduit à sa démission à la Primature.
Selon certains observateurs, ce sont les frustrations et la division au sein de l’EPM qui ont beaucoup fragilité le régime qui ‘’était presque à terre au bout duquel sont venus les mouvements de contestation du M5-RFP.
Après le coup d’État, l’EPM n’est plus qu’une coquille vide. Aucune directive du regroupement n’est véritablement suivie par ses membres. D’ailleurs, certains partis de l’EPM n’ont pas hésité, aux premières heures du putsch, de saluer la junte.
Il faut souligner également qu’après une condamnation de principe de ‘’l’acte du 18 août’’ dernier, certains mêmes de l’EPM se sont alliés aux militaires.
Au regard de ces faits, le problème auquel l’EPM est confronté était prévisible.
« Après avoir été combattue par des cadres du RPM, l’ASMA-CFP depuis quelques années ne se sentait plus en sécurité au sein de l’EPM. Mais, il fallait que l’horizon soit plus clair pour prendre une décision », nous commente une source.
Ces démissions en cascade, en plus de fragiliser l’alliance, vont compromettre le projet du groupe pour la conquête du pouvoir si cher au Président Bocary TRETA.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN