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Plus d’une centaine de civils tués au Mali

Plus d’une centaine d’habitants d’un village peul du Mali ont été tués samedi par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons, près de la frontière avec le Burkina Faso, en pleine visite du Conseil de sécurité de l’ONU dans un Sahel en proie à la menace djihadiste.

 

Depuis l’apparition il y a quatre ans dans le centre du Mali du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs propres « groupes d’autodéfense ».

Ces violences ont coûté la vie à plus de 500 civils en 2018, selon l’ONU.

Samedi à l’aube, c’est un de ces groupes de chasseurs dogons présumés qui a semé la désolation à Ogossagou-Peul, dans la zone de Bankass, près de la frontière avec le Burkina Faso, tuant plus d’une centaine de villageois, selon des sources concordantes.

Une mission composée d’un détachement de l’armée et des autorités locales est arrivée sur place dans l’après-midi, selon une source de sécurité qui a fourni un bilan d’« au moins 105 morts civils ».

« Ce sont les chasseurs traditionnels qui sont accusés par les rescapés », a souligné le préfet de Bankass, Boubacar Kané.

« Le bilan provisoire est de 115 morts, dont les éléments peuls du DDR cantonnés dans le village de Ogossagou », a affirmé M. Kané à l’AFP. Il faisait référence à l’extension au centre du pays depuis le début de l’année du processus de « désarmement, démobilisation et réinsertion » (DDR) prévu par l’accord de paix de 2015 pour les combattants de groupes armés.

Assaillants « habillés en chasseurs »

Ce bilan a été confirmé par le maire de la localité voisine de Ouenkoro, Cheick Harouna Sankaré qui s’est demandé pourquoi l’armée malienne « ne démantèle pas » les camps des groupes de chasseurs.

L’association de défense des droits des populations pastorales Kisal, qui avait signalé des « exactions perpétrées contre la communauté peule par des hommes armés habillés en chasseurs dans le cercle de Bankass », a annoncé un bilan d’« au moins 115 Peuls tués à Ogossagou/Bankass ». Parmi eux, « le chef du village et sa famille, le marabout Bara Sékou Issa et toute sa famille », selon l’association.

Selon des témoins, les cases du village ont été incendiées.

L’attaque se produit six jours après un attentat djihadiste à Dioura, dans la même région mais beaucoup plus au nord, contre un camp de l’armée malienne, qui a perdu 26 hommes, selon un dernier bilan de source militaire.

Dans un communiqué de revendication vendredi, la principale alliance djihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda justifie l’opération de Dioura par les « crimes odieux commis par les forces du gouvernement de Bamako et les milices qui le soutiennent contre nos frères peuls ».

Après avoir été reçus vendredi par le président Ibrahim Boubacar Keïta, les ambassadeurs des 15 pays siégeant au Conseil de sécurité ont rencontré samedi les signataires de l’accord de paix de 2015 puis le premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, avec lequel ils ont notamment évoqué la situation dans le centre du pays, selon l’ONU.

« Violences communautaires exacerbées »

Dans un rapport publié le 5 mars, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres affirme que « les six derniers mois ont enregistré davantage d’avancées que le reste de la période écoulée depuis la signature de l’Accord en 2015 », grâce selon lui à « la pression internationale, notamment la perspective de sanctions ».

Mais « la menace, qui continue de se propager du nord vers le centre du Mali, détourne l’attention de l’Accord et en complique la mise en oeuvre », souligne-t-il.

« Avec l’expansion des groupes extrémistes, qui exacerbe les violences intercommunautaires, la multiplication des explosions touchant les forces de sécurité et les civils et l’accroissement du nombre de personnes déplacées, la situation en matière de sécurité devient plus complexe dans le centre du Mali », selon le rapport.

Interrogé sur la récente recrudescence des attaques djihadistes, dont celle de Dioura, le chef d’état-major français, le général François Lecointre, interviewé cette semaine au Mali par l’AFP et RFI, y a vu « la réaction de quelqu’un qui se sent acculé », après des coups « très puissants portés par [la force antidjihadiste française] Barkhane et ses alliés ».

Le très lourd bilan de l’attaque de Dioura a provoqué l’ire des familles de militaires maliens, bien que le gouvernement ait décrété un deuil national de trois jours à partir de vendredi et que le président Keïta ait prévenu les chefs de l’armée qu’« aucune négligence ne saurait plus être tolérée ».

Des centaines d’épouses et d’enfants de soldats ont ainsi éconduit jeudi à Nioro (ouest) le chef d’état-major de l’armée de terre venu présenter ses condoléances et manifesté vendredi à Ségou et Sévaré (centre) pour dénoncer la mort de militaires et réclamer davantage de moyens pour l’armée.

La Presse

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