Cette situation crée souvent des remous entre commerçants et acheteurs, entre apprentis et clients dans les transports collectifs urbains L’argent est une ressource qu’il faut entretenir. En effet, des usagers refusent les billets de banque déchirés, tachés et autres monnaies ou pièces dégradées. Les banquiers dans leur jargon les désignent par «billets maculés» ou «mutilés en terme manquant». Souvent personne ne court le risque de prendre les billets maculés ou les pièces usées par peur de pouvoir les échanger. C’est à ce récurent problème épineux que font face au quotidien les commerçants et autres » acteurs de la vie Economique.
Cette situation crée souvent des remous entre vendeurs et acheteurs, dans les transports collectifs urbains. La discorde naît souvent entre les agents travaillant dans la même station-service ou les vendeurs d’une grande surface. Interrogé à ce propos, Bourama Sidibé, vendeur d’articles divers au quartier Faladié en commune VI du District de Bamako, confirme la méfiance et le malaise qui entourent les monnaies dégradées. «Les stations-services avaient l’habitude de prendre les pièces de monnaie dégradées, sans se poser de questions sur leur qualité. Maintenant, ils refusent de prendre même les billets déchirés, et tachés», déplore le boutiquier.
Le jeune pompiste Amadou Traoré nous expose les raisons de ce rejet par les stations-services. Selon ses dires, les billets maculés et les vieux billets ne sont pas acceptés par peur du refus du gérant de la station de les encaisser. Cependant, l’employé ne nous dit rien sur la sanction qu’il encourt en acceptant les billets sales ou les pièces usées. Le gérant de la station d’essence Shell de Niamakoro reconnaît qu’il récuse les pièces lisses dont les signes distinctifs sont effacés. Il en est de même pour les billets de banques «tachés» ou abimées. « C’est une mesure de précaution », explique le gérant qui estime que les banques rejettent l’argent dégradé lors des opérations de dépôt. Nous nous sommes rendus à la Banque de développement du Mali (BDM-Sa) pour recueillir la version des professionnels. Le chef de l’Agence principale sise au quartier du fleuve, Ibrahim Sow, confirme que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest «BCEAO» rejetait «les billets souillés». Cependant, il ajoute que la BCEAO commence à accepter l’argent dégradé. Ainsi, de 2015 à 2017, la BDM-Sa a soumis à la BCEAO 17 millions de FCFA de billets maculés, révèle le banquier.
«Les machines peinent souvent à identifier ces billets gâtés. Lorsque nous recevons des billets souillés, nous établissons une attestation au nom de l’émetteur de l’argent avant d’envoyer la somme à la BCEAO, seule habilitée à juger la qualité ou la validité d’une monnaie», explique M. Sow qui invite les usagers, notamment les teinturières, à éviter de salir les billets de banque.
Aminata DIAKITÉ
L’Essor