Les versets 14-18 de Sourate al–ḥujurât, notamment le v14, s’inscrivent au cœur d’une discussion théologique essentielle : qui de la foi ou de l’Islam précède ? Autrement dit, peut-on être musulman sans avoir la foi ? Corollairement, se pose la question suivante : peut-on avoir la foi sans être musulman ?
Or, cette problématique n’est pas soulevée directement par ces versets, mais par l’interprétation qui en est faite en fonction de l’autodéfinition de l’Islam-religion laquelle s’appuie sur une hiérarchisation théologique précise. Celle-ci repose sur un célèbre hadîth dit de Gabriel (le deuxième hadîth cité dans les « Quarante hadîths de An–Nawâwî ») en lequel intervient solennellement l’Archange Gabriel qui, en interrogeant le prophète Muhammad, établit de la sorte trois degrés, dans l’ordre énoncé : l’Islam-religion/al–islâm – la Foi/al–îmân – la Perfection/al–iḥsân.
Selon cette hiérarchie, il est acté que l’adhésion à l’Islam devient la condition première et, que dans ! ce cas, la foi ne précède pas nécessairement l’entrée en religion, mais est considérée comme un niveau supérieur de la religion elle-même, qui peut ou non être atteint. Cependant, avant que de débuter l’Analyse Littérale de ce verset, il convient que nous rappelions que ce paradigme propre à l’Islam-religion ne correspond pas au paradigme coranique de l’Islam-relation. En effet, selon le Coran, d’une part l’Islam-relation ne constitue pas une religion et, d’autre part, l’ordonnancement coranique et la signification de ces trois concepts sont les suivants : la Foi/al–îmân – la Bienfaisance/al–iḥsân – la Voie de la réalisation spirituelle/al–islâm. C’est donc bien en relation avec la thématique Foi et Islam que l’Exégèse classique de S49.V14-18 et les résultats de l’Analyse littérale se confrontent.
• Que dit l’Islam
Envisageons donc tout d’abord le v14 de Sourate al–ḥujurât. En voici une traduction qui exprime la position exégétique en vigueur : «les Bédouins ont dit : nous croyons/âmannâ. Réponds :vous ne croyez pas ! Mais dites plutôt : nous avons accepté l’Islam/aslamnâ, car la foi/al–îmân n’a pas encore pénétré vos cœurs. Et, si vous obéissez à Dieu et à Son messager, Il ne vous fera rien perdre de vos œuvres, Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. », S49.V14.
Nous l’avons dit, c’est en fonction de la théologie officielle donnant la primauté à l’adhésion à l’Islam vis-à-vis de la foi que ce verset a été interprété. Ainsi, ces « Bédouins » seraient des convertis à l’Islam de fraîche date : « nous avons accepté l’Islam/aslamnâ », lesquels auraient clamé leur foi devant le Prophète : « nous croyons/âmannâ ». Dieu aurait alors chargé le Prophète de leur répondre : « vous ne croyez pas/lam tu’minû ! Mais dites plutôt : nous avons accepté l’Islam/aslamnâ». Il s’agirait donc d’une adhésion apparente à l’Islam, une conversion opportuniste dénuée de foi réelle en l’Unicité de Dieu et la prophétie de Muhammad puisqu’il leur est précisé : « la foi/al–îmân n’a pas encore pénétré vos cœurs ».
Notons que de nombreuses traductions, dont la traduction standard, se veulent plus étymologiques et rendent le verbe aslama/aslamnâ par : « nous nous sommes soumis ». Ce faisant, il n’est pas précisé à quoi ou qui se seraient soumis ces bédouins, mais ce même verbe est traduit généralement au v17 par : « se convertir à l’Islam ». Quoiqu’il en soit, le sens donné par ce type de traductions du v14 est au final conforme à l’interprétation officiellement retenue : l’on peut se déclarer musulman sans avoir la foi. Ceci apparaît confirmé par le v15 où il est dit : «les croyants sont seulement ceux qui croient en Dieu et Son messager, puis ne doutent pas ». De plus, cette lecture serait directement renforcée par le verset v17 : « Ils [les Bédouins] te rappellent la faveur de leur conversion à l’Islam/an aslamû. Réponds : Ne me rappelez pas comme une faveur de votre part votre Islam/islâma-kum, mais c’est Dieu qui vous rappelle la faveur de vous avoir guidé vers la foi/îmân, si vous êtes sincères ! » L’on constate qu’en ce verset ainsi interprété l’on retrouve les concepts-clefs en jeu et selon l’ordre théologique admis : la « conversion à l’Islam/an aslamû » ; l’Islam en tant que religion : « votre Islam/islâma-kum » puis « la foi/îmân », ici non encore acquise.
Selon cette compréhension, il est donc envisagé que l’on puisse se convertir à l’Islam sans avoir la foi. Cette interprétation du verset est alors l’argument coranique corroborant le Hadîth dit de Gabriel postulant que l’adhésion à l’Islam-religion/al–islâm précède en valeur la foi/al–îmân. Ceci revient à dire qu’il est plus important de professer l’Islam que de croire ou, autrement formulé, qu’il est possible d’être musulman sans être croyant. La foi est donc alors seulement la sincérité vis-à-vis de l’Islam.
• Que dit le Coran
Après avoir vu et critiqué l’interprétation du verset-clef S49.V14 soutenue par l’Islam, en voici la traduction littérale que nous justifierons au fur et à mesure : « Les Bédouins ont dit : Nous croyons/âmannâ. Réponds : Vous ne croyez pas ! Mais dites plutôt : Nous nous sommes assujettis/aslamnâ [à Muhammad] Et, si vous obéissez à Dieu et à Son messager, Il ne déduira rien de vos œuvres, car Dieu est Tout de pardon et Tout de miséricorde. »
– Du point de vue de l’Analyse lexicale, en fonction de la différence entre le paradigme théologique de l’Islam-religion et celui du Coran propre à l’Islam-relation que nous venons de rappeler la problématique de ces versets repose en particulier sur la signification des termes-clefs suivants : le verbe aslama et le substantif islâm. L’on sait que le terme islâm est le substantif de la forme verbale IV aslama, laquelle connaît trois séries de sens. Par conséquent, le terme islâm a aussi trois significations correspondantes et, en résumé, trois possibilités peuvent être retenues :
1–Étymologiquement, aslama signifie : se garder sain et sauf, se mettre en sécurité, etc. et, par extension : se livrer ou se remettre soi-même entre les mains du vainqueur. En ce cas le terme islâm signifie préservation de soi, sécurisation, sûreté, protection et aussi sujétion, capitulation, remise de soi, significations connues des Arabes avant l’Islam.
2 – Le Coran emploie parfois aslama de manière néologique, avec le sens de livrer, remettre, abandonner son être à Dieu. Le terme islâm signifie alors abandon de soi, de son être, à Dieu.
3 –Selon l’usage post-coranique spécifique à la construction de l’Islam-religion, aslama signifie se faire musulman, d’où en français : se convertir à l’Islam. En ce cas, le terme islâm devient le nom de ladite religion : l’Islam.
– Du point de vue de l’Analyse sémantique, l’on constate que dans ce verset sont évoqués miséricorde et pardon divins : « Dieu est Tout de pardon et Tout de miséricorde ». Or, comme le suppose l’exégèse classique de ce verset, s’il s’était agi de Bédouins hypocrites – c’est-à-dire s’étant convertis à l’Islam, mais seulement en façade puisque n’ayant pas la foi – alors, comme de règle dans le Coran, c’est la menace du Châtiment qui aurait due être évoquée. L’on en déduit directement que ce verset traite d’un autre sujet que la conversion à l’Islam.
La solution 3 : aslama/se convertir à l’Islam et islâm/qualificatif de cette religion ne peut donc être retenue outre le fait que ces définitions sont post-coraniques.
La solution 2 : aslama/remettre son être à Dieu et islâm/abandon de soi à Dieu ne fait pas non plus sens. En effet, puisqu’aux vs14 et 17 il est explicitement reproché aux Bédouins de ne pas avoir la foi, il n’est donc pas envisageable qu’il leur soit demandé de s’engager en une voie spirituelle.
Par contre, la solution 1 : aslama/se livrer, s’assujettir à et islâm/sujétion ne pose aucun problème particulier et fait a priori sens pour l’ensemble de ce passage, nous le vérifierons, d’où : « Nous nous sommes assujettis/aslamnâ ».
– Du point de vue de l’Analyse contextuelle, l’on note que les versets que nous étudions composent la quatrième et dernière partie de cette sourate. Or, l’on observe que les trois premières parties débutent toutes par l’interjection « Ô croyants/yâ ayyuhâ », mais que la quatrième, v14-18, commence en ces termes : « Les Bédouins ont dit ».
Les trois premières parties forment un tout homogène et consiste en une série de reproches et de conseils correspondants adressés aux primo-musulmans traduisant des tensions réelles visiblement en rapport avec la présence à Médine de nouveaux arrivants : «les Bédouins ».
Le cadre est posé et rappelle indéniablement l’afflux des tribus arabes suite à la prise de la Mecque par Muhammad et son retour triomphal à Médine. Ces éléments indiquent que le contexte est éminemment politique : les tribus bédouines se rallient à Muhammad, le nouveau leader. Il n’y a là aucun phénomène miraculeux d’adhésion en masse à l’Islam, mais l’expression d’une tradition régissant les rapports entre tribus, factions et clans bédouins. Or, comme nous l’avons vu, c’est ce type de ralliement que le verbe aslama/se livrer, s’assujettir exprime.
Bien évidemment, l’histoire officielle des premiers temps de l’Islam, passant ici par la Sîra, fait état de la conversion massive des tribus bédouines suite à la prise de La Mecque par Muhammad. Si l’on suit les grandes lignes de ce récit largement mythologisé, l’on apprend que peu de temps après le Prophète décéda et que lesdites tribus apostasièrent. En soi, si nous lisons l’histoire sans visée apologétique, il y a bien là le signe qu’il n’y eut pas conversion, mais simplement un ralliement opportuniste qui, à la mort de Muhammad, explique logiquement le retournement d’alliance des tribus dont rendent parfaitement compte les campagnes militaires de Abou Bakr qui s’en suivirent.
Les « Bédouins » ne se sont donc pas nécessairement convertis à l’Islam, mais se sont politiquement soumis et alliés à la nouvelle autorité en Arabie. Le Sens littéral du v14 est donc : «les Bédouins ont dit : Nous croyons/âmannâ. Réponds :Vous ne croyez pas ! Mais dites plutôt : Nous nous sommes assujettis/aslamnâ [à Muhammad] Et, si vous obéissez à Dieu et à Son messager, Il ne déduira rien de vos œuvres, car Dieu est Tout de pardon et Tout de miséricorde. »
Dans ces conditions, la suite du v14 est cohérente : « les Bédouins » s’étant seulement ralliés et remis sous la protection de Muhammad ils n’ont pas adopté la foi prônée par le Prophète, d’où la remarque : « la foi/al–îmân n’a pas pénétré vos cœurs ». Il est donc confirmé que le ralliement des tribus n’est pas d’ordre religieux, mais relève de la stratégie politique d’alliance à la mode bédouine.
– C’est donc logiquement qu’à l’affirmation au v14 des dites tribus bédouines fraîchement ralliées : « Nous croyons/âmannâ », le v15 va répondre en indiquant l’hypocrisie de ces propos : « Seuls sont croyants ceux qui croient en Dieu et Son messager, sans vraiment douter, et qui de leurs biens et de leurs personnes s’efforcent pour la cause de Dieu ; ceux-là sont ceux qui sont sincères. » (S49.V15) Notons que le segment ceux qui « s’efforcent pour la cause de Dieu » ajoute à l’acte pur de croyance en Dieu et en Son messager Muhammad la notion de lutte à ses côtés si la situation venait à l’exiger. En cette réponse qui réfute la prétention à la foi des Bédouins, il est donc précisé qu’ils n’ont pas aussi contracté une alliance politico-militaire sincère et fiable.
– Cette mise au point se poursuit au v16, verset lui aussi interprété par l’Exégèse selon sa logique propre. Ainsi, le mot dîn y a été compris comme signifiant religion et désignant donc ici l’Islam. En voici la traduction standard : « Dis : Est-ce vous qui apprendrez à Allah votre religion/dîn, alors qu’Allah sait tout ce qui est dans les cieux et sur la terre ? Et Allah est Omniscient . » Or, nous avons vu que les Bédouins ne proclamaient pas leur appartenance supposée à l’Islam, mais leur assujettissement politique à Muhammad. En ce cas, le sens littéral de ce verset est le suivant : « dis : apprendriez-vous à Dieu ce qu’est votre tradition/dîn, alors que Dieu sait ce qui est en les cieux et la terre et que Dieu de toutes choses est parfaitement savant ? », v16.
Il est ainsi dit à ces Bédouins qu’il est inutile que vous clamiez haut et fort votre alliance avec Muhammad, car Dieu sait parfaitement que « votre tradition/dîni-kum » en la matière est ce type d’alliance intertribale, mais Il sait aussi que vos intentions sont en l’occurrence insincères tout comme Il sait que vos habitudes sont de trahir ces engagements.
– Ensuite vient le v17 qui a pour particularité éclairante de contenir le verbe aslama et les termes islâm et îmân, c’est dire l’importance d’une compréhension littérale exacte, mais aussi les conséquences de son interprétation classique. En voici la traduction standard : «ils te rappellent leur conversion à l’Islam/aslamû comme si c’était une faveur de leur part. Dis : ne me rappelez pas votre conversion à l’Islam/islâma-kum comme une faveur. C’est tout au contraire une faveur dont Allah vous a comblés en vous dirigeant vers la foi/al–îmân, si toutefois vous êtes sincères. »
En rendant ici curieusement le verbe aslamû et le terme islâm tout deux par se convertir à l’Islam, les défenseurs de la Doxa ont pris quelques libertés qui interpellent ! Cette “ruse” exégétique s’explique du fait que selon leur terminologie même l’on devrait lire : « ne me rappelez pas votre Islam/islâma-kum », mais l’on imagine alors mal comment le Prophète aurait refusé que ces Bédouins lui rappellent leur Islam.
En toute logique, s’il avait été dit « ne me rappelez pas votre conversion à l’Islam/islâma-kum comme une faveur », ce rejet aurait du entraîner la proposition suivante : « c’est tout au contraire une faveur dont Allah vous a comblés en vous dirigeant vers l’Islam » et non pas « vers la foi/al–îmân » !
Ceci étant, puisqu’il s’agit ici de sujétion d’ordre politique à Muhammad, ce verset se comprend donc sans aucune difficulté comme suit : « Ils revendiquent comme une faveur de s’être assujettis/aslamû à toi. Réponds, ne considérez point comme une faveur à mon égard votre sujétion/islâma-kum, mais en réalité c’est Dieu qui vous a fait la faveur de vous guider vers la foi/al–îmân, si vous êtes sincères. », v17.
Notre attention doit aussi être ici retenue par un détail sémantique, il n’est pas dit guider à la foi/li-l–îmân, mais guider vers la foi/ilâ–l–îmân. Grammaticalement, la préposition « li » marque l’atteinte du but et la préposition « ilâ » la direction menant au but. En effet, les Bédouins ne s’étant pas convertis à la religion du Prophète, mais seulement assujettis à son autorité politique et militaire, ils ne peut être question de leur foi musulmane. Cependant, la miséricorde divine et le plan de Dieu sont ici évoqués, puisqu’il est indiqué que cette sujétion à l’autorité du Prophète est un pas en avant voulu par Dieu, démarche qui pourrait amener une partie de la masse de ces tribus bédouines à croire en un Dieu unique et en Son messager. En ce qui concerne les intentions et l’insincérité de la sujétion des Bédouins, le v18 de conclusion se comprend directement : « En vérité, Dieu connaît ce qui est caché en les cieux et la terre ; Dieu voit parfaitement ce que vous œuvrez. »
Au final, le Sens littéral de l’ensemble du passage que nous avons analysé est le suivant : « les Bédouins ont dit : nous croyons/âmannâ. Réponds :vous ne croyez pas ! Mais dites plutôt : nous nous sommes assujettis/aslamnâ [à Muhammad] Et, si vous obéissez à Dieu et à Son messager, Il ne déduira rien de vos œuvres, car Dieu est Tout de pardon et Tout de miséricorde. Seuls sont croyants ceux qui croient en Dieu et Son messager, sans vraiment douter, et qui de leurs biens et de leurs personnes s’efforcent pour la cause de Dieu ; ceux-là sont ceux qui sont sincères. Dis : apprendriez-vous à Dieu ce qu’est votre tradition/dîn, alors que Dieu sait ce qui est en les cieux et la terre et que Dieu de toutes choses est parfaitement savant ? Ils revendiquent comme une faveur de s’être assujettis/aslamû à toi. Réponds, ne considérez point comme une faveur à mon égard votre sujétion/islâma-kum, mais en réalité c’est Dieu qui vous a fait la faveur de vous guider vers la foi/al–îmân, si vous êtes sincères. En vérité, Dieu connaît ce qui est caché en les cieux et la terre ; Dieu voit parfaitement ce que vous œuvrez. », S49.V14-18.
Conclusion
Ce passage coranique de Sourate al–ḥujurât, notamment les vs14 et 17, a été interprété en fonction de la construction théologique soutenue par le dogme de l’Orthodoxie qui, au nom du hadîth de Gabriel, postule que l’adhésion à l’Islam précède la foi vraie en Dieu et Son messager : islâm – îmân – iḥsân. Dans ce cas, le terme islâm qualifie l’Islam-religion tel qu’il se définit lui-même.
Or, l’Analyse littérale a déterminé la signification littérale du verbe-clef aslama/s’assujettir, ici politiquement à Muhammad et, par voie de conséquence, le terme islâm au v17 vaut pour sujétion ou assujettissement. Ce passage a donc totalement été détourné de son Sens littéral puisque ces versets ne traitent pas d’un débat théologique autour des rapports entre foi et religion, mais d’un évènement politique mettant en cause la sincérité des alliances passées par les Bédouins avec le nouveau vainqueur de cette partie de l’Arabie : Muhammad.
Ceci étant, du fait même de l’interprétation imposée par l’Orthodoxie, nous avons été amené à souligner que le Coran propose une hiérarchie différente de ces trois degrés, à savoir : îmân – iḥsân – islâm. Aussi, selon le Coran la foi/al–îmân précède tout engagement religieux tout comme elle n’apparaît pas obligatoirement subordonnée à une religion. Elle doit par contre être exprimée par la vertu/al–iḥsân et cette traduction de la foi mène à la réalisation en la Voie/dîn spirituelle que le Coran nomme islâm/abandon ou remise de soi à Dieu.
Premièrement : Le fait de pratiquer les causes médicales, qu’Allah préserve la personne de la maladie
Il faut limiter au maximum les contacts et les regroupement entre les gens entre les gens et il faut également prendre les médicaments ou faire les injections qui sont bénéfiques pour être protégé de la maladie.
Ceci est montré par les textes authentiques et les paroles des savants.
D’après Abou Houreira (qu’Allah l’agrée), le Prophète (PSL) a dit : « tu dois fuir le lépreux de la même manière que tu fuis devant un lion ». (Rapporté par Abou Nou’aym et authentifié par Cheikh Albani dans la Silsila Sahiha n°783)
D’après Ach Charid Ibn Souweyd Al Thaqafi (qu’Allah l’agrée) : dans la délégation de Thaqif, il y avait un lépreux.
Le Prophète (PSL) lui a fait parvenir le message suivant : « Nous avons certes reçu ton serment d’allégeance. Tu peux repartir ». (Rapporté par Mouslim dans son Sahih n°2231)
D’après ‘Orwa (était le fils de Zoubayr Ibn Al ‘Awam, compagnon du prophète) : un jour, alors qu’il y avait un autre enfant avec moi, je suis allé vers Zoubayr (qu’Allah l’agrée) et il y avait vers lui un homme lépreux.
J’ai voulu toucher cet homme mais Zoubayr (qu’Allah l’agrée) m’a fait signe de ne pas le faire et m’a ordonné de partir car il détestait le fait que je le touche. (Rapporté par Al Bayhaqi dans Chou’ab Al Iman n°1296 et authentifié par l’imam Ibn Hajar dans Badhl Al Ma’oun Fi Fadl At Ta’oun p 288)
D’après Chourahbil Ibn Chouf a : L’épidémie est apparu et alors ‘Amr Ibn Al ‘As (qu’Allah l’agrée) a dit : « C’est certes un châtiment qui est venu. Vous devez vous disperser pour être protégés de lui ».
(Rapporté par l’imam Ahmed dans son Mousnad n° 17755 et authentifié par Cheikh Shou’ayb Arnaout dans sa correction du Mousnad). Et dans une autre version, il a dit : « Ceci est certes un châtiment qui est venu. Vous devez le fuir en vous rendant dans les routes entre les montagnes et dans les vallées». (Rapportée par l’imam Ahmed dans son Mousnad n°22136)
Cela ne signifie pas le fait de fuir de la région mais simplement que les gens doivent se disperser et ne pas rester regroupés ( mesures de distanciation sociale). Il a été rapporté que ‘Omar Ibn Al Khattab (qu’Allah l’agrée) a été informé de la parole de ‘Amr Ibn Al ‘As (qu’Allah l’agrée) et qu’il l’a approuvé. (Voir Tarikh Tabari p 655/656 ; Al Bidaya Wa Nihaya de l’imam Ibn Kathir vol 10 p 43)
Cheikh ‘Otheimine a dit : « il n’y a pas de mal à ce que la personne utilise des médicaments et des injections qui protègent de l’épidémie ou afin d’en être guéri. Ceci ne constitue pas un manque dans la confiance en Allah et au contraire ceci fait partie de la confiance en Allah. En effet, pratiquer les causes qui permettent d’être protégé de la perdition et du châtiment est une chose qui est demandée. Et celui qui s’en remet à Allah, ou prétend s’en remettre à Allah, mais ne pratique pas les causes ne place pas, en réalité, sa confiance en Allah ». (Charh Riyad Salihin vol 6 p 572)
Cheikh Souleyman Ruheili a dit : « dans la législation islamique, le salam est une parole et le fait de se serrer la main est un ajout dans la bienfaisance. Et aujourd’hui, la bienfaisance est de délaisser la poignée de main car le fait de repousser les méfaits passe avant le fait d’obtenir un bienfait.
Ainsi, j’encourage tous les musulmans à se contenter du salam par la parole et à délaisser la poignée de main, de limiter les sorties de leurs demeures, de limiter les rassemblements qui ne sont pas indispensables et d’accorder une attention toute particulière à la propreté et enfin de placer leur confiance en Allah à chaque instant ».
Deuxièmement : Le fait de pratiquer les causes religieuses afin qu’Allah préserve la personne de la maladie
De manière générale, il faut que la personne multiplie les invocations en demandant à Allah de la préserver de la maladie.
D’après Anas Ibn Malik (qu’Allah l’agrée) : le Prophète (PSL) disait régulièrement : « O Allah ! Je demande protection auprès de Toi contre le haras, contre la folie, contre la lèpre et contre les mauvaises maladies». (Rapporté par Abou Daoud dans ses Sounan n°1554 et authentifié par Cheikh Albani dans sa correction de Sounan Abi Daoud)
En phonétique : Allahoumma Inni A’oudhou Bika Min Al Barasi Wal Jounouni Wal Joudhami Wa Sayyiil Asqam
Enfin, il y a des formules de rappel qui sont à faire le matin, l’après-midi et la nuit qui permettent, avec la permission d’Allah, d’être protégé contre tout mal.
Par soucis de rester concis, nous n’en mentionnerons que trois.
1. Le fait de réciter les trois dernières sourates du Coran à trois reprises le matin et l’après-midi
D’après ‘Abdallah Ibn Khoubaib (qu’Allah l’agrée): Nous sommes sortis dans une nuit pluvieuse et très obscure pour nous rendre auprès du Prophète (PSL) afin qu’il fasse imam pour nous.
Nous l’avons trouvé et il a dit: « Avez-vous prié? »
Alors je n’ai rien dit.
Il m’a dit: « Dis! », mais je n’ai rien dit.
Puis il m’a dit: « Dis! », mais je n’ai rien dit.
Puis il m’a dit: « Dis! »
J’ai dit: O Messager d’Allah! Que dois-je dire ?
Le Prophète (PSL) a dit: « Tu dois dire : ‘Qoul Houwa Allahou Ahad’ et les deux protectrices trois fois le matin et l’après-midi, cela te suffira contre toute chose »
(Rapporté par Abou Daoud dans ses Sounan n°5082 et authentifié par Cheikh Albani dans sa correction de Sounan Abi Daoud)
‘Qoul Houwa Allahou Ahad’ est la sourate n°112 et les ‘deux protectrices’ sont les sourates n°113 et n°114.
Les savants sont tous d’accord sur le fait que si la personne fait les invocations du matin après la prière du sobh, elles auront été faites dans le temps légiféré.
Les savants sont tous d’accord sur le fait que si la personne fait les invocations de l’après- midi après la prière du ‘asr et avant le coucher du soleil, elles auront été faites dans le temps légiféré.
C’est à dire contre tout mal. (Awn Al Ma’boud ‘Ala Charh Sounan Abi Daoud)
Le fait de faire l’invocation suivante le matin et l’après-midi
D’après ‘Othman Ibn ‘Affan (qu’Allah l’agrée), le Prophète (PSL) a dit: « Celui qui dit trois fois l’après-midi : « Au nom d’Allah, nul ne peut nuire en présence de Son Nom ni sur terre ni dans le ciel et II est l’Auditent et l’Omniscient » ne sera touché par aucun malheur inattendu jusqu’au matin. Et celui qui dit cela trois fois le matin (3) ne sera touché par aucun malheur inattendu jusqu’à l’après midi ».
Aban Ibn ‘Othman a été touché par une paralysie sur un des côtés de son corps et la personne à qui il a rapporté ce hadith s’est mise à le regarder.
Il a dit : Qu’as-tu donc à me regarder ?! Je jure sur Allah que je n’ai pas menti sur ‘Othman (qu’Allah l’agrée) et ‘Othman (qu’Allah l’agrée) n’a pas menti sur le Prophète (PSL) mais le jour où j’ai été touché par ce qui m’a touché, je me suis énervé et j’ai oublié de dire cette invocation. (Rapporté par Abou Daoud dans ses Sounan n°5088 et authentifié par Cheikh Albani dans sa correction de Sounan Abi Daoud)
– Les savants divergent sur le moment où débute le temps des invocation de l’après-midi et sur le moment où il se termine mais ils sont tous d’accord sur le fait que si ces invocations sont dites un petit peu avant le coucher du soleil alors elles auront été dites dans leur temps.
– En phonétique : Bismillah Alladhi La Yadourrou Ma’a Smihi Chay Oun Fil Ardi Wa La Fi Sama Wa Houwa Sami’oul ‘Alim
-Les savants sont d’accord sur le fait que le temps des invocations du matin débute au lever de l’aube et ils divergent à propos du moment où il se termine.Par contre, ils sont tous d’accord sur le fait que si ces invocations sont dites après la prière du sobh elles auront été dites dans leur temps.
Le fait de réciter les deux derniers versets de la sourate Al Baqara durant la nuit
D’après Abou Mas’oud (qu’Allah l’agrée), le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soit sur lui) a dit « Celui qui récite les deux versets de la fin de la sourate Baqara dans une nuit, ces deux versets lui suffisent». (Rapporté par Boukhari dans son Sahih n°5009 et Mouslim dans son Sahih n°808)
Il s’agit des versets 285 et 286 de la sourate Al Baqara n°2.
La nuit débute au coucher du soleil est se termine au lever de l’aube.
L’imam Ibn Qayim Al Djawziya (mort en 751 du calendrier hégirien) a dit: « L’avis juste est que le sens de cela est que ces deux versets suffisent comme protection pour la personne contre tout mal qui pourrait la toucher ». (Al Wabil As Sayyib p 156)
F. Le fait de pratiquer les causes médicales et religieuses afin qu’Allah guérisse la personne lorsqu’elle est malade
Premièrement : Le tait de pratiquer les_causes, médicales afin qu’Allah guérisse la personne lorsqu’elle est malade
Il faut que la personne consulte un médecin et qu’elle prenne les médicaments qui peuvent, avec la permission d’Allah, aider à sa guérison.
D’après Jabir Ibn ‘Abdillah (qu’Allah les agrée lui et son père) : le Prophète (PSL) a visité un malade et a dit: « ne vas-tu pas lui appeler un médecin ? ». Ils ont dit: O Messager d’Allah ! Toi tu nous ordonnes cela ?
Alors le Prophète (PSL) a dit: « Certes Allah n’a pas envoyé une maladie sans qu’il n’ait envoyé avec elle un remède ». (Rapporté par Ibn Al Hamami et authentifié par Cheikh Albani dans la Silsila Sahiha n°2873)
Cheikh ‘Otheimine a dit : « Il n’y a pas de mal à ce que la personne utilise des médicaments et des injections qui protègent de l’épidémie ou afin d’en être guéri.Ceci ne constitue pas un manque dans la confiance en Allah et au contraire ceci fait partie de la confiance en Allah. En effet, pratiquer les causes qui permettent d’être protégé de la perdition et du châtiment est une chose qui est demandée.Et celui qui s’en remet à Allah, ou prétend s’en remettre à Allah, mais ne pratique pas les causes ne place pas, en réalité, sa confiance en Allah ». (Charh Riyad Salihin vol 6 p 572)
Deuxièmement : Le fait de pratiquer les causes, religieuses qu’Allah guérisse, la personne lorsqu’elle est malade
D’après ‘Othman Ibn Abi Al ‘Ass Al Thaqafi (qu’Allah l’agrée) : je me suis plaint auprès du Prophète (PSL) d’une douleur que je ressens dans mon corps depuis que je suis rentré dans l’Islam.
Il m’a dit: « mets ta main sur l’endroit de ton corps qui te fait mal et dis trois fois: ‘Au nom d’Allah puis dis sept fois: je demande protection auprès d’Allah et de Sa puissance contre que je ressens et que je cherche à éloigner». (Rapporté par Mouslim dans son Sahih n°2203)En phonétique : Bismillah
A’oudhou Billah Wa Qoudratihi Min Charri Ma Ajidou Wa Ouhadhir
D’après Abou Oumama Al Bahili (qu’Allah l’agrée), le Prophète (PSL) a dit: « Soignez vos malades avec l’aumône ». (Rapporté par Abou Cheikh et authentifié par Cheikh Albani dans Sahih Jami n°3358)
L’imam Ibn Al Qayim (mort en 751 du calendrier hégirien) a dit : « les bonnes actions, la bienfaisance, le rappel d’Allah, les invocations, les supplications adressées à Allah, le repentir font partie des meilleures causes permettant de guérir les maladies. Ces choses ont un effet plus grand sur le fait de lever le mal et l’obtention de la guérison que les médicaments traditionnels… » (Zad Al Ma’ad vol 4 p 144
Les règles relatives à la prière et aux mosquées en période d’épidémie
En période d’épidémie, à la base, les prières doivent être accomplies comme elles sont accomplies habituellement. Par contre, il est très important que le musulman, même s’il ne prie plus à la mosquée, continue d’être assidu aux prières surérogatoires ‘rawatib’ et à la lecture du Coran comme il le faisait habituellement à la mosquée.
Règle n°1 : Il est permis aux hommes de délaisser la prière en groupe à la mosquée et la prière du vendredi en cas d’épidémie
Il est mentionné dans les textes authentiques que la pluie, la boue, le froid… sont des excuses qui permettent aux hommes de ne pas se rendre dans les mosquées pour y accomplir les prières en commun et la prière du vendredi à cause de la gêne que leur causent ces choses.
Or la gêne causée par la présence de l’épidémie est bien plus grande que la gêne causée par la pluie, le froid ou la boue.
Ainsi par analogie, nous pouvons déduire qu’en période d’épidémie, les prières en commun dans les mosquées et la prière du vendredi ne sont pas obligatoires pour les fidèles.
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