Les administrateurs de l’Office du périmètre irrigué de Baguinéda (OPIB) ont tenu, le lundi dernier, dans ses locaux, la 20e session de leur Conseil d’administration dont l’ordre du jour a porté sur l’examen du PV de la 19e session du CA ; l’état d’exécution des recommandations de ladite session ; le rapport annuel d’activité de la campagne agricole 2016-2017 et le point d’exécution de son budget au 31 décembre 2016 ; le programme annuel d’activité de la campagne agricole 2017-2018 et son avant-projet de budget.
En marge de la session, le ministre de l’Agriculture, Kassoum DENON, non moins président du Conseil d’administration, a rencontré les producteurs pour leur annoncer l’exonération de la redevance eau de cette campagne et a promis l’engagement de son ministère à lutter contre les maladies (bactérioses et viroses) ayant fortement affecté la production agricole dans la zone.
Placée sous le patronage du ministre de l’Agriculture, la session s’est déroulée en présence de tous les administrateurs; du directeur général de l’OPIB, N’Diougou DIALLO, et de certains chefs de divisions.
La campagne 2016-2017, a noté le ministre DENON, a démarré dans des conditions favorables caractérisées par la disponibilité des intrants (semences et engrais) au prix subventionné pour 4190 producteurs ; le revêtement de 8,7 km de canal principal et de 24 km de canaux secondaires ; l’acquisition de 6 tracteurs du Programme des 1000 tracteurs ; la formation et le recyclage des agents d’encadrement sur l’approche système, la technique accélérée de production du compost et l’application de la feuille de route contre les nuisibles ; la formation des producteurs en gestion d’entreprises et de fonds de roulement.
Les contraintes
Au plan pluviométrique, soutient le ministre, le cumul enregistré, soit 825mm en 61 jours, reste inférieur à celui des 2 précédentes campagnes agricoles, mais supérieur à la moyenne interannuelle (755,5mm).
Aussi, a-t-il souligné, en cours de la saison, le périmètre irrigué de Baguinéda a fait l’objet d’attaques sévères des insectes (cécidomyie) et de maladies (bactériose et viroses). Ainsi, la production rizicole a été fortement affectée ; et il en ressort une production totale de 5962,72 tonnes de riz paddy pour un rendement moyen de 2462,33kg/ha.
Par ailleurs, indique-t-il, l’arrêt précoce des pluies a perturbé la phase de maturité des cultures sèches. En même temps, les productions de maïs, mil et sorgho enregistrées sont de 3 285,99 tonnes pour une prévision de 6 219 tonnes.
«Ces pertes importantes de production nous interpellent à plus de vigilance pour la prévention dans la stratégie de lutte contre les nuisibles, mais aussi dans l’application de techniques résilientes face aux effets néfastes du changement climatique», a-t-il déclaré.
Les ambitions
Selon le ministre, le programme d’activité 2017 de l’OPIB s’articulera essentiellement autour de certaines activités, notamment les travaux de revêtement des canaux primaires de Tanima et de Sienkoro ; les entretiens des infrastructures d’irrigation et de drainage ; la lutte permanente contre les plantes aquatiques et les autres nuisibles.
L’objectif recherché par l’OPIB en 2017 est de produire 27 315,7 tonnes de céréales dont 20 603,2 tonnes de riz paddy ; 6336 tonnes de maïs ; ainsi que 376,5 tonnes de mil/sorgho.
Quant à la production maraîchère, elle sera de 24 867 tonnes.
Pour ce faire, a noté le ministre-PCA, les emblavures céréalières (riz, maïs, sorgho) porteront sur 6 441 ha dont 3 880 ha de riz ; 2 166 ha de maïs et 365 ha de mil/sorgho. Aussi, a-t-il promis, l’encadrement technique sera renforcé autour de l’application des bonnes pratiques agricoles dont la gestion de l’eau d’irrigation ; les techniques de fertilisation organominérale ; et la gestion des nuisibles.
Par ailleurs, a révélé le ministre-PCA, le budget prévisionnel 2017 de l’OPIB se chiffre à 1 797 429 230 FCFA contre 1 388 656 744 FCFA en 2016, soit une augmentation de 29,10%.
La bonne nouvelle
Après le Conseil d’administration, le ministre de l’Agriculture a rencontré dans l’après-midi, les producteurs qui lui avaient demandé de bien vouloir les exonérer du paiement de la redevance eau de cette campagne agricole. Et pour cause, leur production a été fortement touchée par l’attaque de la maladie, la cécidomyie (en bambara Bagani).
Cette rencontre s’est déroulée en présence du sous-préfet et du maire de Baguinéda, respectivement Abdoulaye DICKO et Yacouba DIARRA ; et de nombreux producteurs y compris des femmes.
Le ministre dit reconnaître, après investigations à plusieurs niveaux, que la campagne agricole dans la zone a été sévèrement perturbée suite à l’attaque de la cécidomyie et que cela a fait perdre la production de moitié de la zone de Baguinéda.
«Compte-tenu de cette perte énorme, nous avons jugé qu’il était difficile aujourd’hui que le producteur puisse rembourser la totalité des créances, notamment la semence, la redevance et les équipements. Donc, nous avons examiné au cours du Conseil d’administration. Nous avons retenu qu’une partie de la redevance va être exonérée. Ainsi, les paysans seront complètement exonérés du paiement de la redevance cette année », a déclaré à haute voix le ministre DENON. Avant d’ajouter que cela va leur permettre de faire face véritablement à la lutte contre la cécidomyie. Pour ce faire, il a invité les producteurs à coopérer avec l’encadrement et à signaler partout où il y a l’apparition de la cécidomyie ou d’autres maladies virales.
« Cette maladie est quelque part due au manque d’entretien des parcelles qui fait que les insectes vont connaître un degré de pourrissement extrêmement élevé. Ainsi, nous demandons à chacun de nettoyer véritablement sa parcelle au moment du désherbage. Cela va diminuer drastiquement les degrés de putréfaction des parcelles avec ces insectes », a-t-il conseillé.
En tout cas, les producteurs ont accueilli avec joie cette bonne nouvelle qui est une délivrance. Certains producteurs, à savoir Seydou DIARRA, Adama SIDIBE, Mahamadou DIARRA, Mme SAMAKE Aminata DIARRA, ont remercié et félicité le ministre DENON non seulement pour sa sage décision, mais surtout pour le fait de leur avoir donné sa primeur. Cela pour eux, est un signe de respect et de considération.
En conclusion, les producteurs disent avoir compris et accepté le message. Et qu’ils ne ménageront aucun effort pour la réussite de la lutte contre la cécidomyie et autres maladies virales.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin