Face à la recrudescence de la violence, dans la capitale, le ministre de la Sécurité et de la protection civile, le général Salif TRAORE, après avoir réuni, le lundi 28 janvier 2019, l’ensemble des responsables sécuritaires autour de lui en vue d’apporter une réponse énergique à ce nouveau fléau, est sorti avec ses sbires, notamment 1 500 agents de la brigade anti criminalité, pour une chasse dite aux malfaiteurs, qui coupent le sommeil aux paisibles citoyens, depuis un certain temps. Une sortie ratée pour le ministre général, puisque jugé par des milliers de Maliens de folklore.
Les téléspectateurs et les internautes ont pu voir ce lundi soir plusieurs véhicules truffés de porteurs d’uniformes policiers et d’unités spéciales armés jusqu’aux dents, des chiens de chasse, des motards de la police qui maniaient leurs engins à souhait, comme pour dénicher les bandits de leurs cachettes. Pour couronner le tout, le ministre lui-même, comme un commandant sur un champ de guerre, donnait des instructions à ses éléments, devant les caméras et appareils photo. Spectacle ou véritable campagne de traque contre les fauteurs de trouble ? En tout cas, à la minute près, les images ont fait le buzz sur les réseaux sociaux, notamment Facebook. On aurait préféré voir en images des malfrats interpelés au cours d’une descende en surprise que ce folklore. Au regard de maigre moisson de la sortie, selon nos sources, nous nous demandons si notre sécurité n’est pas entre les mains des amateurs en lieu et place de professionnels comme nous voudrions qu’il en soit.
A-t-on besoin d’être un spécialiste de la sécurité pour savoir que les malfrats aussi s’informent régulièrement sur le mouvement des corps habillés ? À moins de prendre les Maliens comme des grands enfants, le commun des mortels du Mali pouvait voir un échec derrière cette opération du ministre général.
Mais pourquoi a-t-il attendu tout ce temps pour sortir un plan de sécurité, dont l’inefficacité nous a déjà coûté tant de pertes en vies humaines et autant de dégâts matériels ?
Si l’on s’en tient à cette démonstration de force du ministre, la sécurité de Bamakois ne faisait plus partie des priorités du gouvernement, avant le meurtre de l’Imam YATTABARE et celle d’un apprenti SOTRAMA (meurtres qui ont été la goutte d’eau qui a débordé la vase).
Les Maliens en avaient ras le bol des assassinats ciblés, des braquages qui se soldent dans la plupart des cas, par des morts d’hommes.
La preuve, le jeune Touré, un commerçant aux Halles de Bamako, a été tué pour son sac d’argent.
Deux jours avant, une cadre de la BCEAO a été contrainte à livrer ces bijoux en or et tous ses biens à des bandits munis d’armes de guerre. Des dizaines d’autres cas de braquages à mains armées peuvent être cités pour rallonger cette liste, rien qu’à Bamako. Pourtant, nous n’avons jamais entendu parler d’une réunion d’urgence de la part du ministre TRAORE.
Ces mesures de sécurité du ministre et ses collaborateurs lanceés, le lundi dernier, sont-elles nouvelles ? Nous répondons par la négative. Car, dès sa nomination, le ministre Général avait mis en place des mesures de sécurité qui avaient pourtant porté fruit. À titre d’exemple, tous les points stratégiques de Bamako à l’image des entrées des ponts étaient surveillés par des agents de sécurité. Mieux chaque véhicule qui y passait état minutieusement fouillé de fond en comble. Chaque motocycliste était soumis à un contrôle systématique. Ce dispositif semble montrer leurs limites ses derniers temps.
Pour revenir à la patrouille de la nuit du lundi, des dizaines d’hommes ont envahi un bar dans le quartier périphérique de Banconi pour traumatiser les gens. Quelle comédie ? Ces tueurs en séries contrôlent minutieusement leurs entrées dans des bars comme ‘’Africando’, qui est fréquenté par une foule d’amateurs. Et puis, le ministre TRAORE et ses sbires n’avaient pas besoin de tout ce show pour rassurer les populations de leur bonne foi dans leur mission de sécurité.
Les résultats de cette sortie hasardeuse, on nous apprend qu’il y a eu zéro bandit armé arrêté, zéro moto volée retrouvée, zéro trafiquant de drogue interpelé. La preuve, au moment où nous mettions sous presse cet article, une femme venait d’être poignardée au quartier Hippodrome de Bamako suite à une bagarre avec son copain, nous apprend-on. Nous pensons que l’arme la plus efficace contre l’insécurité est aussi la discrétion.
PAR CHRISTELLE KONE
Source: info-matin