Face à la rareté des ressources publiques, la participation du secteur privé aux efforts de développement apparaît comme indispensable. L’Etat et les privés ont uni leurs forces dans de nombreux projets de construction de centrales de production d’énergie.
Fort de cette conviction, le gouvernement a initié des réformes majeures en vue d’améliorer l’environnement des affaires. Cela s’est traduit notamment par l’adoption d’une loi sur les PPP en décembre 2016 et la mise en place d’une cellule dédiée uniquement à la gestion des questions de PPP qui est l’Unité PPP auprès du Premier ministre.
Selon la Banque mondiale (2016), le PPP est un contrat de long terme entre une entité publique et une société privée, à travers lequel la société privée s’engage à fournir un service global pouvant combiner financement, conception, réalisation, exploitation et maintenance d’une infrastructure publique. La société privée est rémunérée soit par les redevances payées directement par les usagers, soit par des paiements de l’entité publique, conditionnés à l’atteinte de certains niveaux de performance du service, soit par une combinaison des deux.
C’est ainsi que plusieurs contrats ont été signés dans le domaine de l’énergie entre l’Etat et les partenaires privés. Nous citons ici quelques exemples qui illustrent bien la bonne dynamique de la relation entre le gouvernement et le secteur privé dans ce domaine. Il s’agit, entre autres, de la centrale thermique au fuel lourd à Kayes de 90 mégawatt. Ce projet réalisé dans le cadre du partenariat public-privé sous forme de BOOT (Build Own, Operate and Transfert) signifiant en français «Conception, financement, construction exploitation et transfert» vise à renforcer l’offre énergétique.
La centrale a été mise en service à la suite de son inauguration le 31 octobre 2018 par le président de la République. Le coût total du projet est de 80 milliards Fcfa, financés par la société Albatros et ses partenaires. Le prix de cession du kwh à la société Energie du Mali EDM-SA est de 24,45 Fcfa hors indexation et hors coût du combustible.
ACCROÎTRE L’OFFRE- Le Projet de construction de la centrale solaire de 50 MWc à Kita est aussi un fruit du PPP. Il est issue de la signature d’une convention de concession de type BOOT entre le gouvernement et Akuo Kita Solar (AKS), société de droit malien et filiale d’Akuo Energy. Cette société a en charge le développement, le financement, la construction et l’exploitation de cette centrale solaire photovoltaïque de 50 MWc. L’objectif est d’accroître l’offre énergétique en améliorant la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Une manière de contribuer à la réduction des effets néfastes sur l’environnement. Le projet est financé par Akuo Kita Solaire et ses partenaires. La centrale sera raccordée à la ligne 225 kV Manantali-Kita-Kodialani (Bamako) au niveau du poste de Kita. Le productible annuel est de 76 GWh par an et le coût de cession du kWh est de 81 Fcfa. A la date du 30 juin 2019, l’état d’avancement global du projet était à 61,57 %. La fin des travaux est annoncée pour le 31 décembre 2019 et la mise en service commercial pour mi-février 2020.
A ces deux projets susmentionnés, s’ajoute celui de la construction de la centrale solaire de 33 MWc à Ségou/Pélengana. Le gouvernement a signé le 9 juillet 2015 une convention de concession avec la société Ségou Solaire en vue de la construction et l’exploitation d’une centrale solaire photovoltaïque de 33 Mégawatts crêtes suivant les principes du BOOT, à Pélengana dans la Région de Ségou. Compte tenu des changements intervenus sur les conditions de réalisation du projet, consécutives aux exigences des bailleurs de fonds, à la baisse du prix des équipements solaires notamment les panneaux sur les marchés internationaux, un avenant aux contrats de base du projet a été signé par les parties. Ces variations ont conduit à une révision à la baisse du coût des investissements en capital, passant de 33,12 milliards de Fcfa HT/HD à 26 milliards Fcfa HT/HDD. Ainsi, le prix de cession du kWh à EDM-SA est passé de 90,5 Fcfa à 78 Fcfa puis à 70 Fcfa HT/HD. Les travaux ont démarré cette année après la signature des derniers documents (avenant au contrat d’achat, arrêté d’exonération).
La construction en BOOT de la centrale solaire de 50 MW à Sikasso et le projet de construction en BOOT de la centrale solaire de 25 MW à Koutiala doivent aussi leur financement au PPP. Les conventions de concession de ces deux projets ont été signées à la suite d’un appel d’offres dont le lancement a été fait en avril 2015. Le coût total du projet est de 28,872 milliards de Fcfa avec un prix de cession du kWh à 70 Fcfa. L’entreprise Power Pro a été désignée attributaire provisoire pour la centrale de Sikasso et ACCES/EREN/AFRICA INVEST-SA/TSK pour celle de Koutiala. Les décrets d’approbation des conventions de concession des projets ont été signés courant 2019.
Suite aux résultats de l’étude d’injection de l’énergie des deux centrales sur le réseau interconnecté, les puissances retenues sont de 29 MWc pour Sikasso et 25 MWc pour Koutiala, pour des coûts de projet respectifs de 28,872 milliards de Fcfa et 21,8 milliards de Fcfa, avec un même prix de cession du kWh de 70 Fcfa. Le reste du processus suit son cours.
REDUCTION DU DEFICIT- Le projet de construction d’une centrale solaire photovoltaïque à Tinkélé (Selingué) par la Société Greenwish Partner est également un résultat du PPP. Le ministère de l’Energie et de l’Eau à travers la direction nationale de l’énergie a signé, le 20 mars 2017, un protocole d’accord avec GreenWish Partner portant sur le projet de construction d’une centrale solaire de 40 MWc à Tinkélé dans la Commune rurale de Ouélessébougou, Région de Koulikoro. Ce projet consiste en la construction et l’exploitation pendant 20 ans des installations destinées à la production de l’énergie électrique solaire. Il comprend une centrale solaire de 40 MW, une production d’énergie de 77,73 GWh/an, le raccordement de la centrale en coupure d’artère sur la ligne 150 kV entre la centrale hydroélectrique de Sélingué et le poste de Sirakoro. Il est prévu aussi la construction d’un poste de transformation de 33/150 KV.
Les études de faisabilité technico-économique et d’impact socio-environnemental ont été réalisées par le promoteur. Ce projet a été soumis à l’Unité partenariat public-public pour examen ainsi qu’aux acteurs impliqués pour la suite du développement. A la différence des autres centrales solaires, ce projet vise à participer à la réduction du déficit de puissance du Réseau interconnecté pendant les périodes de forte demande. L’Unité partenariat public-public a demandé de procéder à la réalisation préalable d’études de faisabilité.
Le projet de centrale solaire photovoltaïque de 100 Mwc en deux phases avec stockage au Mali s’inscrit également dans le cadre du PPP. Il permettra d’augmenter le taux d’électrification et la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique conformément aux objectifs de la politique énergétique nationale. Compte tenu des limites des modes conventionnelles de financement et de développement des projets à grande échelle en matière d’énergie et singulièrement d’énergies renouvelables, le département en charge de l’energie a entamé des échanges et discussions avec la société émiratie AMEA Power pour le développement d’un projet solaire photovoltaïque de 100 MWc avec une option de stockage d’énergie électrique.
L’objectif de ce projet est la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance, sous un montage de type BOOT des installations électriques en deux phases. La première phase portera sur une centrale solaire photovoltaïque avec stockage de 50 MWc de puissance installée ; la seconde phase aussi sera une centrale solaire photovoltaïque avec stockage de 50 MWc de puissance installée.
Depuis le mois de mai 2019, la société AMEA Power a recruté des bureaux d’ingénieur conseil pour la réalisation des études technico-financière, hydrologique, géologique, géophysique, topographique et d’impact environnemental et social. Auparavant, les activités suivantes ont été réalisées : mission d’identification de site ; validation du calendrier prévisionnel ; mission technique pour la sélection du site ; processus d’attribution du terrain sélectionné.
L’Essor