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Orpaillage des chinois à Narena : Les autorités échappent au lynchage à Koukoudoun

Les 1er et 2ème adjoint au maire Daouda Namballa de Narena, le sous-préfet de Narena et le préfet de Kangaba ont dû leur salut à la vitesse de leurs pieds à Koukoudoun, un hameau de Balankomana. Ce, face à la population en colère contre l’orpaillage des chinois dans le cercle de Narena. C’était dans l’après-midi du 13 juin 2022.

Les relations entre les autorités de Kangaba, celles de Narena et les populations ne sont plus au beau fixe. Et pour cause, les chinois sont dans la dynamique d’exploiter un site qui s’étend sur 100 km2 dans le cercle. Ce qui n’est pas la tasse de thé de la population qui n’a pas encore dit son dernier mot car la contestation ne faiblit pas depuis l’attribution du permis d’exploitation aux chinois par le ministre en charge de l’Energie et des Mines, Lamine Seydou Traoré.

Faut-il le rappeler, c’est après le permis de recherche que le premier responsable du département a signé un permis et donné aux chinois pour l’exploitation. En son article 1er, l’arrêté ministériel du 7 avril 2022 stipule qu’il est accordé à la société Yi Yuan Mines Sarl un permis d’exploitation de petite mine d’or et des substances minérales. L’article 3 de l’arrêté dit que la durée de validité de ce permis est de 4 ans renouvelable par tranche de 4 ans jusqu’à l’épuisement des réserves.

Les autorités de différentes localités mettent toute leur énergie dans la balance pour sensibiliser les populations. Les habitants du cercle ont toujours le nerf à fleur de peau et soutiennent qu’en ce début d’hivernage, ils n’accepteront pas que leurs champs soient pris pour des fins d’orpaillage. Des manifestations ont été organisées sur les artères, elles ont souvent conduit jusqu’à la mairie de Narena. Cela, pour montrer leur mécontentement aux autorités.

C’est suite à l’emprisonnement du conseiller du chef de village de Narena, le vieux Dibiba Kéita sur une plainte contre une cinquantaine de manifestants qu’une délégation composée du préfet de Kangaba, du sous-préfet de Narena, des 1er et 2ème adjoints au maire de Narena a été conspuée par les habitants du village de Koukoudoun, un hameau de Balankomana. Rien n’a donc filtré du motif de leur visite car les visiteurs du jour ont quitté le lieu sous les huées bien nourries d’une population remontée.

Dans une vidéo, on entend dire : « Vous allez nous tuer tous, sinon nous n’accepterons pas. Vous nous avez dérangez. Quitter notre village ». Dans une autre vidéo concernant le même sujet, une femme qui ne semble pas mâcher ses mots, prend la parole et demande de fermer le site d’orpaillage dans 5 jours. Sinon, selon elle, le commandant aura ce qu’il cherche. « C’est ce que je lui dis. Tous ceux qui cherchent à manger dans ce site d’orpaillage, qu’ils chutent dans leur vie comme les seins de la femme tombent », a-t-elle maudit.

« Vous nous avez dérangez », lance-t-elle. Et d’ajouter que si les habitants avaient pensé faire cela, maintenant trouverait qu’il n’y a rien à Narena. « Tu n’as besoin ni du village ni de la nouvelle génération, mais de ce que tu mets dans la poche, nous n’accepterons pas cela. Nous donnons votre sort au bon Dieu pour qu’il s’en occupe. La couleur de toutes les eaux a changé », martèle-t-elle.

Le vieux Dibi séjourne toujours en prison pour son opposition à l’orpaillage des chinois à Narena. Les populations ne décolèrent point. Ce qui fait dire que les brèches sont ouvertes à Narena. La cohésion sociale est en passe d’être ébranlée entre les frères et sœurs d’une même contrée. L’intervention des plus hautes autorités du pays est demandée pour éteindre le feu qui couve sous la cendre avant qu’il ne soit trop tard.

Bazoumana KANE

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PROTESTATION CONTRE L’ORPAILLAGE DES CHINOIS A NARENA

Le vieux Dibi Kéita séjourne en prison à Kangaba

 Pour avoir refusé que son champ soit pris dans le site d’orpaillage des Chinois, et s’étant porté porte-parole des 50 contestataires convoqués par le maire, ce ressortissant de Bayan, le vieux Dibiba Kéita est incarcéré à Kangaba. L’on est en droit d’affirmer que la situation tourne au vinaigre déjà.

A Narena, il y a un climat délétère qui prévaut. Et pour cause, les Chinois y sont présents pour l’exploitation aurifère. Mais la population n’entend pas de cette oreille et ne semble pas dire son dernier mot. Elle se plaint que cette zone que les Chinois veulent exploiter sert de champs de culture. Donc, les ressortissants de Narena et environs voient très mal que les champs soient transformés en site d’orpaillage. Suite à cette manifestation du lundi 30 mai 2022, le conseiller du chef de village, Dibiba Kéita, s’est retrouvé entre les quatre murs à Kangaba. Il ouvre ainsi le bal des premières victimes de la contestation contre l’orpaillage des Chinois à Narena.

L’on se rappelle que les Chinois étaient dotés d’un permis de recherche qui ne les autorisait pas à faire l’extraction de l’or. Mais, à la grande surprise des habitants de Narena, l’actuel ministre de l’Energie et des Mines, Lamine Seydou Traoré leur a attribué un permis d’exploitation. C’est dire que les Chinois ont été autorisés par le ministre malien.

Dans une de nos parutions précédentes, nous avons alerté sur le risque d’affrontement entre les Chinois et les ressortissants de Narena. Mais si les originaires de l’Empire du milieu et les habitants ne s’affrontent pas, il est très probable que les frères de la même contrée s’ouvrent des hostilités. Le ministre auteur du permis suit-il l’évolution de la situation à Narena après avoir délivré le document aux Chinois ? Et si le ministre anticipait sur le drame qui se profile à l’horizon ?

De sources proches de l’affaire, le lundi 30 mai 2022, la population a pris d’assaut la mairie car, disent-elles, c’est une lettre du maire qui a sollicité les hommes en uniforme pour sécuriser les Chinois dans leur travail. Comme le vieux Dibi s’est opposé à l’annexion de son champ dans le site, et s’est porté porte-parole pour parler au nom des 50 personnes convoquées par le maire, il a été invité à Kangaba pour se présenter devant le procureur. De là, sous un mandat de dépôt, il a été écroué.

« Le vieux Dibi a été emprisonné ; il a son champ à Bayan, c’est un conseiller du chef de village de Narena. Ils ont dit que même si le site touche un champ, ils vont le prendre. Nous avons dit que nous n’acceptons pas cela. Nous avons joint nos forces aux celles des contestataires des autres localités. Le renfort est venu pour maintenir l’ordre, sécuriser le site pour que les Chinois y travaillent. Nous aussi, nous nous sommes mis ensemble. Il s’agit des ressortissants de Balancomana, Sébécourani, Bayan, Narena, Koulaca. Nous sommes sortis en grand nombre », explique un ressortissant de Narena joint par nos soins.

Selon lui, ceux qui sont venus ont même fait savoir qu’ils ne connaissent pas le motif de cette mission avant. « Lorsqu’on leur a expliqué, ils ont dit que c’est étonnant qu’on prenne le champ de quelqu’un pour un autre besoin à l’approche de l’hivernage. Donc ils sont retournés », a martelé notre interlocuteur.

Comme le maintien d’ordre a informé que sa présence a été sollicitée par le maire à travers une lettre, les populations de ces villages, le nerf à fleur de peau, ont pris d’assaut la Mairie de Narena. « Au cours de la manifestation, la moto du maire, certaines portes et fenêtres de la Mairie ont été endommagées », reconnait-il. Cela a eu comme conséquence, la convocation par le maire de 50 personnes dont les ressortissants de Bayan et certains membres de l’association ‘’Sigida lakanda’’. Donc, de sources sûres, ils sont allés à la Gendarmerie avec le soutien de la population.

Les gendarmes auraient demandé au vieux Dibi de se rendre chez le procureur à Kangaba. Selon notre interlocuteur, chaque village a donné deux personnes pour l’accompagner. « Le maire nous a rejoints. Ils sont rentrés ensemble dans le bureau du procureur. Mais le maire est sorti et on a enfermé Dibi Kéita », martèle la source. Avant d’ajouter que le jugement serait prévu pour le 20 juin prochain.

De son point de vue, les Chinois ont vite fait d’acheter une moto neuve pour le maire. « C’est le maire qui a dit que sa moto a été endommagée, mais les Chinois lui ont acheté une moto neuve sur-le-champ », précise la source selon laquelle au moment où ils commencent à emprisonner, la situation prend une nouvelle tournure.

Dans une vidéo réalisée à la Mairie, les manifestants disent être dérangés et demandent de leur dire leur part du nouveau Mali tant chanté. « Les Chinois viennent détruire tous nos champs. Même s’il faut mourir, que cela soit fait, car les Chinois n’exploiteront pas nos champs. Nous qui avons construit la Mairie, nous pouvons la détruire », dit un ressortissant de Narena qui, de concert avec les autres, scande le refrain « A bas Chinois ! A bas Chinois ! A bas Chinois ! ».

Dans une autre vidéo, les populations se montrent dans la dynamique de bloquer la route pour manifester leur mécontentement. On comprend aisément dans cet élément que la population a sursis à ce blocage de la voie à cause de l’estime qu’elle a pour les porteurs d’uniforme. Mais la principale doléance est le départ pur et simple des Chinois.

Au regard de la tension qui plane dans l’air, il vaut mieux se lever tôt avant qu’il ne soit trop tard. Car les Chinois se défendent avec le permis signé par le ministre de l’Energie et des Mines tandis que les populations des différents villages ont le cuir dur face à la situation. A Narena, le feu couve sous la cendre. La réaction des plus hautes autorités de la République du Mali est vivement attendue. La cohésion sociale est en passe d’être mise en péril dans ce havre de paix.

Bazoumana KANE

 

Source: L’Alerte
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