Après quelques mois, la CEDEAO revient au Mali par l’intermédiaire de son médiateur dans la crise malienne. Cette visite de l’ancien Président Nigérian, Goodluck Jonathan, est à quelques jours des cent jours de la prestation de serment du président et du vice-président de transition au Mali. Cette mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) aura 48 heures pour échanger avec les différents acteurs impliqués dans cette crise.
Le médiateur dans la crise malienne, Goodluck Jonathan est depuis hier, lundi 11 janvier 2021, dans la capitale malienne. Cette nième mission au Mali vise à faire le point de situation sur la mise en œuvre de la feuille de route de la transition.
La mission dirigée par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan aura, à cette occasion, d’échanger avec les autorités de la transition. À cet effet, durant les 48 heures, des rencontres avec des acteurs chargés de l’organisation des élections présidentielles et législatives de l’année prochaine, mais rencontrera également les autorités de la transition, et la classe politique seront au centre de cette mission.
La mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest va s’intéresser de près à la situation politique locale. Une charte officielle précise que la junte malienne est dissoute après l’installation des institutions de la transition. Certes, tous les organes sont désormais opérationnels, mais les militaires restent très présents sur le terrain et dans les bureaux. Deux des organes de la transition (la vice-présidence et le Conseil national de la transition qui joue un rôle législatif) sont dirigés par les deux principaux auteurs du coup d’État du 18 août dernier. Ici, au sein de la classe politique malienne, ils ont leurs partisans, mais également des adversaires qui parlent de « transition militaire déguisée ». Une telle situation divise la classe politique au point d’entraver la mise en œuvre de la transition. Le Médiateur de la CEDEAO pourra-t-il rafistoler les brèches pour mettre l’ensemble des acteurs autour de l’objectif commun ? C’est l’une des interrogations à ce jour. Car depuis la dernière visite du chef de la mission, le Mali semble être laissé dans les oubliettes du fait des différents défis qui se présentent à la sous- région ouest-africaine. Plusieurs pays étaient en période électorale.
L’autre sujet qui sera abordé au cours de cette visite est relatif à l’actualité de ces derniers jours. Il s’agit de la récente tentative de déstabilisation de la transition. La mission de la CEDEAO devrait se renseigner sur ce dossier dans lequel plusieurs personnalités civiles ont été inculpées et mise sous mandat de dépôt.
Autre dossier préoccupant est relatif à l’organisation des futures élections présidentielles et législatives pour un retour des civils au pouvoir. Il convient de le rappeler, peu après le putsch, les militaires souhaitaient une transition de trois ans. Une position rejetée catégorique par la CEDEAO. Finalement, dix-huit mois ont été acceptés. Il faut donc préparer les futures échéances électorales de l’année prochaine. Dans ce cadre, des rencontres sont prévues entre la mission de la CEDEAO et des acteurs majeurs du processus électoral.
Il n’est un secret pour personne que cette transition divise la classe politique malienne depuis la position affichée des putschistes de vouloir diriger la transition en cours. Cette volonté des militaires s’est accentuée par la mise à l’écart du mouvement de contestation du M5-RFP dans la mise en place du Conseil national de transition (CNT).
Cette visite du médiateur pourra-t-elle décanter les méfiances persistances des différentes parties?
Bourama Kéïta
Source: Le Combat