On peut se demander pourquoi le Rassemblement pour le Mali (RPM) ne s’est pas accaparé des ministères de souveraineté mais a plutôt jeté son dévolu sur les départements comme le développement rural, l’environnement et l’assainissement, l’Emploi et la formation professionnelle, les Maliens de l’extérieur, la Promotion de la femme, la jeunesse et les sports ? L’approche des élections législatives y est pour quelque chose.
Certains analystes politiques appellent « départements de masse « ceux à travers lesquels les ministres sont plus en contact avec les masses populaires, l’électorat. L’expérience a montré que c’est à ces portefeuilles que la plupart des ministres ont le loisir de faire le plus souvent d’une pierre deux coups : mission de l’Etat et opération de charme électorale à travers la mobilisation et la redynamisation des différentes sections du parti.
En effet, on peut se demander comment le RPM, le parti du président de la République, n’a pas cru devoir s’attribuer les ministères de souveraineté comme les Affaires étrangères , la Défense, l’Economie et les Finances confiés respectivement à des alliés et amis d’IBK que sont Zahabi Ould Sidi Mohamed, Soumeylou Boubèye Maïga et Mme Bouaré Fily Sissoko. Au lieu de jeter son dévolu sur ces portefeuilles de grande visibilité, le RPM a plutôt préféré mettre dans sa gibecière les départements à la tête desquels tout sera entrepris pour redonner un nouveau souffle au parti. Il s’agit des ministères du développement rural à travers lequel le « revenant » Bokary Tréta va s’atteler rapidement à réchauffer ses contacts au niveau du monde paysan.
En effet, en mobilisant par exemple les ressources humaines nécessaires dans la zone Office du Niger, où des changements de tête son attendus, le ministre secrétaire général du RPM va certainement renforcer la présence du parti dans toute la région de Ségou.
De même, le fort potentiel agricole de la région de Sikasso (le Kénédougou) sera fortement mis en branle pour donner un nouveau dynamisme au parti du tisserand. Ceci dans la mesure où IBK et les premiers responsables du RPM ne se doutent pas que les alliés d’aujourd’hui peuvent demain retourner leur veste en quittant éventuellement la majorité présidentielle. L’hypothèse d’une compétition entre la CODEM du jeune député de la localité Housséini Amion Guindo dit Poulo et le RPM n’est pas à exclure dans la région de Sikasso. Puisque, malgré l’alliance entre le parti de la quenouille et celui du tisserand, Poulo voudra conserver sa marge de manœuvre en se donnant un groupe parlementaire consistant.
Par ailleurs, la ministre de la Promotion de la femme, Mme Sangaré Oumou Bah, ne se privera pas de convaincre les femmes pour la cause du parti du tisserand. Cette vice-présidente du RPM mettra à profit sa présence à la tête du ministère de la promotion féminine, de la famille et de l’enfant pour doper les chances de son parti dans la perspective des prochaines législatives. Ce sera sûrement la même stratégie de remobilisation des troupes avec le jeune Mahamane Baby. Le nouveau ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle non moins ancien président de la jeunesse RPM, grâce aux privilèges que lui confère la politique de l’emploi, cherchera à donner une nouvelle vitalité à un parti, qui semblait sombrer dans la léthargie.
Comme on le voit, le parti du tisserand compte tirer le plus grand profit de l’élection de son charismatique leader, Ibrahim Boubacar Kéita à la tête du pays. Même si le chef de l’Etat a nommé à la primature un technocrate de grande réputation pour préparer les élections législatives, le parti d’IBK ne se privera pas de stratégie pour rafler la mise lors de ces élections. Y parviendra-t-il, au moment où l’opposition URD-FARE-PARENA-PDES ne cesse de fourbir les armes ? Wait and see.
Bruno D SEGBEDJ
Source: L’Indépendant