Le weekend dernier, les associations et organisations professionnelles de la presse membres du Comité de Pilotage de la Maison de la Presse ont procédé au renouvellement des instances de l’organisation faitière des médias du Mali. Dramane Aliou Koné est élu Président. Daouda Mariko et Alexis Kalambri respectivement 1er et 2ème vice-présidents. Dado Camara et Baye Coulibaly, trésorière et adjoint. Mamary Koné et Bandé Moussa Sissoko, 1er et 2ème rapporteur. Et un comité des experts présidé par Filifing Diakité.
A l’analyse des personnalités et des compétences qui composent la nouvelle équipe de la Maison du Presse du Mali, nous pouvons oser apprécier que ce soit une bonne équipe de femmes et d’hommes d’expérience. Pour trois raisons.
Première raison. C’est une équipe assez représentative de la presse malienne dans sa composante la plus essentielle. Les radios libres, les journaux, la presse publique audiovisuelle et écrite, sans compter les syndicats de la presse comme l’UNAJOM, ou encore des associations de défense des droits et de la liberté de la presse comme UJIPLF, APAC, RJPRODH. Il est vrai qu’avec l’évolution fulgurante de la presse, certains réaménagements sont indispensables pour intégrer les nouvelles donnes.
Deuxième raison. Ces femmes et ces hommes qui viennent d’être portés à la tête de la MP sont tous du métier et vivent principalement des ressources de la profession. Ils connaissent les médias maliens et les acteurs qui l’animent. Chacun d’eux a une expérience confortable dans la vie associative.
Troisième raison. Ceux à qui on a confié les destinées de la Maison de la Presse pour les quatre prochaines années sont, à notre connaissance et de l’avis général, d’une probité et intégrité morale irréprochables. Ils ont l’amour du métier et se sont toujours battus pour l’épanouissement de la presse malienne.
Nos propos, ici, ne sont point un chèque à blanc à la nouvelle équipe encore moins laudateurs, mais nous pensons sincèrement qu’ils ont le profil du job. A voir s’ils sauront relever les nombreux défis auxquels la presse malienne fait face.
Les défis
Les défis de la presse malienne sont nombreux et divers. Ils ont pour nom : la formation, l’imprimerie, la distribution, les études d’audience, la législation, la gouvernance, la régulation, l’accès à l’information, le respect du code de déontologie et de l’éthique. Et la liste n’est pas exhaustive. Voilà ce qui attend la nouvelle équipe.
Si l’équipe précédente dirigée par Makan Koné peut se réjouir, que sous son mandat, la presse malienne a été dotée d’un bâtiment flambant neuf (à nulle autre pareille dans la sous région) offert par le Président de la République de l’époque Amadou Toumani Touré, la nouvelle équipe a le défi de l’entretien dudit bâtiment menacé de délabrements qui ne sont pas forcément dus à une mauvaise gestion mais aux problèmes d’ouvrages techniques. L’ancienne équipe mérite toutes nos félicitations pour avoir su maintenir la Maison de la Presse comme le cadre de débats et de rencontres de toutes les sensibilités du pays. Et aussi d’avoir créé l’intérêt des professionnels à fréquenter leur maison, leur principal cadre de retrouvailles. Ces acquis, à l’actif de l’ancien comité de pilotage, méritent d’être consolidés et innovés par Dra et son équipe.
La Constitution de la 3ème République (promulguée par le décret N°92-037/P-CTSP du 25 février 1992), en son article 7 dit : «La liberté de presse est garantie. Elle s’exerce dans les conditions fixées par la loi. L’égal accès pour tous aux médias d’état est assuré par un organe indépendant dont le statut est fixé par une loi organique.»
Mieux, le décret n° 96 – 135 / P- RM consacre la Maison de la presse d’association d’utilité publique et le décret N° 03- 264 /P-RM DU 7 juillet 2003 détermine les conditions d’éligibilité, d’attribution et de gestion de l’aide publique à la presse.
La presse malienne doit ce statut au rôle remarquable qu’elle a joué dans l’avènement de la démocratie. Mais pour autant, les défis restent entiers. Aujourd’hui les textes sur la presse ont besoin d’être relus pour être conformes aux réalités du moment. Principalement la Loi N°00-046 du 7 juillet 2000 portant régime de la Presse et délit de presse, et le décret sur l’aide publique à la presse dont le montant est aujourd’hui dérisoire.
La gouvernance de nos entreprises de prise et les manquements graves et récurrents aux règles élémentaires de la déontologie et de l’éthique professionnelle de ce noble métier sont autant de défis, qui, nous pensons, méritent d’être rappelés à chaque occasion.
Il est vrai que la nouvelle équipe de la Maison de la presse, ne saura comme par une baguette magique, résoudre tous les problèmes de la presse malienne, mais aura le mérite de s’en pencher et de tenter de fédérer tout le monde autour des questions essentielles. Le nouveau comité de pilotage de la Maison de la presse a l’atout d’avoir des documents de référence, comme les troisièmes journées nationales de l’information et de la communication tenues en 2009 ou encore l’atelier sur la relecture des textes de l’ODEP. Son plan d’action peut être bâti autour desdits documents.
Nous souhaitons bonne chance à Dramane Aliou Koné et à toute l’équipe dirigeante de la Maison de la Presse.
Alfousseiny SIDIBE