Avec l’avènement des nouvelles technologies, nos yeux ne quittent presque plus les écrans. Ordinateur, téléphone portable, tablette occupent toutes nos journées. Et pourtant, ces objets peuvent abîmer notre vision. Leur utlisation abusive peut provoquer la sécheresse occulaire.
Selon le Dr Ibrahim Bamanta, chirurgien ophtalmologiste de santé communautaire et chef du service d’ophtalmologie de l’hôpital Sominé Dolo de Mopti, l’exposition de l’œil humain aux écrans peut entraîner des problèmes oculaires graves et irréversibles. Le spécialiste rappelle que l’œil humain est l’organe de la vision de l’être humain. Il lui permet de capter la lumière, pour ensuite l’analyser et interagir avec son environnement. Il permet également à l’homme de distinguer les formes et les couleurs.
Quant à la lumière, Dr Ibrahim Bamanta explique que c’est un rayonnement électromagnétique dont la longueur d’onde comprise entre 400 et 780 nm, correspond à la zone de sensibilité de l’œil humain, entre l’ultraviolet et l’infrarouge. Il souligne que nos yeux sont exposés à un certain nombre de lumières qui sont le soleil, le ciel bleu, la neige, le téléviseur, les ordinateurs, les Smartphone. Mais la quantité de ces lumières diffère : le soleil et la neige (10 000candela/m), ciel bleu (5000cd/m), téléviseur (400cd/m), ordinateur et Smartphone (250cd/m). Il faut noter que la candela par mètre carré est l’unité dérivée de luminance du Système international d’unités.
«On peut déjà observer que l’exposition de l’œil humain à des écrans est de 10 à 20 fois inferieure à son exposition dans la vie quotidienne à l’extérieur», argumente le spécialiste. Toutefois, dit-il, l’exposition prolongée aux écrans peut être source d’inconfort, voire de douleur au plan visuel.
Par ailleurs, Dr Bamanta précise que cela est valable pour les enfants ainsi que les adultes. En effet, les écrans visuels affectent notre vision et peuvent provoquer des pathologies parfois très graves et irréversibles. «Fatigue oculaire, picotement, troubles de la vision, baisse de la capacité à voir de loin ou migraine. Les jeunes qui sont particulièrement exposés à ces troubles, éprouvent des difficultés à voir de loin et souffrent de fatigue visuelle », révèle-t-il.
Il ajoute qu’un risque accrue de fatigue et de sécheresse serait tout d’abord lié au fait que face à l’écran, nous avons tendance à ouvrir grands les yeux et à réduire la fréquence de nos clignements. « Si nous clignons en moyenne 16 fois des yeux dans le cadre d’une conversation normale, nous le faisons à peine 6 fois pour une durée équivalente passée sur un écran. Ce phénomène est d’autant plus marqué lorsque l’activité sur l’écran se fait dans le contexte stressant de l’activité professionnelle et non dans un contexte de loisirs. Un autre facteur en cause est la position de l’écran si celui-ci est situé à hauteur des yeux, nous avons tendance à écarquiller les yeux et à les exposer ainsi à un risque accru de sécheresse oculaire », explique le médecin.
Le toubib tient à préciser que contrairement à ce qu’on a pu penser auparavant, on sait aujourd’hui que les écrans n’entraînent pas de baisse de la vision et qu’ils ne rendent pas myopes non plus. De même, aucune étude scientifique à ce jour ne permet de conclure que les lumières bleues des écrans mettraient en danger nos yeux à proprement parler. Des études menées sur des animaux ont toutefois mis en évidence certains risques pour la rétine en cas de forte exposition à la lumière bleue. Cependant, ces risques ne sont pas directement transposables à l’être humain. Mais le principe de précaution s’impose et la plupart des experts recommandent de limiter notre exposition à la lumière bleue.
Dr Bamanta explique que les enfants ont une cornée et un cristallin transparent plus sensibles à la lumière bleue que ceux des adultes. Cependant, il ajoute qu’il ne faut pourtant pas sombrer dans la psychose car tout est question de mesure. La meilleure des préventions, pour nos yeux, comme pour notre santé mentale, reste de garder une certaine distance avec les écrans au sens propre et au sens figuré : pas d’utilisation excessive ni prolongée, et au moins 50 cm entre l’écran et nos yeux.
Le spécialiste juge nécessaire de garder à l’esprit que les ultraviolets (UV) sont bien plus dangereux pour nos yeux que la lumière bleue des écrans, alors que nous ne les protégeons pas systématiquement avec des lunettes de soleil.
«Il nous incombe de prendre des précautions pour améliorer notre confort visuel, les écrans ne nous jettent pas d’ondes nocives, mais révèlent des troubles à la puissance 10», souligne-t-il.
Etant donné que nos yeux sont nos biens les plus précieux, l’ophtalmologiste nous recommande de prendre quelques précautions. Il s’agit de consulter régulièrement un spécialiste pour adapter notre équipement car la moindre petite myopie qui ne pose aucun problème dans la vie quotidienne, peut devenir très gênante devant un écran. Mais aussi de choisir un bon emplacement par rapport aux fenêtres.
Il insiste surtout sur le fait de placer toujours le poste de travail perpendiculairement à la fenêtre, la lumière du jour doit être soit à gauche soit à droite de l’écran.
Choisir la bonne lumière : une pièce idéalement éclairé est une pièce dont la lumière ambiante est deux fois moins importante que la lumière nécessaire à la lecture d’un document papier. Concernant l’écran, il suggère qu’il soit à la bonne hauteur : le haut du front doit se situer au niveau du haut de l’écran, soit à la bonne distance (50 à 70 cm).
Il faut aussi régulièrement dépoussiérer l’écran éteint et baisser le plus possible la luminosité. Ce n’est pas tout, le docteur recommande aussi d’observer une pause toutes les heures, pendant 5 à 15 minutes pour reposer nos yeux et essayer de ne plus rien fixer de près.
Fatoumata NAPHO
Source: L’Essor- Mali