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Nos expatriés : Cheick Ismaël Coulibaly «la crise joue beaucoup sur notre football»

Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, l’ancien joueur d’Oslo football académie de Dakar aborde plusieurs sujets : son bref séjour en Angleterre, les conditions de son transfert en Belgique, le parcours du Mali au CHAN, la crise du football malien, etc

 

L’Essor : En septembre 2020, vous avez été recruté par Sheffield United en provenance de Sarpsbord 08 avant d’être prêté dans la foulée au club belge, Beerschot. Quelles sont les conditions de ce prêt ?

Cheick Ismaël Coulibaly : Avant de parler des conditions de ce prêt, je voudrais d’abord rendre hommage à l’équipe nationale locale qui vient de faire un bon tournoi au Championnat d’Afrique des nations (CHAN) au Cameroun. Je m’adresse au capitaine Djigui Diarra et à ses coéquipiers, qui ont rendu toute une nation fière en atteignant la finale. Nous, les expatriés, sommes fiers d’eux et espérons de tout cœur que la belle prestation de l’équipe leur permettra de décrocher des contrats professionnels dans les jours à venir.

Pour en venir à votre question, j’ai été effectivement transféré de la Norvège à l’Angleterre et directement prêté en Belgique pour trois ans. Les conditions sont très simples, j’avais besoin de temps de jeu pour ne pas perdre ma forme. Je dois passer trois ans avec les Kielse Ratten (surnom de K Beerschot VA). J’avoue que l’entraîneur du club, Hernan Losada, aime ma façon de jouer. Après chaque match, il me répète que je suis un joueur prometteur. Je suis content de tout ça (rires).

L’Essor : Quitter la Premier League qui est considérée comme le championnat le plus populaire pour la Belgique. Qu’est-ce qui motive ce choix ?

Cheick Ismaël Coulibaly : Effectivement, la Premier League est le plus grand championnat en Europe. Mais ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que ce championnat a des règles compliquées pour les joueurs africains. Tous les joueurs africains qui sont passés par l’Angleterre le savent. J’explique mon cas. Quand j’étais en Angleterre, Sheffield United a tout fait pour obtenir un permis de travail et malheureusement mon club n’a pas pu l’obtenir. La vie d’un footballeur noir est très difficile en Angleterre contrairement à la Belgique. C’est pour cette raison que Sheffield United m’a prêté à K Beerschot VA et j’avais aussi besoin de temps de jeu.

L’Essor : En 18 apparitions avec Beerschot, vous avez marqué 5 buts. Peut-on dire que les choses se passent bien pour vous ?

Cheick Ismaël Coulibaly : Tout à fait, les choses se passent super bien ici en Belgique. Le jour où j’ai posé ma valise ici à Anvers, c’était comme si j’étais au Mali. Les dirigeants, mes coéquipiers et les supporters m’ont bien accueilli et ils m’ont aidé pour mon adaptation et l’entraîneur me fait beaucoup confiance. Ceci explique peut-être mon bon début de saison. Même si je suis un milieu de terrain, je compte marquer beaucoup de buts, afin d’attirer la convoitise des écuries européennes.
L’Essor : Beerschot occupe le 8è rang du classement du championnat. Quels sont les objectifs du club cette année ? Sur un plan personnel, est-ce que vous vous êtes fixés des objectifs à atteindre ?
Cheick Ismaël Coulibaly : Beerschot est un club promu dans l’élite belge. Le club a été champion de D2 l’année dernière et l’objectif en début de saison était le maintien dans l’élite. Maintenant qu’on a pu assurer ça, on vise une qualification européenne. Sur un plan personnel, je compte tout simplement faire honneur à mon club, en marquant des buts et en faisant marquer. Je prie tout le temps pour y arriver et je demande la bénédiction de tous les Maliens.

L’Essor : Vous avez certainement suivi le CHAN qui vient de s’achever au Cameroun. Quels commentaires faites-vous de la prestation des Aigles Locaux ?

Cheick Ismaël Coulibaly : J’ai beaucoup aimé cette question. Dès le début du CHAN, je me suis organisé pour ne pas rater les matches des Aigles Locaux. Dès fois, j’avais du mal pour avoir la connexion à la télé et quand cela arrivait, je regardais le match sur You tube sur mon ordinateur. Quand mon pays joue, tout s’arrête chez moi. Je dis tout simplement bravo à cette belle équipe qui a fait honneur au peuple malien durant ce tournoi. Les joueurs ont bien joué, mais ils n’ont pas eu la chance et devant, les attaquants n’ont pas été percutants. Mes grands frères ont rendu fière toute une nation. Au départ, il y avait 16 équipes et ils ont terminé deuxièmes, c’est une bonne performance. Les expatriés saluent leur parcours et les incitent à aller de l’avant dans leur carrière.

L’Essor : Vous avez joué la CAN U20 en Zambie en 2017. Quels souvenirs avez-vous de cette campagne et quelles sont aujourd’hui vos ambitions pour la sélection nationale A.

Cheick Ismaël Coulibaly : Je garde un mauvais souvenir de la CAN U20 en Zambie parce que la compétition s’est très mal passée pour nous. Nous avons été éliminés dès le premier tour. Pourtant, l’équipe avait fait une bonne préparation avec le sélectionneur Baye Bah que je salue ici. On ne s’attendait pas à une élimination précoce, ça été une véritable humiliation, surtout le match contre le pays organisateur, la Zambie qui nous a battus 6-1 au compte de la 2è journée de la phase de poules. Ce sont des sentiments de regret et de déception qui animent tous les joueurs de cette campagne.
Parlant de mon ambition pour la sélection A, j’attends avec impatience ma convocation par le technicien national, Mohamed Magassouba. Mon rêve a toujours été d’évoluer avec les Aigles A. Je travaille dur pour y arriver et j’espère que ça viendra très bientôt. Chaque joueur rêve d’enfiler le maillot de son pays, ne serait-ce que pour être respecté dans son club.

L’Essor : Les Aigles se sont qualifiés pour la phase finale de la prochaine CAN, à deux journées de la fin des éliminatoires. Est-ce une surprise pour vous et que pensez-vous du groupe du sélectionneur Mohamed Magassouba ?

Cheick Ismaël Coulibaly : Non, ce n’est pas une surprise. Le football malien s’est beaucoup développé et la Fédération malienne de football est en train de faire son possible pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions de travail. Je pense que ce travail commence à porter fruit. Nous avons une bonne équipe, qui est composée de jeunes éléments qui sont en train de briller dans leurs clubs respectifs. J’ai vu quelque chose de fantastique dans le groupe, les joueurs sont soudés, cela se voit même dans le jeu. Nous prions pour que le Mali remporte la CAN 2022 au Cameroun.

L’Essor : Après les éliminatoires de la CAN, les regards se tournent désormais vers celles de la Coupe du monde. Selon vous, quelles sont les chances du Mali qui n’a jamais réussi à se qualifier pour la phase finale du Mondial ?

Cheick Ismaël Coulibaly : Je suis optimiste pour le Mali. Quelque chose me dit que cette fois sera la bonne pour notre pays. Ça fait longtemps qu’on se bat pour avoir le ticket de la Coupe du monde. Avec le sélectionneur Mohamed Magassouba, j’espère vraiment qu’on atteindra l’objectif. Nous avons tous les moyens pour être au Qatar en 2022. Je souhaite bonne chance à l’équipe et mon rêve est de participer aux éliminatoires du Mondial.

L’Essor : Un petit mot pour les supporters maliens qui ne vous ont pas vu depuis près d’un an

Cheick Ismaël Coulibaly : Je demande aux supporters de continuer à croire aux sélections nationales et à être patients. Les joueurs sont là pour eux et prêts à tous les sacrifices pour satisfaire les supporters. Je lance un cri de cœur aux dirigeants maliens, je vous en supplie mes papas, enterrez la hache de guerre et mettez fin à cette crise qui n’a trop duré et qui joue énormément sur notre football. Tous les joueurs veulent voir les dirigeants s’unir. Lors du CHAN, j’ai tellement adoré la complicité entre Issiaka Samaké du Stade malien et Siaka Bagayoko du Djoliba, on dirait qu’ils jouaient dans la même équipe. Nous voulons voir la même chose chez les dirigeants.

Enfin, je salue tous les Maliens pour leur soutien et leurs encouragements à l’endroit des footballeurs. Je dis à tous les Maliens de rester forts pendant ces moments difficiles avec la pandémie de la Covid-19 et de se protéger.

Interview réalisée par Djènèba BAGAYOKO

Source : L’ESSOR

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