BAMAKO – Des partisans de la rébellion touareg Mnla, en proie à des divisions, ont saccagé, jeudi, des bâtiments publics à Kidal, dans le nord du Mali, où l’armée française, poursuivant sa traque des jihadistes, a tué plusieurs membres d’Al-Qaïda.
Ces développements surviennent à 10 jours d’élections législatives censées parachever la fin de la transition politique au Mali… Le premier tour des législatives est prévu le 24 novembre, et un éventuel second tour le 15 décembre. Mais le pays peine à être sécurisé Les jihadistes ont mené plusieurs attaques ces dernières semaines et tué deux journalistes français à Kidal. Ces événements soulignent le flou entourant le statut de cette ville du désert, devenue une “zone de non-droit” sans réel contrôle, selon plusieurs responsables maliens.
Jeudi en milieu de journée, quelques dizaines de femmes et de jeunes partisans du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) y ont saccagé des bâtiments publics pour protester contre la décision de leurs chefs de quitter certains de ces locaux. Le Mnla, qui les occupait depuis neuf mois, a décidé leur évacuation dans le cadre d’un accord signé en juin avec le gouvernement et pour permettre la poursuite de discussions de paix. Selon des habitants et une source militaire africaine sur place, un sit-in d’anti-évacuation débuté en matinée au gouvernorat a dégénéré en violences. Des jeunes ont saccagé et brûlé une partie du gouvernorat, du Trésor public et d’un bâtiment de l’Education nationale proche. Aucun bilan n’était immédiatement disponible. Les mouvements d’humeur s’étaient calmés vers 14H00 (locale et Gmt) et n’avaient pas suscité de réactions de militaires maliens et de soldats de la mission de l’Onu (Minusma) présents dans la ville. “Nous avions pris acte de la décision du Mnla d’évacuer les locaux du gouvernorat de Kidal et de la radio. Nous prenons acte aussi de ce qui vient de se passer”, a réagi le ministre malien des Affaires étrangères, Zahabi Ould Sidi Mohamed. “Est-ce que les chefs du Mnla arrivent à faire respecter leurs décisions par leurs troupes ou leurs militants ? C’est la grande question. Et les jours à venir vont nous prouver si cette décision politique que le Mnla a eu à prendre, il peut la faire respecter”, a-t-il ajouté.
Des jihadistes neutralisés
Le Mnla avait repris pied à Kidal après une intervention militaire franco-africaine déclenchée en janvier 2013 – et toujours en cours – qui a permis de chasser des grandes villes les groupes islamistes armés qui occupaient le Nord malien depuis plusieurs mois. Ces groupes liés à Al-Qaïda avaient profité d’une offensive contre l’armée malienne, déclenchée par le Mnla en janvier 2012, pour prendre avec lui le Nord avant de l’en évincer. La France, fer de lance de l’offensive contre les groupes islamistes armés, dispose actuellement d’environ 3.000 militaires au Mali, où elle poursuit la traque des jihadistes.
Selon le chef d’état-major français Edouard Guillaud, ses troupes ont mené, dans la nuit de mercredi à jeudi, une “opération spéciale” dans une zone désertique, à environ “200-250 km à l’ouest de Tessalit”, plus au nord de Kidal, qui a permis de “neutraliser” plusieurs membres d’Al-Qaïda et de saisir du matériel. L’amiral Guillaud n’a pas précisé si ces islamistes avaient été capturés, blessés ou tués. “Au moins trois jihadistes ont été tués”, a indiqué une source militaire malienne jointe à Kidal, parlant de “frappes aériennes”.
Les Français sont intervenus dans la nuit après avoir “repéré un convoi de jihadistes vers Tessalit”, a précisé cette source. Au Mali, les opérations militaires “ne sont pas encore terminées”, la mission commencée dans la nuit “continue et maintenant nous récupérons le matériel qui va parler d’une certaine façon”, a précisé l’amiral Guillaud. En dépit de ces développements sécuritaires, les autorités maliennes ont foi en la tenue des législatives selon le calendrier prévu. “Les élections législatives auront lieu sur l’ensemble du territoire malien, y compris à Kidal, sans distinction aucune, et personne ne peut les empêcher”, a assuré le chef de la diplomatie malienne.