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Nigeria : « Il faut que la Suisse suspende la restitution de l’argent volé par Abacha »

Dans un accord secret révélé par « Le Monde Afrique » en mars dernier, Genève mettait fin aux procédures contre les fils de l’ancien dictateur nigérian Sani Abacha qui a régné de 1993 à 1998. Les autorités genevoises ont ainsi organisé la restitution de plus d’un milliard de dollars qui avaient été siphonnés par le dictateur dans les caisses de l’Etat et placés sur des comptes à l’étranger.

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Pour le militant nigérian David Ugolor, chef exécutif de l’ONG Réseau africain pour l’environnement et la justice économique (ANEEJ), cet arrangement en catimini est contestable.

Les Nigérians ont-ils été informés que des centaines de millions de dollars vont être rendues à leur Etat ?

Absolument pas, puisque cette information n’a pas été médiatisée par les autorités nigérianes. Il faut que la Suisse suspende cette restitution de l’argent volé par Abacha et ouvre une enquête sur ce sujet. Blanchir ainsi la famille Abacha dans un accord secret est inacceptable. Cela viole les droits du peuple nigérian et encourage les dictateurs à voler leur pays en toute impunité.

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D’après le document confidentiel signé le 14 juillet 2014, la Banque mondiale doit contrôler et encadrer la restitution de ces millions de dollars afin qu’ils bénéficient bien au peuple nigérian et non pas à quelques proches du pouvoir. Un « monitoring » a-t-il été mis en place à votre connaissance ?

Dans la toute première restitution organisée par la Suisse en 2005, la Banque mondiale avait établi un rapport sur la bonne attribution de ces fonds. J’avais d’ailleurs contribué à ce rapport et déjà à l’époque, nous avions constaté que ces 500 millions de dollars s’étaient simplement perdus dans la nature.

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Avec cette nouvelle restitution, cela va recommencer. Je sais que la Banque mondiale n’est pas encore au courant de ce qui est en train de se passer. Mais je veux dire aussi que la Banque mondiale n’est pas le Nigeria. Nous, les Nigérians, sommes capables et responsables. Nous pouvons gérer ce dossier sans que cette institution ne s’en mêle à notre place.

Une partie des millions a déjà été versée, notamment pour payer les avocats et les intermédiaires qui ont travaillé sur ce dossier. En Suisse, l’avocat Enrico Monfrini, qui représentait le Nigeria, a ainsi perçu près de 23 millions d’euros et l’étude CMS Von Erlach Poncet de Christian Lüscher 16 millions, en partie reversés à d’autres avocats. Comment réagissez-vous ?

C’est une honte ! Notre pays souffre d’une grande pauvreté et ces millions seraient bien plus utiles pour construire des écoles et nourrir nos enfants. Ces sommes astronomiques n’ont rien à faire dans la poche de ces avocats. Nous exigeons que ces avocats suisses rendent cet argent au peuple nigérian. Quant à Enrico Monfrini, je l’ai appelé plusieurs fois pour avoir des explications, mais il ne m’a jamais répondu.

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Vous avez écrit au ministère nigérian de la justice afin de savoir où cet argent a été versé. Vous a-t-il répondu ?

Nous avons reçu un courrier qui renvoie la balle au ministère des finances… Mais je sais déjà que personne ne nous répondra. Ce gouvernement était totalement corrompu et l’ancien président, Goodluck Jonathan, était très lié à la famille Abacha car il avait besoin de leur soutien politique.

Depuis, un nouveau président, Muhammadu Buhari, a été élu. Cela peut-il augurer un changement de la part d’Abuja sur ce dossier ?

Je l’espère. Ce gouvernement a promis d’en finir avec la corruption et je leur fais confiance pour empêcher que les millions rendus au Nigeria ne profitent aux Abacha ou à leurs proches. Nous allons mobiliser la population afin de pousser le président à ne pas oublier ses promesses. Une pétition sera lancée la semaine prochaine dans le monde entier.

Source: lemonde.fr

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