L’écrivaine malienne, poétesse de prédilection, Niaré Fatoumata Kéita, vient lancer sur le marché son tout nouveau livre intitulé “Ce n’est jamais fini”, un seul et long poème qui traite une panoplie de thèmes touchant notamment à la société malienne. La rédaction du journal Aujourd’hui-Mali est allée à sa rencontre pour parler de son nouvel ouvrage.
Aujourd’hui-Mali : Bonjour Fatoumata, vous venez de publier un nouvel ouvrage “Ce n’est jamais fin “ Tome 1, pouvez-vous nous présenter ce nouveau bébé ?
Niaré Fatoumata Kéita : “Ce n’est jamais fini” est un long poème de 85 pages traitant des thèmes variés et publié chez la Sahélienne en septembre 2018.
Celui-ci est le Tome 1, alors cela signifie certainement que d’autres tomes s’ensuivront ?
Deux tomes viendront après le premier. J’ai déjà fini avec le deuxième tome que je vais prendre le temps de dorloter, tricoter, tripoter, caresser, griffer, désherber pendant une année encore, avant de le mettre à jour en septembre 2019, inch’Allah.
Pourquoi le choix de ce titre ” Ce n’est jamais fini ” ?
C’est un titre porteur d’espérance pour dire que lorsqu’on croit tous les horizons bouchés, il y a une lumière qui peut s’échapper pour nous surprendre au moment où on s’y attend le moins. Ce n’est fini parle de la succession des événements malheureux par les événements heureux et vice versa. Les rires succèdent aux pleurs et les pleurs aux rires. Ce n’est jamais fini.
Au fil des vers, nous remarquons que vous rendez hommage à des personnes, notamment des membres de votre famille. Pourquoi ce ” clin d’œil ” ?
Ce clin d’œil pour un brin de gratitude à tous et à toutes celles qui ont été à mes côtés quand j’en avais besoin. Il est important pour moi d’être reconnaissante. Car notre vie est parsemée d’épreuves difficiles et de moments favorables. Ils méritent d’être cités, ceux et celles qui ont partagé ces moments avec nous.
Les thèmes de l’amour et de la religion sont les plus évoqués dans le poème, alors que représentent-t-ils pour vous ?
L’Amour au sens large du terme nous aide à tenir et à avancer sur le chemin de notre vie. L’amour inconditionnel de notre mère, celui de nos enfants, celui de nos frères et sœurs, celui de notre conjoint, celui de nos amis. C’est important tous ces liens qui forment une sorte de toile autour de nous et nous maintient accrochés à la vie. Il faut y donner une place.
La religion, oui, je crois profondément en Dieu, sans être très pratiquante. Ma foi se manifeste autrement. Pour la plupart de mes actes, je sens le regard divin sur moi. Ce grand grand-père qui me boude si je me comporte mal et que je sens gai à mon égard quand je me conduis correctement. Je crois que cette dimension de la croyance est importante pour chaque croyant pour que le monde aille mieux et que chacun cesse de se conduire pour le regard des autres, mais pour celui de Dieu. Dans ma tête, je n’ai aucun ennemi dont la haine me poussera d’être malveillante. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas consciente que tous ceux et toutes celles qui sont autour de moi sont absolument des amis. Mais j’arrive à les comprendre, à comprendre leur attitude à mon égard pour ne pas laisser mon cœur être empoisonné par des sentiments négatifs.
Vous relatez l’histoire assez marquante d’une aide-ménagère (bonne), Assana dans cet ouvrage, quel est le message que vous voulez faire passer ?
Le message c’est que les femmes se plaignent du diktat des hommes et de tous les maux dont elles se sentent victimes de la part des hommes. Cependant, quand le pouvoir est donné à la femme, elle peut être un bourreau pour d’autres femmes. Le cas des aides ménagères, même de la polygamie en sont une illustration. La polygamie est avant tout le fait d’une femme qui accepte de venir en secondes noces.
Pourquoi vous aimez la continuité dans vos écrits ? Apres la trilogie c’est un poème qui ne finit jamais !
Parce que ce n’est pas possible de tout dire dans un même et seul livre. De même que ce n’est pas possible de tout dire durant une seule assemblée. De la même façon qu’un orateur doit avoir pitié de ceux qui l’écoutent en s’arrêtant de parler en un moment donné, de cette même façon l’écrivain doit avoir pitié de ses lecteurs pour ne pas trop les lasser en voulant aborder tous les thèmes qui lui tiennent à cœur dans le même livre. Avec ma trilogie, je me suis rendue compte que ce n’était pas possible de parler de l’excision, de la juxtaposition des différentes sortes de vivre la polygamie, telle qu’on le voit dans notre société, de l’exclusion de la femme dans le processus de l’héritage dans certaines communautés et du licitât dans le même livre. D’où la nécessité de scinder et de concentrer à parler de chaque thème avec beaucoup de profondeur.
Vous êtes à la fois romancière et poétesse. Lequel des deux genres (roman, poésie) vous charme le plus ?
Je suis fondamentalement poétesse. La poésie c’est mon art, ma seule vertu, le parasol contre mes jours arides, la boîte de mélodie de mon cœur. Elle est ma seule amie et ma confidente, elle m’aide à survivre et à avancer.
Réalisé par Youssouf KONE
Source: Aujourd’hui-Mali