Le désormais général à la retraite, Moussa Sinko Coulibaly a été entendu par les gendarmes au camp I de la gendarmerie de Bamako ce jeudi 10 octobre. Serein, à sa sorite, il s’est adressé à la Presse avec plus de détermination.
« Il est impérieux de mettre fin à ce régime incompétent pour abréger la souffrance du peuple ». C’est la fameuse phrase de Moussa Sinko Coulibaly qui a fortement secoué le landerneau politique national.
Le tourbillon qu’elle a provoqué a d’abord incommodé en haut lieu, puis il a fini par déranger toute visibilité, ce qui n’a pas manqué de causer de la cécité. Ibrahim Boubacar Keïta a, comme premières réactions, choisi de dénoncer publiquement l’ignominie du propos et fustiger tout appel à coup d’État qui n’est pas dans l’ordre du jour par les temps que nous vivons, non sans affirmer sa quiétude et sa sérénité.
On croyait que les choses en resteraient là, juste à un stade de réponse du berger à la bergère. Mais le mercredi soir, le monde a été alerté par un communiqué de la Ligue Démocratique pour le Changement, mouvement politique dont Moussa Sinko Coulibaly est le président, dans lequel « les membres, sympathisants, et l’opinion publique » sont informés que « le régime IBK, dans sa logique d’intimidation de toute opposition et de faire taire toute vérité, vient d’envoyer une convocation à la gendarmerie pour notre cher président, le général Moussa Sinko Coulibaly. » L’annonce ajoute qu’en bon citoyen « le général Sinko se rendra demain jeudi 10 octobre 2019, à la convocation au camp I de la gendarmerie ». Et la L.D.C. d’appeler tout le monde au calme et à la sérénité. Tel est le film rapidement projeté de l’évènement.
Depuis, hier après l’audition de Moussa Sinko Coulibaly au Camp I, les réseaux sociaux demeurent enflammés. Partisans et adversaires de l’infortuné s’empoignent sans ménagement. Pour les premiers, IBK a tenu contre le régime d’ATT des propos nettement plus séditieux que ceux que l’on reproche à leur champion, sans que jamais cela ne lui vaut le moindre reproche, encore moins une convocation suivie d’un embastillement. À ces cris d’orfraie, les défenseurs de l’actuel président de la République répondent naturellement que l’État ne peut s’accommoder de trublions à qui il ne peut, par laxisme, accorder une quelconque impunité. Ce qui reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore, voie royale pour un royaume de Pétaud. Or, le Mali, en tout cas sous IBK, ne saurait être une Pétaudière. Que non!
En attendant la suite de l’affaire, le parcours de Moussa Sinko Coulibaly est scruté. L’on voudrait bien savoir les raisons précises qui l’ont poussé à écourter, si prématurément, sa carrière militaire qui promettait d’être brillante, sorti major de la prestigieuse école de Saint-Cyr, pour sauter dans l’arène politique.
Une accusation pour appel à insurrection ou à putsch pourrait compromettre, en effet, sa carrière politique, et encore… La route de l’histoire tourne.
Joseph Dakono
Karantéla (San)