Le ministre de la Jeunesse et des Sports chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Moussa Ag Attaher était l’invité de la 3è édition de l’émission “90 minutes pour convaincre” organisée par l’Association des journalistes sportifs du Mali (AJSM). Durant 90 minutes, le ministre des Sports a éclairé l’assistance sur des sujets comme la mission et le fonctionnement de son département ; comment le sport peut être un facteur de paix, de cohésion sociale et de développement ; les relations du département des Sports avec le Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) et les fédérations des différentes disciplines sportives ; les charges financières du département des Sports concernant les sélections nationales ; l’état des lieux des infrastructures sportives. Au cours de l’émission, le ministre a dévoilé les grandes réformes au niveau de son ministère.
Dans ses propos introductifs, le président de l’AJSM, Oumar Baba Traoré, après avoir fait observer une minute de silence en la mémoire de Drissa Cissé (ancien président de la Coordination régionale AJSM de Kita décédé le dimanche 31 juillet 2022) a indiqué que l’émission “90 minutes pour convaincre” est un exercice délicat pour convaincre les journalistes sportifs afin qu’ils puissent convaincre le public sportif malien. Il s’est dit convaincu que le ministre sera capable de relever ce défi en tant qu’homme de défi. Il a fait savoir que l’émission se résume à des questions recueillies sur le groupe WhatsApp AJSM qui compte 240 journalistes sportifs repartis entre Bamako et les régions du Mali. Et ce défi a été relevé par le ministre car, à la fin de l’émission, il a été noté “Très bien” par le président de l’AJSM, tant les journalistes sportifs ont été satisfaits de ses réponses.
Le ministre des Sports a tenu à féliciter et remercier le Président Oumar Baba Traoré, les membres de son bureau pour l’initiative de l’émission et l’ensemble des journalistes sportifs du Mali avec qui il a de bons rapports.
Abordant le premier volet de l’émission, le ministre a fait connaître les missions de son département. A ses dires, le ministre des Sports, sous la haute conduite du Président de la Transition et la coordination du Premier ministre, a, en charge, la préparation et la mise en œuvre de la Politique nationale du sport. En tant que ministre des Sports, ses missions fondamentales se résument, entre autres, au développement du sport et de l’éducation physique ; à l’organisation et au contrôle des mouvements sportifs nationaux ; à la préparation en relation avec les différents organismes sportifs, des équipes nationales et des athlètes en vue d’une bonne participation aux compétitions ; à l’organisation en relation avec les différents organismes des manifestations sportives nationales et internationales. “C’est dire que j’ai à la fois la mission du développement du sport d’élite, mais également le développement du sport de masse”, a-t-il dit.
“La gestion du sport dépasse de loin le seul ministère des Sports”
Sur les champs d’action et les limites de la Direction nationale du Sport et de l’Education physique (DNSEP), le ministre a confié que cette direction est interlocutrice première des Fédérations sportives. Elle est l’interface entre le ministère des Sports et les fédérations sportives, voire les athlètes à travers les fédérations. A cet effet, a-t-il ajouté, le champ d’action de la DNSEP est de procéder à toutes recherches et études nécessaires à la promotion du sport et de l’éducation physique ; à préparer les programmes et plans d’action dans le domaine de la promotion des activités sportives et éducatives ; à organiser, soutenir et contrôler l’action du mouvement sportif.
“Au-delà de tout cela, la DNSEP joue le rôle de facilitateur (formel et informel) pour anticiper sur les problèmes pour permettre au cabinet et au ministre de prendre de l’avance en vue de gérer les problèmes. C’est par la DNSEP que nous recevons les préoccupations des fédérations, les doléances des athlètes à travers les fédérations. C’est par la DNSEP que nous sont soumis les besoins pour les participations aux différentes compétitions. Il s’agit des besoins de primes, des besoins de salaires du personnel d’encadrement. La DNSEP a un rôle technique.
La gestion du sport dépasse de loin le seul ministère des Sports. Elle concerne d’autres départements comme le ministère des Finances et les hautes autorités”, a-t-il informé.
Répondant à la question sur l’état des lieux des infrastructures sportives du Mali dont la plupart ne répondent plus aux normes internationales, le ministre a reconnu que le Mali a rencontré et continue de rencontrer des difficultés liées en dotation en infrastructures qui répondent aux normes exigées. “La particularité des infrastructures sportives à la différence des autres infrastructures, c’est qu’il y a plusieurs acteurs qui sont impliqués dans la validation des normes. Contrairement à certaines infrastructures (par exemple la construction des routes) où la validation dépend absolument du ministre de tutelle ou de l’autorité en charge de la réalisation de l’infrastructure, concernant les infrastructures sportives, la situation est compliquée. Car les infrastructures sportives pour le football sont soumises à l’œil vigilant et aux critères de la Confédération africaine de football (Caf) et de la Fédération internationale du football association (Fifa).
Concernant le basketball, les infrastructures sont soumises aux critères de Fiba-Afrique et Fiba-monde. Donc, pour faire un stade, il ne suffit pas d’avoir les moyens de le faire, il faut également travailler avec tous les acteurs, les différentes fédérations, les différentes structures internationales et mondiales qui nous répercutent les différents critères à travers les différentes fédérations concernées” a fait comprendre Mossa Ag Attaher.
Il a fait remarquer que les stades les plus emblématiques du Mali datent de la Can 2002. Et depuis cette date, a-t-il fait savoir, les infrastructures sportives du Mali n’ont fait que se détériorer.
“Ces détériorations sont arrivées à un stade où, malheureusement, notre pays était interdit de jouer ces matches internationaux à domicile. Ce qui nous a amené à jouer des matches ailleurs. Face à cette situation, très vite, sans attendre, nous avons intégré ces occupations dans les priorités du ministère des Sports.
Et notre acharnement sur le stade du 26 mars est l’expression d’une déception de voir un grand pays, une grande nation de football comme le Mali incapable de jouer ses matches à domicile. Avec l’autorisation du chef de l’Etat et l’accompagnement du ministre des Finances et de l’ensemble du gouvernement, nous avons fait un investissement inédit au stade du 26 mars. Et Dieu merci, avec la fin de la rénovation de ce stade, nous avons pu jouer dans ce stade aux yeux du monde entier et aux yeux de ceux qui commençaient à se moquer des Maliens pensant que nous ne sommes pas capables de jouer nos matches chez nous.
Mon plaisir est d’autant plus grand qu’il y a une semaine, mon homologue ministre des Sports de la Guinée Conakry m’a écrit pour demander si la Guinée pouvait venir jouer à Bamako son match à domicile. Très honoré et flatté par cette demande, je n’ai pas hésité à lui dire que le Mali est fier d’accueillir ce match”, s’est-il réjoui.
“La rénovation du stade Modibo Kéïta est pour bientôt “
Sur le même chapitre, il a reconnu qu’il y a énormément de difficultés. Pour lui, un seul stade pour le Mali qui a une population de plus de 20 millions d’habitants dont plus de 10 millions s’intéressent au football, ne suffit pas. C’est pour cette raison, a-t-il annoncé, il a été engagé en 2021 des budgets importants pour la rénovation du stade Modibo Kéita. Le démarrage des travaux a été retardé par les sanctions de la CEDEAO.
“Mais je tiens à informer le public sportif malien que les travaux de rénovation du stade Modibo Kéita seront engagés incessamment dès que les conditions financières seront régularisées. Notre défi, c’est d’ici la fin de la Transition de doter le Mali d’au moins 2 stades où les compétitions internationales peuvent se jouer”, a promis le ministre.
“Seul le sport peut permettre de ramener la paix, la cohésion sociale”
Sur ce qu’il a pu faire pour que “le sport soit facteur de paix, de cohésion sociale et de développement”, le ministre a soutenu qu’il a appris et compris que le sport est un facteur de paix, de cohésion sociale, de dialogue entre les communautés, de renforcement des liens concourant à l’unité nationale, et de développement. C’est ainsi que son département, avec l’accompagnement des fédérations, a inscrit une nouvelle rubrique dans ses activités avec l’organisation des Journées de la jeunesse, des tournois sportifs pour la paix, des journées citoyennes.
“Nous avons fait notre premier essai en mars 2021 en expérimentant le concept. C’est ainsi que nous avons amené à Gao 2 équipes de basketball, 2 équipes de football de toutes les régions du Mali, de Kayes à Taoudénit.
Pendant deux semaines, nous avons organisé des matches de basketball, de football, des conférences- débats, des concerts et des soirées récréatives. Il est bon de rappeler que depuis 10 ans, à cause de l’insécurité, personne ne pouvait rester dans un stade au-delà de 18 heures.
Je restais au stade avec mes collaborateurs et les jeunes au-delà de 21 heures, dès fois jusqu’à très tard. Seul le sport peut permettre cela. Et cela, parce que les jeunes ont eu l’envie d’être ensemble, l’envie de vivre, l’envie de s’exprimer. Et quand il y a cette envie, la peur disparaît. Pendant les 2 semaines, rien n’a été volée alors que tous les jours, il y avait des braquages, des vols, des enlèvements.
Et les jeunes qui ont quitté les autres régions et qui n’avaient pas vu le Nord, ont découvert une population normale, ils ont découvert des jeunes comme eux qui ont envie de vivre, d’exister, de s’épanouir et qui n’aspirent qu’à la paix.
Ces semaines ont été un exemple en termes d’impact, de capacité du sport à ramener la paix. Ce qui veut dire qu’il faut occuper, impliquer les jeunes comme solution à l’alternative à l’insécurité, au grand banditisme. Quand les jeunes sont responsabilisés, réunis autour du sport, ils sont capables de bonnes choses”, a-t-il soutenu.
Après Gao, il y a eu les journées du Kénédougou, de Bandiagara et de Goundam qui ont été des réussites avec des messages de paix, de cohésion sociale. “C’est pour dire que le sport est un moyen important de cohésion sociale”, a-t-il indiqué.
“Le Mali koura sans les jeunes ne sera pas une bonne chose”
Sur le sport dans la refondation du Mali, le ministre a dit que le Mali koura, sans les jeunes, ne sera pas une bonne chose. “Si le Mali koura oubliait le sport et la jeunesse, le Mali koura ne sera pas un Mali koura. Parce que tout simplement les acteurs du sport et de la jeunesse représentent 65 % de la population malienne.
C’est pourquoi, le ministère de la Jeunesse n’est pas en reste du grand travail de refondation qui est en train d’être fait. Au ministère des Sports, notre vision de la refondation, c’est réformer chacun pour ce qui le concerne et du secteur dont il s’occupe. Si les secteurs du sport, de la jeunesse, de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne sont réformés, on peut dire que la refondation est effective”, a-t-il avancé.
Les réformes au niveau du département des Sports
C’est ainsi qu’il a dévoilé les réformes au niveau de son département. Et à ses dires, ces réformes sont avancées. Comme réformes, il a parlé de l’élaboration de la statistique des fédérations qui est une référentielle des fédérations dans leur gouvernance, leur mandat. Le ministre a reconnu que les incompréhensions au sein des fédérations sont les conséquences de l’inapplication des textes, de la mauvaise gouvernance, du non renouvellement des bureaux.
Il a fait savoir qu’une autre réforme est en cours d’élaboration pour régler le problème des salaires des entraîneurs des équipes nationales. Car, à ses dires, ce problème est un goulot d’étranglement pour son ministère. Pour pallier ces problèmes, il a révélé que les contrats annuels ne seront plus proposés aux entraîneurs. Car, les arriérés de salaires des entraîneurs des équipes nationales sont dus au fait que les fédérations signent des contrats avec les entraineurs sans au préalable tenir compte du budget alloué à ces contrats.
“Alors que, pour approuver ces contrats, le ministère des Sports doit d’abord discuter avec le ministre des Finances pour savoir le budget qui lui est alloué par an. C’est donc sur la base de la rubrique “Enveloppe des entraîneurs” que les entraîneurs sont payés. Mais les fédérations signent des contrats avec des montants qui dépassent le montant dont le ministère des Sports dispose pour payer les entraîneurs. Par exemple, je suis venu trouver en 2020 que l’enveloppe budgétaire pour payer l’ensemble des entraineurs des équipes nationales de toutes les fédérations était de 300 millions FCFA.
Et je me suis retrouvé avec des arriérés de salaire de l’ordre de 2 200 000 000 FCFA. Les 300 millions FCFA ne suffisent pas à payer ces arriérés de salaire.
Le problème est que les entraîneurs sont payés sur toute l’année contrairement aux autres pays qui paient les entraîneurs selon des objectifs. Dans la réforme majeure, les contrats des entraîneurs seront signés sur la base des objectifs et non des contrats permanents. Car les entraîneurs ne sont pas des fonctionnaires, ils ne sont pas des salariés permanents.
Ils sont engagés pour des objectifs. Pour la Can Côte d’Ivoire 2023, le contrat d’Eric Sékou Chelle et son staff sera sur jugé le parcours des Aigles. Là où les Aigles s’arrêteront, le contrat d’Eric Sékou Schelle et son staff s’arrêtera. L’Etat ne peut pas continuer à payer les entraîneurs alors qu’il n’y a aucune activité de l’équipe nationale.
Le Mali est l’un des rares pays qui paie le salaire des entraîneurs nationaux 12 mois sur 12 même s’il n’y a aucune compétition de sa discipline. Cela est fini.
Désormais, les entraîneurs seront payés sur la base des objectifs. Et cela va nous permettre de sortir des problèmes des arriérés de salaire”, a-t-il annoncé.
“Les fédérations, en fonction
de leurs performances,
seront priorisées dans les
financements de l’Etat”
Comme autre réforme, le ministre a révélé des critères d’obtention des financements de l’Etat. Il a informé que le ministère ne financera plus les yeux fermés des compétitions tant qu’elles ne sont pas des compétitions visibles pour l’image du pays au firmament des autres nations.
“Donc, les fédérations, en fonction de leurs performances, seront priorisées dans le financement du ministère des Sports. Une fédération qui nous amène des titres, des médailles, des trophées sera priorisée en termes d’accompagnement de l’Etat. Parce que, dans le sport, il n’y a pas de social. Les milliards que l’Etat met dans le sport ne sont pas des aides humanitaires, ni des aides sociales.
Ces milliards sont investis pour récolter des médailles, des trophées, des classements africains et mondiaux. C’est tout. Ce sont les fédérations qui gèrent les autres volets comme les questions concernant les athlètes”, a-t-il martelé.
Le ministre a avisé que la Politique nationale du sport est en relecture. Les éléments nouveaux dans cette politique seront transmis aux fédérations à travers le Comité national olympique et sportif (Cnosm).
“Votre seul but dans les réformes, est de ramener la stabilité au sein des fédérations. Les réformes liées aux finances visent à trouver une stabilisation des problèmes financiers au niveau de mon département”, a-t-il dit.
Siaka DOUMBIA
Source: Aujourd’hui-Mali