Fatuité insupportable ; Invectives médiocres ; Servilité pitoyable à l’égard des princes du jour ; mensonges grossiers : c’était donc cela la gouvernance de rupture et d’exemplarité promise le 21 juin 2021 ?
En juin 2021, un nouveau Premier ministre est nommé au Mali.
Président du comité stratégique du M5 RFP qui avait fait de la refondation de l’Etat la pierre angulaire de son programme. Cette nomination tant convoitée, allait enfin lui permettre de mettre en œuvre cet ambitieux programme pour accomplir le changement auquel aspire une majorité de Maliens.
D’emblée, il reprend à son compte, sans les citer, cet aphorisme du cardinal Richelieu puis de Jacques Chirac, qui ont déclaré que ” la politique est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire” et proclame avec grandiloquence et emphase : ” Nous allons rendre possible ce qui est nécessaire” puis, avec le même lyrisme, il poursuit en affirmant : “nous allons promouvoir une gouvernance de rupture et d’exemplarité. ”
Quel engagement ! Quel enthousiasme ! Quel volontarisme me direz-vous !
Trois années après, qu’en est-il ?
A l’évidence les fruits n’ont pas tenu les promesses des fleurs !
Le rassemblement de tous les Maliens de toutes obédiences autour de la transition et de ses objectifs qui devrait être la tâche primordiale, indispensable et nécessaire pour sa réussite, a été un échec patent, destructeur et démobilisateur. L’union sacrée et la concorde nécessaires n’ont pas été en raison de l’attitude et du comportement belliqueux, vindicatif et mesquin de celui-là même qui était censé les impulser et les incarner.
Il commence dès son premier discours par trier les Maliens entre ” forces du changement ” et les ” autres “, entre ” patriotes ” et ” non patriotes “. Puis avec un acharnement frisant la schizophrénie, Il se lance dans une véritable vendetta contre la classe politique et particulièrement le Mouvement Démocratique, sans épargner dans ses règlements de compte, les Présidents de la République qu’il a jadis obséquieusement servis et adulés au point de comparer l’un d’eux au « Soleil que nul ne saurait cacher avec ses mains. »
Enfin, il entreprend de purger, disloquer et disperser le M5 RFP, mouvement qui lui a servi de marche pieds pour accéder au pinacle.
Toutes ces inepties et ces mensonges éhontés sont au même moment consignés dans un livre polémique, nauséabond et d’autopromotion que certains de ses anciens thuriféraires n’hésiteront pas à brûler publiquement.
Tout cela était-il nécessaire pour y consacrer tant d’effort ?
Par son incapacité à rassembler toutes les filles et tous les fils du Mali autour de la transition et autour de la refondation de notre Nation, par son refus de mettre entre parenthèses sa propre personne, ses propres sentiments et ressentiments, il a montré ses limites rédhibitoires pour prétendre diriger ce vieux Pays dont l’histoire s’est construite autour du Rassemblement ! Il a sacrifié sur l’autel de ses ambitions et intérêts personnels mesquins et méprisables, l’Union Sacrée dont le Pays avait tant besoin à un moment crucial de son existence !
Ceci est impardonnable et ne sera jamais pardonné !
Le 30 juillet 2021, après avoir tant dénoncé, décrié, vilipendé et même contesté en justice le Conseil National de Transition (CNT), il vient toute honte bue devant cette institution de la République qui fait office de parlement, présenter le Plan d’Action de son gouvernement qui n’est rien d’autre qu’un catalogue d’engagements et de mesures fortes, chiffré à 2050 milliards de francs CFA.
Depuis ce jour, personne n’en a plus entendu parler.
Il n’y a jamais eu de reddition de ce Plan car aucune de ses promesses essentielles n’a pu être honorée.
Et l’on comprend maintenant le scepticisme dont ont fait preuve la plupart des membres éminents du CNT le jour de son discours de présentation, et dont certains n’ont pas hésité séance tenante de lui attribuer une note proche de 0/10.
D’autres membres n’ont pu retenir leurs rires quand il a évoqué avec force conviction la reprise programmée du trafic ferroviaire sur l’axe Kayes-Bamako.
Ils n’ont pas eu tort car la suite est conforme en tout point à leur scepticisme, le train “Soundiata ” après un démarrage tonitruant suite à l’injection de sommes faramineuses, a aujourd’hui complètement disparu, il est devenu comme le disent les américains, un ” MIA ” missing in action ! Au grand dam des pauvres populations riveraines du rail qui ont cru trop tôt aux promesses de l’illusionniste.
Quid de la réduction du train de vie de l’Etat ? Une promesse dont tout, le monde se rend compte aujourd’hui de l’affligeante vacuité.
Cela prouve une fois de plus, son incapacité notoire à concevoir et conduire le moindre programme économique et social crédible et cohérent propice au décollage économique du Pays !
Aucun ressentiment personnel derrière ce récit sinon que l’examen froid et objectif de la réalité d’un politicien mégalomane, démagogue et versatile, contorsionniste hors pair qui n’a jamais rien obtenu par le suffrage des Maliens en plus de trente ans d’activité politique.
Un politicien sans envergure ni scrupule qui n’a laissé aucune empreinte dans la vie de la Nation quand il a occupé des postes de responsabilités à part de sulfureux dossiers d’enrichissement illicite dont s’est saisi le pôle économique et financier.
Dans une de nos vieilles chansons de geste de l’Empire du Wassoulou , à la gloire de Kémé Bréma frère et commandant en chef de l’armée de l’Almamy Samory Touré, les griots chantaient ceci « Si tu n’as pas de passé glorieux tu n’entendras jamais de chanson à tes exploits d’hier , si tu n’as pas de présent glorieux, tu n’entendras jamais de chanson à tes exploits d’aujourd’hui et si tu n’as pas de présent glorieux tu n’entendras jamais de chanson à ta gloire future ! »
Seulement notre Premier ministre qui n’a ni passé ni présent glorieux n’a que faire de chansons à ses exploits futurs , il n’a pas besoin de griots non plus !
Il est son propre griot chantant ses propres louanges à longueur de journée devant les micros et les caméras du Mali !
Le parti politique croupion qu’il préside n’a jamais compté sur l’échiquier politique malien voué à toujours servir, comme son mentor, de supplétif aux partis dominants et qui n’a d’existence qu’à travers ses communiqués de presse épisodiques et soporifiques.
Voilà un homme, Premier ministre de son état, intrépide guerrier devant les micros et caméras, qui a pourtant lâchement renoncé quand il s’est agi de faire un détour dans son village natal lors d’une tournée dans le nord du Mali, pour cause d’insécurité ambiante.
Voilà un Premier ministre si désœuvré, car ni consulté ni impliqué dans les grandes décisions de la Nation (selon lui-même), qu’il prend le temps de répondre par l’invective et la calomnie à la moindre critique d’où qu’elle vienne.
En réalité la véritable Primature est ailleurs !
La Primature de la cité administrative est devenue au fil du temps et des crises, un camp retranché, une sinécure pour un dernier carré de fidèles conseillers dont la plupart apparaissent subitement grassouillette et replets du fait de l’oisiveté. Ces thuriféraires ont en charge de veiller exclusivement à l’intégrité médiatique et promotionnelle de leur mentor sur les réseaux sociaux, les ondes et dans les journaux !
Sans oublier les escadrons de cyber hurleurs grassement rémunérés à coups de millions, toujours prompts à déchiqueter sur les réseaux sociaux quiconque s’aventure à critiquer tant soit peu leur parrain et employeur.
Pour les militaires au pouvoir et qui entendent y rester, ce Premier ministre est l’homme lige et le faire-valoir parfait car prêt à avaler toutes les couleuvres aussi grosses soient elles, disposé à tous les reniements et trahisons, à toutes les compromissions pour rester là où il est parvenu après trente ans de navigation en eaux troubles.
Il restera à la Primature tant qu’il demeurera ce qu’il a toujours été un politicien sans scrupule, machiavélique, cynique et obséquieux avec les puissants du moment, il n’a jamais démissionné d’aucun poste par le passé et ne démissionnera jamais attendant toujours d’être congédié.
Conformément à l’adage qu’il affectionne, il restera tant qu’il rendra possible ce qui est nécessaire aux militaires.
Malick Touré
Administrateur Civil
L’Alternance