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Mise en œuvre de l’Accord d’Alger pour la Paix à travers la «feuille de route actualisée des actions prioritaires » par la transition : Le collectif Songhoy CHAAWARA BATOO proteste

La Coalisation des Organisations Sédentaires Songhoy, réunie au sein du Collectif Songhoy Chaawara Batoo, a organisé, le samedi 6 février 2021, à la Maison de la presse de Bamako, un point de presse qui a porté sur quatre points majeurs. Primo, sur le contexte actuel d’accélération de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger pour la Paix à travers la «feuille de route actualisée des actions prioritaires» des autorités de la transition; secundo, le découpage territorial. Le point trois a porté sur l’arrêt fixant les membres du Conseil Consultatif Interrégional de la zone de développement des régions du Nord du Mali ZODERN-Mali le, 31 décembre 2020. Quatrièmement, les phénomènes d’insécurité et de banditisme dans les principales villes sédentaires et la prise en otage des populations sur le territoire. Il a été animé pour la circonstance par entre autre, Aboubacarine Maïga, président Songhoy Ganda, Abdel Kader Maïga, président Gao Lama, Aliou Badra Sacko, président de la Coalition Anw Ko Mali, Chouabou Souleymane Maïga, représentant du Nord, Almahady Cissé, membre du Sonhoy Chaawara Batoo. « Pour la préservation de la cohésion sociale et du vivre ensemble, un traitement équitable, objectif, et non discriminatoire, du découpage territorial dans le cadre de la politique de décentralisation ; demandons, conformément aux recommandations du dialogue national inclusif tenu du 14 au 22 décembre 2019, la relecture de l’accord pour la paix, pour prendre en compte sur le même pied d’égalité, tous les Maliens et particulièrement, toutes les communautés du Nord; une enquête indépendante sur les tueries perpétrées sur les jeunes manifestants à Gao, le 12 juillet 2016 ; l’élargissement des autorités intérimaires régionales aux jeunes et aux femmes des mouvements de résistance civile de Gao et de Tombouctou ; l’intégration des personnes auxquelles promesse avait été faite au retour de l’armée, etc… Nous sommes des hommes et des femmes, issus de la Coalition des organisations sédentaires de culture Songhai (Songhoy, Peuls, Bellas, Touaregs, bambara, maures…) déterminés et engagés dans la défense du vivre ensemble de toutes les communautés du Mali, mais fortement préoccupés et interpellés par l’ampleur de la crise sécuritaire et des réponses données par l’Etat malien», a précisé d’entrée Almahady Cissé, à l’entame de la déclaration du manifeste du collectif Songhoy Chaawara Batoo.

Selon Almahady Cissé, les faits sur la situation actuelle du Mali parlent d’eux-mêmes. Nous assistons, regrette-t-il, depuis un certains temps, à une volonté d’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger à travers une « feuille de route actualisée des actions prioritaires » des autorités de la transition allant de décembre 2020 à août 2022 dont le point clé fut la signature et la publication de l’arrêté fixant les membres du Conseil Consultatif Interrégional de la Zone de Développement des régions du Nord du Mali ZODERN-Mali, le 31 décembre 2020. La composition de cette structure, Zordern-Mali, dénonce Almahady Cissé, en dit long sur les vraies intentions des autorités quant au découpage territorial des régions du Nord : sur 26 conseillers, 5 seulement étant des sédentaires de culture songhoy. C’est pour cette raison, insiste fortement Almahady Cissé, que nous rappelons, si besoin est, ces intentions longtemps cachées, dévoilées sous forme de mesures iniques et injustes qui n’ont qu’une finalité : fabriquer une majorité territoriale, administrative et politique pour une minorité ethnique, au détriment des populations sédentaires de culture songhoy, démographiquement majoritaires. «Une énième déception pour la nation entière, amis, singulièrement pour les citoyens maliens sédentaires de culture des régions concernées», indique Almahady Cissé. Ces intentions maladroites des autorités actuelles du pays, dit Almahady Cissé, nous poussent à se questionner si c’est cela l’objectif de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger ? En tout état de cause, prévient sans détour Almahady Cissé, nous jugeons insoutenable et nous nous battrons contre l’application de l’article 3 de l’accord (ou tout autre document qui travestit l’esprit et la lettre de notre constitution ou de la déclaration universelle des droits de l’Homme) qui vise à augmenter artificiellement le nombre d’élus du Nord dans les institutions de la République à travers l’augmentation des circonscriptions administratives en faveur d’une partie des citoyens ethniquement identifiés par l’Etat et certaines parties prenantes à l’accord, dans le seul but de dominer politiquement la majorité constituée par les sédentaires de culture songhoy. Et le manifeste de poursuivre que les décisions prises dans le cadre de l’inter-régionalité prévue par l’Article 33 de l’accord pour la paix et la réconciliation d’Alger, seront de facto défavorables aux communautés sédentaires. Et Almahady Cissé de se demander encore pourquoi obliger des communautés autochtones qui sont ainsi opprimées à rester coûte que coûte au sein d’entité inter-régionale qu’elles rejettent. Il a, par ailleurs, ajouté que les populations sédentaires du Nord dans toute leur diversité ethnique ont suffisamment enduré, donné leur vie (le terrorisme, les tueries de masse des populations, les assassinats ciblés, le chômage, les pillages dans les villages et les écoles fermées sous la menace quasi permanente des djihadistes, des bandits armés). Malgré tout, déplore Almahady Cissé, l’inquiétude grandit de jour en jour au sujet du fleuve Niger où converge tout le métal extrait des mines traditionnelles à quelque dizaine de kilomètres des rives. C’est pourquoi, déclare Almahady Cissé, les populations Songhoy demandent leur droit : être consultées, écoutées, entendues. « Le devenir de notre terroir Songhoy ne peut se faire sans nous », prévient le porte parole Cissé. Selon lui, leur appel est simple et légitime. « Agir pour le Nord, agir pour le Mali, agir pour les peuls autochtones et sédentaires de culture songhoy et majoritaires », a fait savoir Cissé. Face à cette situation d’injustice , de mépris, qui viole la constitution de toutes les règles de convention internationales des droits des populations autochtones, souligne Almahady Cissé, nous, associations, collectif, fédération, populations sédentaires, réunis au sein de Songhay Chaawara Batoo, prenons acte de la marginalisation des communautés de culture songhay par l’Etat malien, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord ; nous réservons le droit de sauvegarder les intérêts du Mali et des communautés autochtones que nous sommes par les moyens appropriés. Ils dénoncent aussi les termes de l’accord qui portent des germes discriminatoires, à l’opinion nationale et à la communauté internationale. «Les populations sédentaires de culture songhay dans toute leur diversité ethnique ne sont jamais mêlées ou impliquées dans toutes ces séries de rébellion de 1963, 1990, 2006 et 2012 initiées par une partie minoritaire arabo-Touregs contre l’Etat malien. Nous avons toujours soutenu l’intégrité territoriale et l’unité nationale du Mali, bien que subissant des dommages et des dégâts de ces rébellions répétitives et aussi ces dernières années, de notre Etat malien lui-même», a dénoncé Almahady Cissé. Et, poursuit Cissé, nous informons que bien que ignorés, nous nous sommes battus pour faire des propositions de sortie de crise à chaque fois par notre participation active aux rencontres, réunions et conférences en tirant la sonnette d’alarme, mais en vain. L’exemple concret, dit-il, est la conférence d’entente nationale du 27 mars au 2 avril 2017 censée être le point d’orgue de l’accord et dont les conclusions ont abouti à une charte pour la paix au Mali qui n’a jamais été mise en œuvre.
Pour terminer, dit Cissé, nous demandons, pour la préservation de la cohésion sociale et du vivre ensemble, un traitement équitable, objectif, et non discriminatoire, du découpage territorial dans le cadre de la politique de décentralisation ; demandons, conformément aux recommandations du dialogue national inclusif tenu du 14 au 22 décembre 2019, la relecture de l’accord pour la paix, pour prendre en compte sur le même pied d’égalité, tous les Maliens et particulièrement, toutes les communautés du Nord ; une enquête indépendante sur les tueries perpétrées sur les jeunes manifestants à Gao, le 12 juillet 2016 ; l’élargissement des autorités intérimaires régionales aux jeunes et aux femmes des mouvements de résistance civile de Gao et de Tombouctou ; l’intégration des personnes auxquelles promesse avait été faite au retour de l’armée nationale à Gao.
Hadama B. Fofanan

Source: Le Républicain- Mali
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