Après notre article paru dans le N°14 de «Notre Printemps», un journal mauritanien est allé à la rencontre de Yaya Cissé à la prison d’Aleg. Depuis plus d’un an, il est condamné injustement par justice mauritanienne. Nous vous proposons les éclairages apportés par notre confrère du journal «L’Authentique» de la Mauritanie publié le mercredi, 26 juin 2013.
Pour Yaya Cissé, ex-représentant de la Communauté malienne à Nouadhibou, président de l’Association Yéréko-Mali, impliqué dans le meurtre le 25 juillet 2010 du septuagénaire Ethmane Ould El Manne, c’est fini, sauf l’intervention du président de la République, le seul habileté à entamer une nouvelle enquête dont ce jeune Malien a beau crié son innocence. Condamné à perpétuité par la Cour criminelle du Tribunal de Nouadhibou pour le meurtre du vieux, il n’a jamais cessé de crier innocence, arguant que dans la nuit du drame, il était à Bamako. Les cachets d’entrée et de sortie aux aéroports de Nouakchott, Dakar et de Bamako ont été déclarés faux par les différents Magistrats qui l’ont entendu, la Cour criminelle, la Cour d’appel et enfin, la Cour suprême. Tous ont reconnu Yaya Cissé complice du meurtre atroce du vieux Ethmane.
Et pourtant, Yaya Cissé continue de se dire innocent et de réclamer la reprise de son jugement, la prise en compte de ses éléments de preuve. Il déclare avoir quitté Nouadhibou le 23 juillet 2010 par la voie terrestre pour se rendre au Mali où il devait régler un contentieux commercial dans lequel un fournisseur local était lésé. A Nouakchott, Cissé affirme avoir pris le vol pour Dakar et de Dakar il aurait atterri à Bamako vers minuit du même jour. Il cite des gens qui peuvent confirmer ses propos : le député de Mopti, Cheikh Ahmed Diarra ; le professeur Tioulenta du parti Adéma ; le professeur Dioncounda Traoré alors président de l’Assemblée nationale malienne, avant d’être président intérimaire du pays. Il dit qu’il avait rencontré Dioncounda Traoré le vendredi, 30 juillet 2010 et il avait aussi rencontré la secrétaire de Dioncounda Traoré. Elle s’appelle Mouna Maïga. Yaya Cissé affirme avoir fait le voyage retour sur Nouakchott le 1er août 2010 en compagnie de Cheikh Ahmed Diarra et sa fille Zahra dans le même vol. Il affirme également qu’il a reçu un appel de sa femme à Bamako qui lui a appris la nouvelle de l’assassinat du vieux Ethmane et de l’implication d’éléments de la Communauté malienne. Il parle de son retour en 2010 et des deux ans passés à rendre visite aux prisonniers, jusqu’à ce vendredi 30 mars 2012, où il fut arrêté sur simple dénonciation de la femme, Yaye Coulibaly.
Seulement, lors de l’enquête de la police sur les passagers du 23 juillet 2010 en partance pour Dakar, le nom de Yaya Cissé ne figurait pas sur la liste des passagers. Il dit que ce sont ses ennemis qui ont joué le coup contre lui et que l’Asecna a la liste des passagers des trois aéroports dont il avait traversé ce jour-là. Il dit qu’un policier fut accusé de l’avoir mis les cachets sur son passeport. «Je ne comprends pas pourquoi ce dernier n’était pas arrêté et inculpé pour complicité. Est-ce logique ou raisonnable ? Absolument pas du tout», dit-il. Il dit que tout cela est une manigance pour le mouiller dans cette affaire qu’il ne connaît pas. Son épouse continue de lutter pour prouver ce qu’elle considère être l’innocence de son mari dans un meurtre auquel rien ne le lie. La preuve, dira-t-elle en substance, la justice ne dispose pas de la moindre preuve de sa culpabilité. L’acte criminel, selon elle, a été accompli par un charlatan du nom de Mbaye Diarra qui aurait agi par jalousie lorsqu’il ne put séparer Yaye Coulibaly du vieux Ethmane pour qu’elle puisse retourner vivre avec son mari.
Le vieux aurait ainsi été tué, son corps disloqué en plusieurs parties, éparpillées dans les quatre coins de la ville. Aujourd’hui, Yaye Coulibaly est à la prison des femmes de Sebkha où elle purge une peine de 5 ans et une amende de 200.000 Um, alors que Yaye Cissé, Mbaye Diarra et l’ex-mari de Yaye Coulibaly et deux autres purgent leur peine à la prison d’Aleg. Le chauffeur de taxi qui avait transporté le corps et qui a déclaré n’avoir jamais su la nature de ce qu’il transportait croupit à la prison de Nouadhibou.
«Les Magistrats ne m’ont pas écouté. Ils ne veulent rien savoir la vérité et les preuves que j’avais présentés devant eux. Tout ce qu’ils connaissent, est que je suis coupable, quoi que je fasse. Je supplie alors le président de la République mauritanienne, Mohamed Ould Abdel Aziz, Chef Suprême de la Magistrature, à intervenir pour qu’une nouvelle enquête soit entamée. Je suis en prison pour une affaire que je n’ai pas commise. Je n’ai personne en Mauritanie. Mes parents et proches sont au Mali. Mon épouse est la seule personne que j’ai en Mauritanie. Je voulais, si c’est possible, un procès télévisé pour que le public soit au courant de ce qui s’est passé exactement. Je veux que le public sache la vérité et de juger, si réellement, je suis coupable ou pas. Je respecte la justice mauritanienne connue pour son impartialité, mais dans cette affaire, tel n’est pas le cas, car je suis arbitrairement condamné pour un crime que je n’ai pas commis. J’ai des preuves irréfutables, mais hélas, les Magistrats ne m’ont pas écouté. Je supplie encore le président de la République mauritanienne à intervenir, car je suis condamné arbitrairement et sans preuves», plaide-t-il.
Affaire à suivre !!!
Abou CISSE