À l’opposé de la CEDEAO qui a décidé de punir le Mali après l’expiration du délai des 18 mois qui était prévu pour la durée de la transition en lui infligeant des sanctions économiques et financières, l’Union africaine vient d’adopter une posture plus conciliante en s’engageant dans la médiation entre le Mali et ses voisins. Même si cette démarche est jugée salutaire, force est de constater, avec certains observateurs, qu’elle souffre d’un certain nombre de faiblesses, parmi lesquelles nous pouvons retenir, au moins, quatre.
Une délégation de la commission de l’Union africaine, conduite par son président, Moussa Faki MAHAMAT, était à Bamako, ce mardi 25 janvier 2022, pour tenter de jouer les bons offices dans la crise diplomatique entre notre pays et ses voisins membres de la CEDEAO.
Cette initiative vise, selon les membres de cette délégation, à relancer les discussions sur la prolongation de la transition malienne et sur la définition d’un chronogramme pour le retour à l’ordre constitutionnel qui serait jugé « acceptable ».
Pour ce faire, l’Union africaine a endossé la proposition des 16 mois de prorogation précédemment faite par l’Algérie qui avait, elle aussi, offert ses services de médiation.
De l’avis de la délégation, cette double propositions-médiation et calendrier doit permettre au Mali et à la CEDAO d’accorder les violons afin de parvenir rapidement à la levée progressive des sanctions imposées à notre pays sans littoral.
Cette démarche de l’organisation panafricaine est saluée par les deux parties qui ont réaffirmé leur volonté de dialoguer au médiateur.
Mais, de l’avis de certains observateurs, la démarche ainsi entamée souffre d’au moins 4 vices.
En arrivant à Bamako avec une proposition dans la poche, les médiateurs semblent avoir brûlé des étapes, notamment celle de la concertation préalable avec les autorités maliennes.
Même si Moussa Faki MAHAMAT a confié qu’il était « en mission au Mali pour écouter, pour s’informer et pour échanger avec les autorités de la transition sur le processus de Transition dans ce pays africain », il n’en demeure pas moins que la proposition a fait le tour des médias avant d’être transmise à nos autorités.
Au regard de ce qui précède, on se demande si le médiateur est venu proposer ou alors instruire la partie malienne d’accéder à la proposition algérienne.
Dans cette éventualité, la proposition sonne comme une injonction qui peut être mal interprétée dans le cadre des relations internationales. Car visiblement, elle laisse peu ou pas de place à une contre-proposition de la partie malienne.
De même, à la lecture de la proposition, on se rend compte qu’elle ne prend pas en compte les conclusions des Assises nationales de la refondation qui avaient proposé une fourchette de 6 mois à 5 ans au maximum.
Enfin, le quatrième vice concerne la démarche qui consiste à se focalise sur le calendrier des élections, sans prendre réellement en compte les aspects sécuritaires. Or, il ressort de tous les foras tenus depuis le début de la crise que le défi sécuritaire est la principale préoccupation des Maliens. D’ailleurs, il n’est de secret pour personne que la bonne tenue des élections est tributaire de l’évolution de la situation sécuritaire.
Tout compte fait, les différents protagonistes réalisent qu’il est impératif de renouer le fil du dialogue au bénéfice des citoyens de l’espace communautaire permettant d’avoir une CEDEAO des peuples en lieu et place du syndicat des chefs d’État comme le laissent voir ces sanctions iniques contre le Mali.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin