Entourée des principaux leaders du M5-RFP (Modibo Sidibé, Me Mountaga Tall, Dr Choguel Maiga, Issa Kaou Djim, Mohamed Salia Touré…), l’autorité morale de la contestation, l’Imam Cheickh Mahmoud Dicko, a tenu un point de presse ce dimanche après-midi au siège de la CMAS. L’Objectif de cette sortie médiatique au lendemain de l’appel lancé par le M5-RFP pour un grand rassemblement ce 11 août 2020 était de clarifier sa position et réitérer sa détermination pour tenir ses engagements en vue de l’instauration d’une gouvernance vertueuse.
L’Imam a tenu à rassurer ses partisans quant à l’entente entre lui et les responsables du M5-RFP et sur la cohésion au sein du Mouvement. Il a ensuite invité à nouveau le président IBK à écouter le peuple, à respecter et à arrêter de mépriser le peuple. Il a expliqué comment il a été impliqué dans le choix de Boubou Cissé en 2019 et pourquoi il estime aujourd’hui que l’actuel Premier ministre doit partir. Aussi, l’occasion était bonne pour le dignitaire religieux d’expliquer les raisons de son divorce avec le président IBK.
L’Imam Dicko a souhaité que le grand rassemblement de ce mardi 11 août 2020 reste dans les annules de l’Histoire. Il a appelé ses partisans, tous les dignes fils et à tous les patriotes à faire de ce mardi 11 août, le Mardi des mardis. Il faut qu’on réussisse par la mobilisation. Mardi dès midi, que tous les commerces se ferment lance-t-il. Il a aussi fait appel à tout Bamako et ses environs à sortir massivement, pacifiquement sans rien casser, sans rien bruler, sans s’en prendre aux vitres et aux biens des gens.
« J’ai décidé de venir, par cette occasion, me joindre à l’appel lancé par les responsables du M5-RFP. Certes, il y a eu la conférence de presse d’annonce, mais j’ai jugé nécessaire de venir manifester mon soutien aux responsables du M5-RFP pour couper court aux nombreuses rumeurs qui ont circulé ces derniers temps au compte du M5-RFP avant la mobilisation du 11 août.
Je voudrais que ça soit clair pour tout le monde que je m’associe pleinement à l’appel lancé par le M5-RFP pour la mobilisation du mardi prochain.
Dans nos us et coutumes, le mardi représente un grand jour. Il y a beaucoup d’événements qui sont arrivés un mardi dans notre pays. Et souhaitons que le mardi prochain reste une grande date dans les Tariks de l’histoire du Mali. S’il plait à Dieu, ça sera le cas. Je crois à cela, il n’y a pas de doute, on ne tremble pas, on n’a pas peur. Car, nous ne sommes pas en train de faire semblant.
Il est grand temps de mettre fin à l’instabilité, à la mauvaise gouvernance qui gangrène ce pays.
Il faudrait que les gens comprennent. Il y a des révélations qu’on ne peut pas faire si le contexte ne s’y prête pas. Nous sommes obligés de faire des révélations.
Nous avons toujours prôné le dialogue, la concertation pour que tout se passe dans le calme et la sérénité.
C’est par l’engagement et la détermination que le peuple peut montrer qu’on a la force ; mais pas avec violence.
Nous avons tout fait pour démontrer que nous sommes animés de bonne foi pour ce pays ainsi que chaque citoyen de ce pays ; y compris ceux qui nous prennent pour leurs ennemis.
Compte tenu de la situation du pays, j’ai eu à demander aux responsables du M5-RFP de renoncer à la démission d’IBK. Cela a soulevé beaucoup de polémiques et de doutes ; de mauvaises interprétations. Mais je l’ai fait, et je l’assume. Car dit-on, chez nous une case avec un mauvais portail vaut mieux qu’une case qui n’en dispose pas.
C’est ainsi que les responsables du M5-RFP ont élaboré le mémorandum. Je me suis transformé en médiateur. J’ai rencontré le président et je lui ai demandé de recevoir le M5. Mais j’ai été très mal à l’aise de voir la manière dont il les a reçus. Au bout de quelques minutes, il les a renvoyé discuter avec sa majorité. Une majorité que lui-même ne considère pas.
C’est ainsi que le M5-RFP est revenu sur sa décision pour exiger sa démission.
Malgré tout, je les ai supplié de ne pas aller à l’extrême. J’ai tenté de les raisonner. Si on est de bonne foi, on finit toujours par se comprendre.
C’est ainsi qu’il y a eu les manifestations du 10 juillet où j’étais absent.
Mais j’ai été surpris de voir des hommes armés débarquer chez moi, le 11 juillet. On a tué des innocents devant ma porte et dans la mosquée.
Mais le plus surprenant dans cette affaire est qu’aucune autorité n’est jamais venue chez moi pour présenter ses excuses. Ni le président ni le PM. La seule autorité qui est venue chez moi, c’est le cardinal Jean Zerbo.
Il y a des précisions que je dois faire.
Ceux qui cherchent à nous distraire, à nous opposer ne peuvent pas le faire. S’il plait à Dieu, je vais chez Bouyé.
Malgré mes efforts, le président m’a accusé de vouloir créer un État islamique. Mais contrairement à lui qui veut créer un État de mécréants.
Je préfère mourir en martyr que de vivre en traite. On n’était convenu de la dissolution de l’Assemblée nationale et celle de la cour constitution. Mais, il a changé d’avis à la dernière minute.
Il est en train de tout faire pour engager un bras de faire avec nous. Mais il n’y a pas de bras de fer entre le peuple et celui qu’il a élu.
On est en train d’entretenir cette crise. Mon grand-frère (IBK) vit de crises. Notre pays est devenu la risée de tout le monde.
Concernant Boubou CISSE, j’ai soutenu sa nomination en 2019.
Mais, les événements nous permettent de connaitre les hommes. C’est une école. Il a fait un an. Mais, le 29 février, quand j’ai parlé de blindés, cela a été un tollé. Le PM et le président ont coupé le pont avec moi.
Quand Boubou est venu chez moi, la seule chose que je lui ai demandé de savoir comment les FORSAT se sont retrouvées chez moi. Il a promis de faire des enquêtes. Mais personne n’est dupe. Il était le seul responsable du Gouvernement. Sur France 24, il a présenté des excuses et pourquoi le faire s’il n’a rien à se reprocher. Aujourd’hui, il y a des chancelleries, à l’image de la France, qui exigent le maintien du PM qui n’a aucune légitimité. Comment Boubou peut réconcilier les Maliens alors qu’il n’a aucune base, aucun soutien ?
Mais il n’y a que la France qu’IBK écoute. Je ne suis pas ennemi de la France, mais que les Français aussi nous respectent. Comment la France peut s’ingérer dans le choix du Premier ministre dans notre pays. Dès que la France décide, cela s’impose à tout le peuple.
Pour aller ensemble, il faut regarder dans la même direction. Tant qu’on reste divisé, on ne s’en sortira jamais. Cette gouvernance nous conduit vers l’abime. Il y a suffisamment de ressources pour qu’on puisse s’entendre.
Boubou n’a fait que démarcher les gens par-ci par-là. Le vrai fils de ce pays aime le Mali. Ce sont les doubles nationalités qui nous trahissent. Ils achètent des maisons en France, au Canada…
Nous sommes un peuple tolérant. Mais aujourd’hui, on a divisé tout le monde.
Le mardi prochain sera le plus grand de tous les mardis au Mali. Nous devons prouver ce mardi que nous sommes un grand peuple, un peuple debout. Nous devons montrer cela par notre mobilisation.
À partir de midi, il faut fermer tous les marchés. J’invite les populations de Bamako et environs à se mobiliser dans la sérénité, sans violence. Même en cas de pluie, nous allons sortir ».
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : INFO-MATIN