Supporter des Aigles, notamment pendant la Coupe d’Afrique des Nations 2008 au Ghana et du Stade malien de Bamako, Mamadou Maïga, dans l’entretien ci-dessous, se prononce sur la crise actuelle du football malien et celle de la Fédération malienne de football. 

Les Echos : Pour vous les problèmes sont à rechercher au niveau des dirigeants ?

Mamadou Maïga : Sans être nostalgique, je pense que les raisons de cette crise au sommet de notre sport roi sont dues au fait que ceux qui dirigent notre football l’ont pris en otage. Il est inadmissible que malgré les bons résultats de nos jeunes pendant une saison qu’aucun des dirigeants ne veuille mettre balle à terre pour juguler cette crise et prôner la cohésion dans l’espace footballistique. Je le dis du fond du cœur, si nous sommes arrivés là, c’est simplement parce que tous les dirigeants du football sont là pour leurs intérêts personnels. Leur souci est de ce remplir les poches. Certains présidents de Ligue, de club et même de district aident la Fédération malienne de football à justifier les sorties d’argent. En fait, beaucoup n’arrivent plus dans le football par passion, mais par intérêt ».

Les Echos : Le football aujourd’hui n’est plus simplement une affaire de passion, c’est devenu du business… ?

Le football au Mali et dans le monde est devenu un business. Mais dans un business digne de ce nom, tous les maillons de la chaîne trouvent leurs comptes. Au Mali, tel n’est pas le cas comme nous le vivons actuellement. Chez nous, le football n’est pas du business, c’est de l’arnaque. Une sorte d’escroquerie savamment organisée. L’exploitation des joueurs sont l’élément principal et le football, n’est pas au centre des préoccupations des actuels dirigeants ce sport au Mali. C’est scandaleux. Imaginez que les joueurs sans l’Etat ne bénéficient pas de primes même l’argent du sponsor. Sur les millions du sponsor officiel, combien des trois catégories (cadets, juniors et séniors) ont pu avoir et quelle était la clé de répartition.

Dans  ces conditions, il est difficile aujourd’hui pour les joueurs locaux d’avoir confiance en pour émerger et devenir de grands joueurs. Vous savez qu’une équipe de football, ce sont des joueurs et des dirigeants animés d’abord par une même passion, qui est le foot. Les joueurs sont principalement là parce qu’ils veulent jouer au football. Et si les dirigeants n’ont pas la même passion, il est difficile qu’un pays comme le nôtre émerge. C’est pour cela que tous les jours, nos jeunes s’en vont, obligés d’aller ailleurs parce qu’ils ne sont pas respectés par les dirigeants.

Les Echos : Le football malien est secoué par une crise. Quel jugement ?

 Mamadou Maïga : L’Etat malien et la Fédération internationale de football (Fifa) sont tous responsables du cafouillage qui mine notre football aujourd’hui. On ne fait pas les textes, mais on les modifie. L’Etat ne peut pas demander aux imminents de modifier les textes de la Fémafoot et leur demander en même temps de gérer le football. N n’importe qui à leur place aurait fait la même chose, c’est-à-dire venir à la Fémafoot s’occuper uniquement des compétitions internationales. Il y a des gens dans ce pays qui peuvent vendre leur âme pour de l’argent. Au Gabon et au Maroc, les modifications des textes ont pris un mois. Au Cameroun, environ 2 ans. Au Togo, c’est en cours avec une prolongation.

La Fifa n’est pas au dessus de l’Etat. Ce sont les Fédérations qui font la Fifa. Pourquoi l’Etat ne peut pas nommer les présidents des Fédérations comme en Afrique du nord.  Par le passé le football malien était l’un des meilleurs en Afrique de part son organisation, avec une communion entre les dirigeants et les joueurs. Pour une bonne gestion du football au Mali, les associations des présidents des clubs, tout ce qui à trait aux associations, doivent être dissout, c’est tout cela qui apporte du désordre dans notre football. A une certaine époque, il existait un comité de direction qui travaillait avec la Fédération. Ce comité était composé de personnalités indépendantes, de ministres et des présidents de clubs. Ils arrêtaient les décisions et les clubs les appliquaient à la lettre. L’équipe nationale du Mali, les Ligues,  les clubs et les districts étaient la propriété de l’Etat. Le chef de l’Etat s’impliquait personnellement dans la gestion de l’équipe nationale ».

Propos recueillis à Accra par

Bakary Diakité dit Sarr