La décision de l’association de lutte contre l’esclavage au Mali, prise par le ministère de l’Administration territoriale, est justifiée par le non-respect de certaines procédures administratives exigées pour le lancement de projets associatifs.
TEMEDT aurait omis de solliciter une autorisation préalable des autorités compétentes avant de démarrer ses récentes initiatives, en violation des instructions en vigueur.
Créée en 2006, TEMEDT s’est imposée comme une organisation pionnière dans le combat contre l’esclavage basé sur la descendance. L’association œuvre pour la réinsertion sociale des personnes victimes de ce système, tout en sensibilisant à la fois les victimes et les communautés pratiquant encore ces formes d’exploitation. Des projets d’accompagnement des victimes ont permis à de nombreuses familles de retrouver leur dignité en obtenant un accès à l’éducation, à la santé et à des moyens de subsistance dans des zones comme Kayes et Bamako.
L’organisation a également joué un rôle déterminant dans la mise en lumière de la réalité de l’esclavage au Mali. Ses actions de plaidoyer ont conduit à plusieurs avancées juridiques, notamment l’ouverture de procès pour des cas d’esclavage en 2023, après plus d’une décennie de tabous sur le sujet. En février 2023, des peines sévères ont été prononcées contre des individus impliqués dans ces pratiques.
Cette suspension a suscité des réactions mitigées. Alors que les autorités insistent sur le respect des procédures, certains acteurs de la société civile y voient une tentative de limiter la capacité des associations critiques vis-à-vis de la gestion gouvernementale actuelle. Dans un contexte où plusieurs organisations politiques et civiles ont récemment été dissoutes ou suspendues, cette décision est perçue par beaucoup comme une nouvelle attaque contre la liberté d’association au Mali.
TEMEDT, en tant qu’organisation internationale et respectée, bénéficie d’un soutien significatif de la part de nombreux partenaires étrangers, notamment des organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty International.
MD/Sf/te/APA