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Mali : que pèse l’aide publique au développement de la France ?

FOCUS – En représailles au renvoi de l’ambassadeur français au Mali, Marine Le Pen a suggéré de «bloquer l’aide au développement à destination du Mali» ainsi que les transferts de fonds financiers.

Marine Le Pen veut frapper le Mali au portefeuille. Lundi 31 janvier, le deuxième plus vaste pays d’Afrique de l’Ouest a annoncé l’expulsion de l’ambassadeur de France sous 72 heures, dans un contexte de relations de plus en plus glaciales entre les deux États. Si le gouvernement français, par la voix du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, a indiqué prendre «note» de cette décision, la candidate du Rassemblement nationale l’a jugée «révoltante» sur Europe 1 et CNews. «Je rappelle à ceux qui nous écoutent que 53 de nos enfants sont morts pour aller défendre le Mali, à leur demande», a-t-elle insisté, le soir de l’annonce, dans l’émission Punchline.

Pour elle, la France doit prendre des décisions radicales face à ce nouveau camouflet : «Je pense qu’il faut bloquer l’intégralité des avoirs des dirigeants maliens en France, qu’il faut d’ailleurs bloquer l’aide au développement à destination du Mali, et accessoirement l’intégralité des transferts de fonds financiers, y compris individuels, qui partent de France vers le Mali», a-t-elle suggéré, estimant que ces deux derniers flux représentent «12% du PIB du Mali». Mais que pèsent donc réellement l’aide au développement de la France et les transferts de fonds dans l’économie malienne ? À quel point un blocage de ces flux impacterait-il le pays ?

Marine Le Pen
@MLP_officiel
 Face à l’attitude de la junte malienne, il faut bloquer l’aide au développement et le transfert de fonds, y compris individuels, qui partent de France vers le Mali (12% du PIB du Mali !). Je ne supporte pas que notre Armée soit humiliée par le gouvernement malien !

Près de 105 millions d’aide au développement en 2019

L’aide publique au développement comprend les dons et les flux nets des prêts prévus au budget et transférés des pays développés vers les pays en voie de développement. «Pour être éligibles à l’aide au développement, les prêts doivent comporter ce que l’on appelle un “élément don”, c’est-à-dire une part de concessionnalité par rapport à un prêt accordé à des conditions de marché», résume François Tirot, directeur de l’agence malienne de l’Agence française de développement (AFD). En outre, ce budget comporte «une part importante d’aide humanitaire», qui ne constitue pas stricto sensu une aide publique au développement, précise le responsable.

À l’échelle planétaire, c’est l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui a la responsabilité de déterminer les aides au développement de chaque pays. Les chiffres, fiables et officiels, des sommes allouées par les États développés sont en libre accès. Sur l’année 2019 – les données des suivantes n’ont pas encore été rendues publiques – la France a versé 101,5 millions de dollars américains au Mali, soit 89,7 millions d’euros. La même année, le PIB du Mali s’élevait à 17,28 milliards de dollars américains, soit 15,2 milliards d’euros. Il n’a que très peu évolué depuis. L’aide publique au développement française représentait donc 0,59% du PIB malien en 2019.

La France participe également à l’aide européenne pour le Mali, qui s’élevait à 615 millions d’euros sur la période 2014-2020. Elle en a même été le deuxième contributeur, à hauteur de 17,15%, soit 107,6 millions d’euros. En moyenne, l’Hexagone a donc participé à hauteur de 15 millions d’euros pour l’année 2019, soit 0,1% du PIB malien.

112 millions d’euros de «remises migratoires»

Lors de son passage sur Europe 1, Marine Le Pen a également évoqué sa volonté de «bloquer les transferts de fonds financiers». Il s’agit en fait des revenus gagnés à l’étranger – en l’occurrence en France – que les migrants rapatrient chez eux. Ces mouvements financiers sont également appelés «remises migratoires» ou «rémitance». D’après les chiffres de la Banque mondiale, calculés par le KNOMAD (Partenariat mondial pour la connaissance sur les migrations et le développement) et communiqués au Figaro, les quelque 90.000 Maliens résidant légalement en France ont envoyé 127 millions de dollars américains dans leur pays d’origine en 2019, soit 112 millions d’euros.

Une somme supérieure à l’aide au développement française sur une année, et qui correspond à 0,74% du PIB malien. Les transferts de fonds de la France vers le Mali doivent en réalité être bien supérieurs, puisque ces chiffres n’incluent pas les coûts de transferts ou les circuits informels, par définition très difficiles à quantifier.

Source : Le Figaro

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