La Mission de l’ONU au Mali se retrouve de plus en plus exposée face à la recrudescence des attaques jihadistes dans le pays. À cela s’ajoute le manque d’effectifs et de matériels adaptés mais surtout de renseignement.
Au mois de mai dernier, la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a perdu 12 casques bleus en l’espace de deux semaines, dans trois attaques jihadistes. Face à la recrudescence de ces incidents, les forces de l’ONU se retrouvent de plus en plus exposées. En cause : le manque d’effectifs et de matériels adaptés, mais surtout de renseignement, faute de coopération de la population, selon des responsables des Nations unies et des experts.
Outre leur multiplication depuis 2015, « les attaques sont de plus en plus complexes et sophistiquées, combinant des dispositifs explosifs placés en bord de route et des embuscades », a souligné le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Et en l’absence d’autorité de l’État dans une grande partie du nord du Mali, « la Minusma est devenue la première cible des groupes extrémistes violents ». Dans son rapport trimestriel il a demandé des renforts et une modification du mandat de la Minusma.
Déployée depuis juillet 2013, dans la foulée de l’intervention militaire, à l’initiative de la France, contre les jihadistes qui contrôlaient le nord du Mali depuis mars-avril 2012, la Minusma est, de toutes les missions de paix de l’ONU en cours, celle qui connaît le plus fort taux de mortalité par rapport à l’effectif.
Renseignement humain
Mais même si elle obtient des renforts, tout se jouera sur le terrain, selon les protagonistes. Le chef d’état-major de la force militaire de la Minusma, le général Hervé Gomart, reconnaît d’ailleurs ses défaillances en terme de renseignement.
« Pour agir contre les groupes terroristes, il faut savoir où ils sont, combien ils sont et comment ils agissent », a expliqué le général Gomart devant la presse jeudi 9 juin. « Cela demande des moyens techniques qu’aujourd’hui nous n’avons pas. Mais cela demande surtout du renseignement qu’on appelle ‘humain’. » « Il y a des gens qui savent qui pose les mines et les IED (engins explosifs improvisés, NDLR). Il y a des gens qui savent où ils sont fabriqués, et on n’a rien », a-t-il déploré.
« Nous avons besoin de davantage de coopération de la part des Maliens et des groupes armés signataires » de l’accord de paix conclu en mai-juin 2015 entre le camp gouvernemental et l’ex-rébellion à dominante touareg, censé isoler les jihadistes, a insisté le général Gomart.
Les groupes pro-Bamako et l’ex-rébellion boycottent certaines instances de l’accord de paix pour obtenir la mise en place des autorités intérimaires dans le Nord prévue par ce document.
Avec AFP
Source : france24