Exclu des plateformes financières régionales en raison des sanctions de la Cedeao, Bamako accumule les défauts de paiement de dette. Le dernier non-remboursement – une créance de 27,5 milliards de F CFA – a fait doubler le montant des défauts de paiement enregistrés depuis janvier.
Par cinq « notes aux investisseurs », publiées depuis la fin de janvier et dont la dernière est datée du 10 février, UMOA-Titres, l’agence de coordination régionale des émissions de dettes dans les pays ouest-africains de la zone CFA, a alerté les acteurs du marché de l’incapacité du gouvernement malien à s’acquitter des « sommes dues » pour divers emprunts.
Le 28 janvier, les sommes que Bamako n’a pas pu rembourser n’atteignaient que 2,7 milliards de dollars, sur deux « Obligations assimilables au Trésor ». Le 31 janvier, c’était cette fois 15,61 milliards de F CFA que le Mali ne pouvait débourser. Les 2, 7 et 10 février, l’exécutif malien s’est retrouvé incapable de verser respectivement 5,55 milliards, 1,68 milliard et 27,5 milliards de F CFA. Cela porte à 53 milliards de F CFA (81,6 millions d’euros) le montant total des sommes non versées par le Mali depuis la fin de janvier.
BAMAKO ASSURE LES INVESTISSEURS DE SA VOLONTÉ ET DE SA CAPACITÉ À FAIRE FACE AUX ENGAGEMENTS
Impossibilité de rembourser ou d’émettre les créances
L’exécutif malien est sous le coup des sanctions économiques et financières décrétées par la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), à la suite de l’annonce par Bamako de son intention de rallonger radicalement la durée de la transition avant le retour à l’ordre constitutionnel.
Début février, les autorités maliennes, qui dénoncent depuis plusieurs semaines des sanctions « illégitimes et illégales », avaient rappelé que le Mali avait « toujours honoré ses engagements sur le marché financier » et assurait les investisseurs « de sa volonté et de sa capacité à faire face aux engagements », comme le rappelle l’AFP.
Outre l’impossibilité de rembourser ses créances, le Mali ne peut émettre de nouveaux titres de dette pour financer le fonctionnement de l’État. Le 12 anvier dernier, le pays a dû renoncer à l’émission de 30 milliards de F CFA de dette. Un an plus tôt, au premier trimestre de 2021, les besoins de financements du Mali sur le marché régional représentaient pas moins de 235 milliards de F CFA d’émissions de dettes.