Bamako se prépare à vivre une manifestation le 5 juin prochain, projetée par la plateforme CMAS-FSD-Malikura pour demander la démission du Président de la République. Face à la « folie du pouvoir » et à « l’obstination à déstabiliser la République » de ses acteurs, le premier ministre Dr Boubou Cissé va-t-il user de la force comme son prédécesseur?
Le développement de l’actualité malienne en ces temps rappelle les propos mémorables de l’ancien Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga, quant à l’hybridation de la scène politique. Le Tigre n’avait pas mâché ses mots. « Nous sommes dans une démocratie où le jeu se mène. Mais, il se mène quelque fois de façon malicieuse et maligne. Il y a des gens chaque fois qu’ils sont vaincus sur un théâtre, ils changent de théâtre et mènent toujours avec le même objectif », a dénoncé l’ancien locataire de la Cité Administrative de Bamako.
C’était à la suite de ce qu’il appelle « la théâtralisation assez visible« , le vendredi 8 février 2019, « par rapport à l’appui que le gouvernement s’est fait le devoir d’apporter à l’organisation d’une prière destinée normalement à appeler à la paix et à la réconciliation.»
Et SBM de poursuivre: « Nous avons à faire à des acteurs hybrides qui poursuivent le même objectif sous différentes facettes, mais c’est le même objectif politique. Nous nous devons rester extrêmement vigilants par rapport à ça. Si nos adversaires étaient aussi forts, nous ne serions pas ici. Tout ceux qui s’agitent sont des gens qui ont voté et fait voter contre nous. Ils continuent d’agir contre nous et pensent trouver des interstices sur les passages pour nous déstabiliser».
«Mais nous ferons face », a-t-il promis. Quelques jours plus tard, les mêmes acteurs ont été gazés et matés par les forces de l’ordre. Une forme d’autorité d’Etat a régné durant la période.
Aujourd’hui, ce sont presque les mêmes acteurs, « hybrides », qui projettent une marche pour réclamer la démission du Président démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Kéita. Sauf que nous ne sommes plus en 2019, avec le même Premier ministre. Pourtant l’ex-PM Soumeylou Boubèye Maïga n’avait pas mâché ses mots.
Marcher pour réclamer la démission d’un Président de la République élu démocratiquement relève du déni de la réalité, d’une pratique autre que démocratique. Parmi ces acteurs toujours en hybridation, le parrain de l’un est souvent cité comme proche de l’actuel PM Boubou Cissé.
Le Premier ministre Boubou Cissé va-t-il laisser la scène politique pourrir en cette période où il fait face à la pandémie de la Covid-19? Ou anticiper en étouffant toute manifestation?
Dr Boubou Cissé a montré son biceps face à la manifestation des enseignants, il y a quelques semaines, et celles de mécontentement à la suite de la proclamation des résultats définitifs des élections législatives de mars-avril dernier. Les gaz lacrymogènes ont parlé.
Il a les moyens de faire taire toute manifestation visant le renversement des institutions de la République. Le 5 juin 2020 édifiera davantage.
Issa TANGARA
Icimali