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Mali : la nécessité d’une feuille de route pour la mise en œuvre des engagements de la 72ème Assemblée Mondiale de la Santé

Après la tenue de la 72ème Assemblée Mondiale de la Santé en 2019 à Genève, le Mali a pu mettre en œuvre six de ses engagements à hauteur de plus de 50%. Cependant, il reste cinq autres engagement dont l’état de mise en œuvre est encore inférieur à 50%. Au même moment, la réalisation de l’étude qui va guider la feuille de route visant à accélérer la mise en œuvre de l’ensemble des engagement afin que le Mali puisse être au rendez-vous 2030 (accès universel aux services d’eau, d’hygiène et d’assainissement dans les établissements de soins), reste toujours attendue.

 Du 20 au 28 mai 2019, la 72ème Assemblée Mondiale de la Santé s’est tenue à Genève. Lors de cette rencontre importante, les ministres en charge de la santé des pays membres ont adopté une résolution spécifique relative à l’Eau Potable, l’Hygiène et l’Assainissement (WASH) en milieu de soins, et qui engage les États à redoubler d’efforts pour parvenir à un accès universel aux services d’eau, d’hygiène et d’assainissement dans les établissements de soins d’ici à 2030, conformément à l’Objectif de Développement Durable N° 6 (ODD6) relatif à l’eau potable et l’assainissement pour tous.

Pour être au rendez-vous, le Mali, avec le soutien de ses partenaires stratégiques dont, entre autres, WaterAid, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et World Vision, est passé par plusieurs initiatives. Ainsi, un plan d’actions de mise en œuvre des engagements a été élaboré en 2020, avant d’être révisé et fixé à 2025. De l’évaluation de ce plan d’action, il ressort qu’à partir du mois de février 2024, sur les onze engagement pris par le l’État du Mali, six ont été mis en œuvre à hauteur de plus de 50%. Il s’agit des engagements 2 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 et 8. S’agissant des cinq autres engagements (1 ; 3 ; 9 ; 10 et 11), ils sont à la traine avec une exécution estimée à moins de 50%.

Selon Mahamane Touré, chargé de programme à WaterAid, la mise en œuvre de ces différents engagements pourra être accéléré après l’élaboration et l’adoption d’une feuille de route qui va déterminer les actions à mener. Mais pour que ce document soit une réalité, M. Touré estime qu’il faut au préalable une étude qui a déjà accusé d’énorme retard. « La feuille de route doit être élaborée après l’évaluation des besoins. Donc pour y parvenir, il faut une étude exhaustive des besoins sur le terrain », précise Mahamane Touré.

Parlant de l’étude, le chargé programme à WaterAid souligne : « Le rapport de cette étude devait être disponible en Mars 2023. Malheureusement, au moment où je vous parle (22 février 2024), l’étude n’est pas encore finie. Alors que ce sont les résultats de ces recherches qui doivent nous orienter dans l’élaboration de la feuille de route qui n’est qu’un plan d’action pour accélérer la mise en œuvre des engagements. C’est cette étude qui va nous permettre de savoir là où l’on est et de planifier ce qu’il faut faire. Donc, une fois de plus, c’est cette étude qui doit nous conduire à l’élaboration de la feuille de route. Laquelle va nous déterminer ce qu’il y a lieu de faire et avec quels moyens possibles ».

 S’agissant de l’étude, Ousmane Témé, de la Sous-Direction l’Hygiène Publique et la Salubrité (SDHPS), nous confie que dans le cadre de la concrétisation du 1er point de la Résolution, la Direction Générale de la Santé et de l’Hygiène Publique (DGSHP), avec l’appui de ses partenaires, a commandité une évaluation complète de la situation eau, hygiène et assainissement en milieu de soins allant de janvier à mars 2024. « Cette évaluation permettrait de disposer de données factuelles assez complètes. Les résultats de cette évaluation permettront de mieux orienter les gestionnaires des établissements de soins sur les interventions à mener en vue de la prévention des infections, l’amélioration de la qualité des soins, la prévention de la résistance aux antimicrobiens dans les établissements de soins ainsi que la préservation de la santé maternelle, néonatale et infantile à travers une feuille de route qui sera également élaborée par le consultant », précise-t-il.

M. Témé estime aussi que la Direction Générale de la Santé et de l’Hygiène Publique, avec l’appui de ses partenaires, se propose de procéder à la validation du rapport d’évaluation de la situation de base Eau Hygiène et Assainissement (EHA) dans les établissements de santé au Mali, ainsi que la feuille de route d’ici fin mars 2024.

 Augmenter le financement du secteur de la santé

Selon Sory Ibrahim Bouaré, conseiller pour la santé et l’environnement au bureau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Bamako, l’importance de la feuille de route est de fédérer les acteurs autour d’un plan d’action. « C’est un document qui va permettre également à tous les acteurs de connaitre leurs différentes lacunes, c’est-à-dire savoir les points qu’il faut améliorer et le gap à couvrir », ajoute-t-il.

Le conseiller pour la santé et l’environnement de l’OMS estime également que cette feuille de route permet de donner aux acteurs un timing pour l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD). Parce que, avance-t-il, tous les engagements issus de Assemblée Mondiale de la Santé en 2019 sont axés sur l’atteinte des Objectifs du millénaire concernant la couverture sanitaire universelle, eau, hygiène et assainissement et conformément au plan d’action, le Mali s’est fixé un objectif d’atteindre au moins 80% de la couverture sanitaire universelle d’ici à 2027.

Pour M. Bouaré, l’adoption de cette nouvelle feuille de route peut inciter l’Etat et même les partenaires à financer davantage le secteur de la santé, en ce sens que le document constitue également un outil de plaidoyer pour le financement en faveur du secteur de la santé. « Parce que la feuille de route va déterminer les manquements, les difficultés et les problèmes qui sont au niveau des différents centres de santé. Après, les acteurs vont planifier ce qu’il y a à faire pour combler le gap. C’est ce  qui peut les sensibiliser à augmenter davantage le budget de la santé. Du point de vue international, cet exercice pourra aussi montrer aux autorités maliennes l’écart qu’il y a entre ce qui est attendu d’elles dans le cadre des ODD et les efforts qu’elles doivent encore fournir avec l’accompagnement des partenaires. Il s’agit aussi de tracer le chemin à parcourir dans le futur. Donc, c’est un cadre d’intervention des autorités et de tous les partenaires et cela va créer la coordination entre les différentes parties pour une intervention synergique », souligne-t-il.

Au regard de la réalité du secteur de la santé, il urge d’accélérer la réalisation de l’étude qui va mettre en lumière les difficultés réelles auxquelles les établissements de soins sont actuellement affrontées. Ce qui amènera les acteurs concernés à se doter d’une feuille de route adaptée aux réalités du secteur et dont l’exécution permettra au Mali d’être au rendez-vous 2030.

Ousmane BALLO 

Source: Afrikinfos-Mali

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