L’armée malienne est intervenue contre une milice de chasseurs traditionnels dogons dans le centre du Mali, dont elle a confisqué ou détruit de nombreuses motos, a-t-on appris lundi de sources concordantes.
Dans un communiqué, ce groupe, baptisé Dana Amassagou, apparu il a plusieurs mois dans la région, menace de s’y opposer à la tenue de l’élection présidentielle du 29 juillet, alors que la campagne a débuté samedi.
Les violences se multiplient depuis trois ans dans le centre du Mali entre Peuls, traditionnellement éleveurs, souvent accusés de grossir les rangs des jihadistes, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l’agriculture.
« Samedi, nous sommes intervenus dans le centre, dans la localité de Kanou-Kombolé, pour assurer la sécurité des populations », a déclaré à l’AFP une source militaire malienne, se refusant à tout autre commentaire.
« Un détachement de militaires maliens est arrivé » sur les lieux, a affirmé le groupe dans un communiqué.
« Ils ont voulu récupérer nos armes, face à notre refus ils ont brûlé nos motos, plus de trois cents motos, et ont ouvert le feu sur nous, pas de perte en vie humaine », selon le texte.
« Face à cette situation, nous avons décidé de chasser tout représentant de l’Etat dans le pays dogon. Nous ne voulons plus la présence de l’Etat, ce qui veut dire pas de vote », menace Dana Amassagou.
Cette intervention de l’armée a été saluée par des associations peules, alors que cette communauté dénonce régulièrement des exactions à son encontre, au nom de la lutte contre les jihadistes, tolérées voire encouragées selon elle par les autorités, ce que dément le gouvernement.
« L’armée commence à montrer que personne n’est au-dessus de la loi. C’est un bon signe, mais il ne faut pas se limiter à ça », a déclaré à l’AFP Ismaël Cissé, un responsable de Tabital Pulaaku, principale association peule au Mali.
Parmi les indices de collusion entre militaires et groupes de chasseurs, les Peuls citent régulièrement le fait que ceux-ci patrouillent à moto sans être inquiétés, malgré l’interdiction depuis février par l’armée de la circulation des motos et des pick-up, entre de nombreuses localités du centre et du nord du pays.
L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) a recueilli de nombreux témoignages faisant état d’une « apparente partialité dans l’application de l’interdiction des motos », a indiqué à l’AFP Corinne Dufka, directrice de HRW pour l’Afrique de l’Ouest, actuellement en mission au Mali.
Lors d’une rencontre de réconciliation en mars entre dirigeants peuls et dogons à Koro (centre), le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga avait promis de « désarmer de gré ou de force les milices ». « L’Etat ne sous-traite pas sa sécurité », avait-il déclaré.
AFP