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Mali : Destination des djihadistes, narcotrafiquants et mafiosi

IBK au pouvoir, l’on croyait le Mali a l’abri des agitations de la pègre. Mais la réalité a vite fait de nous attraper. Si les narcotrafiquants et les djihadistes se sont lentement installés au nord du pays au fil des ans, la mafia a mis moins de temps pour mettre presque le pays sous son contrôle. Le drame, c’est que ces trois fléaux semblent renforcer leur emprise. La mafia, version malienne, est encore loin de l’exemple des familles siciliennes. Ces dernières ont infiltré un temps les hautes sphères de l’administration américaine. Le but était de couvrir leurs crimes, mais aux bords du fleuve Djoliba, c’est une autre histoire.

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L’infiltration des services publics maliens par des escrocs en cols blancs, venus surtout de très loin, est bien réelle. En moins d’une année, ces petits malins tapis dans l’ombre du pouvoir malien ont réussi à attirer l’attention sur eux. C’est d’abord Paris qui a levé le lièvre, en inculpant de corruption d’agent public étranger un citoyen français connu dans le petit monde des chefs d’Etat africains. Allant plus loin, la justice française précise que l’agent public étranger en question est malien et non des moindres.

Pour le reste, la presse s’en est chargée, en lâchant le nom de l’encombrant homme d’affaires Corse Michel Tomi. L’homme d’affaires dont les activités lucratives sont exclusivement menées en Afrique, est aussi soupçonné de blanchiment d’argent dans le cadre de la poursuite judiciaire engagée contre lui dans son pays.

Tomi, ami du président Ibrahim Boubacar Keïta qui dit le considérer comme un frère, est devenu familier de plusieurs familles présidentielles africaines depuis fort longtemps. Des amitiés qui constituent avant tout des mariages de raison fructifiant les affaires du Français. Au Mali, on le dit propriétaire de plusieurs maisons de jeux dont un casino à Bamako et des intérêts dans le Pari mutuel urbain malien(PMU).

Mais il y a mieux. Le grand flair de l’homme d’affaires lui aurait permis de faire une mise colossale sur son ami et très populaire candidat à la présidentielle malienne de 2013, Ibrahim Boubacar Keïta, bien avant la tenue des élections. Tomi a beaucoup d’argent, et certains estiment qu’il aurait joué le rôle d’un financier dans la campagne présidentielle d’IBK. Pour quel intérêt ? On ne saurait le dire avec précision, mais un observateur indique que le Corse avait un plan pour se faire rembourser de façon sournoise.

Pour cela, il fallait avoir au sein du gouvernement des personnalités taillables et corvéables. Ce qui est le cas, assure un homme politique, depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir. En effet, la présence des amis et des membres de la famille présidentielle dans les rouages de l’Etat ne relève pas d’un calcul, selon IBK. Toutefois, il y a des coïncidences qui gênent. Non seulement les personnalités mises en cause dans le cadre des marchés surfacturés ne sont autres que des proches du président, elles sont aussi et surtout trempées dans une affaire qui tourne autour du fabuleux Tomi.

En attendant que la justice ne se prononce sur ce dossier qui risque d’aggraver le cas de l’homme d’affaires français et ses complices maliens, le pays court à l’impasse économique. Il est attendu d’IBK des sanctions judiciaires contre toutes ces personnalités publiques impliquées dans le dossier. Des sanctions pouvant apaiser le courroux du FMI qui doit se prononcer en décembre prochain sur la reprise de son aide budgétaire au Mali.

En plus de la crise sécuritaire, le Mali est économiquement mal parti. Pour ne rien arranger, les erreurs de gouvernance aident les djihadistes à maintenir le pays dans l’impasse. Pour cause, les forces de sécurité maliennes ont battu en retrait, et les djihadistes reviennent en force si rien ne peut les arrêter. Pas même la présence des forces de la Minusma et l’opération Barkhane qui peinent à contrer la recrudescence de la violence dans le nord du pays.

Et la signature prochaine d’un accord de paix avec certains groupes armés n’est pas une garantie de paix définitive. Car il faudra mener la guerre que l’on refuse de mener contre le fondamentalisme. Hors, la communauté internationale, avec la France en tête, compte utiliser les combattants de ces mouvements armés Touareg et Arabe pour combattre les djihadistes. Problème : les djihadistes ne sont pas tous « tombés du ciel » ; il s’agit avant des fils du terroir versés dans l’extrémisme religieux. Ils savent mieux que quiconque comment utiliser la sensibilité des nostalgiques de la cause des hommes bleus pour atteindre leurs buts.

Donc, la paix des braves attendue des négociations en cours ne fera pas taire forcément les armes. La possible intégration des combattants dits indépendantistes au sein des forces armées et de défense du pays ne résoudra rien. Difficilement, les futurs intégrés issus du groupe MNLA-HCUA-MAA iront combattre les fidèles d’Iyad Ag Ghali. Parce que ceux-ci les ont aidés à combattre l’armée malienne à Kidal en mai dernier.

Avec l’énergie du désespoir, ces groupes armés tentent de maintenir le statu quo ante à travers des attaques contre les positions de l’armée malienne. Celle-ci leur avait pourtant cédé du terrain après la catastrophe de Kidal en mai dernier. Pour les narcoterroristes, il s’agit d’entretenir un climat favorable au trafic de drogue qui a besoin d’instabilité pour prospérer.

Soumaïla T. Diarra

SOURCE: L’Aube  du   7 nov 2014.
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