18 août 2020 – 18 août 2021, un an jour pour jour au Mali que les militaires ont pris le pouvoir aux civils. Le pays alors dirigé dès les premières heures du coup d’état par le CNSP sous le visage du colonel Assimi Goïta, a vu les institutions s’installées  ainsi que la levée des sanctions économiques imposées par la Communauté économique de l’Afrique de l’ouest juste après le push. Cette déclaration des Chefs d’Etat de la CEDEAO le 5 Octobre 2020, a replacé le Mali dans les échanges et la coopération avec les pays de la régions. Une déclaration qui impliquait aussi l’ouverture des frontières, la relance des flux et échanges commerciaux et la coopération politique et diplomatique avec les pays membres de la CEDEAO.

Le lundi 21 septembre 2020, les deux personnalités devant conduire la transition politique ont été désignées par le Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP). Il s’agissait de Bah Ndaw  comme président de la Transition et d’Assimi Goïta comme Vice-président. Leur désignation a sorti le pays du suspense un mois après le coup d’état.

Colonel-major à la retraite, Bah Ndaw, ancien ministre de la Défense. Il avait succédé à ce poste à Soumeylou Boubèye Maïga. Bah Ndaw avait été présenté comme homme de consensus  et de rigueur. Né en 1950 à San, dans la région de Ségou, le Colonel-major a fait carrière dans l’armée de l’air malienne. Son parcours irréprochable donnait un certain charisme à cette nouvelle page de l’histoire politique qu’il devait écrire avec son pays. Dans le passé, il a été l’aide de camp du président Moussa Traoré décédé le 15 septembre  2020 à Bamako, la capitale. C’est fort de son expérience professionnelle et sa connaissance de certains dossiers phares au regard de son expérience de ministre qu’il a été porté à la tête du pays.

Avec le premier président de la transition Bah  Ndaw, militaire à la retraite et le diplomate Moctar Ouane comme premier ministre, un gouvernement a été formé. La mise en place des institutions a amené la CEDEAO à lever les sanctions économiques qui pesaient sur le pays.

Dès lors, la marche de la Transition a poursuivi son chemin avant de se voir heurter à un deuxième coup d’état le 24 mai 2021 après l’annonce du deuxième gouvernement de Transition par Moctar Ouane. Le Vice-Président Assimi Goita est  alors investi Président de la Transition au Mali, deux semaines plus tard, le lundi 7 juin  2021 au Centre International de Conférence de Bamako (CICD). Il a tenu à « rassurer les organisations sous régionales, régionales et la communauté internationale en général que le Mali va honorer l’ensemble de ses engagements pour et dans l’intérêt supérieur de la nation » dès l’entame de son mandat de Président de la Transition.

Il a aussitôt nommé au poste de Premier ministre Choguel Maiga qui a aussitôt constitué un nouveau gouvernement. Dans ce gouvernement dévoilé ce vendredi 11 juin, par le Secrétaire général de la présidence par intérim, Badra Aliou Coulibaly, les militaires conservent plusieurs ministères clés. Ils héritent notamment des ministères de la Défense, de la Sécurité, de l’Administration territoriale et de la Réconciliation.

L’un des meneurs du coup d’État d’août 2020, Sadio Camara, retrouve le portefeuille de la Défense. Son éviction du gouvernement fin mai par l’ex-président de la transition, Bah Ndaw, aurait été considérée comme l’un des éléments ayant déclenché le second putsch du colonel Assimi Goïta.

Le colonel Assimi Goïta, Président de la transition au Mali, a appelé, mardi soir (17 août 2021), le peuple malien à un sursaut national pour la refondation de l’Etat dans un discours adressé à la nation à l’occasion de l’anniversaire du coup d’Etat du 18 août 2020. L’on peut retenir de cette adresse à la nation que « Notre ambition consiste à nous sécuriser pour nous développer, nous doter de textes et d’institutions crédibles pour instaurer une gouvernance vertueuse, réussir des élections transparentes aux résultats incontestables, raffermir la cohésion nationale », a assuré le colonel Assimi Goïta.

Face aux revendications sociales, l’armée nationale, ne pouvait rester dans l’attentisme, son intervention est pour la concrétisation du vœu populaire : “le changement” tant scandé en slogan par le peuple.

Même si la transition reste parsemée de crises sécuritaire et sociale, les autorités présente une dynamique dotée d’une « nouvelle vision » pour le Mali.

 

Un an après le coup d’Etat quelques voix se prononcent dans les rues de Bamako sur la Transition

 

Mohamed Koné, 29 ans, étudiant, gardien d’établissement public à ses heures perdues

« Personnellement je ne récents pas de changement depuis le départ d’IBK. Quand on dit changement, c’est de développement de pays on parle, en ce sens je n’ai pas vu de progrès. C’est toujours des promesses, comme l’a fait le président Assimi Goïta lors de son discours d’investiture, mais toujours rien n’est fait. Si j’ai des conseils à leur donner pour le restant de la transition c’est qu’ils tiennent leurs promesses. S’ils font cela, je suis même pour une prolongation de la transition. On leur demande seulement de faire évoluer le pays, sinon que ça soit président civile ou militaire, ce n’est pas important, l’essentiel est qu’il travaille. Quel qu’en soit la façon dont il est venu au pouvoir. »

 

Sitan Coulibaly, 52 ans, vendeuse de nourriture

“Il n’y a pas eu assez de changement. En tout cas en nous concernant. On a chassé IBK à cause des difficultés, les autorités actuelles nous ont promis des changements, notamment dans le domaine des denrées alimentaires, force est de constater que ce n’est pas le cas. Tout à augmenté : le prix de la viande (3000 F CFA le kilogramme), du riz (400 à 500 f/kg) … Pourtant, on a tout ce qu’il faut au Mali dans le volet alimentaire pour bien nous nourrir, on cultive beaucoup de vivres et nous avons un des cheptels les plus importants de l’Afrique. Avec tout cela, dire qu’on a des difficultés de ce genre, relève du paradoxe. Et c’est dû à la mauvaise gouvernance, selon moi. A vrai dire depuis ATT, on n’a pas eu de bon président. Ce que je conseille aux autorités est qu’ils s’entendent entre eux pour enlever le Mali du trou dans lequel il se trouve fort longtemps.  Pour cela, il faudrait qu’ils développent l’agriculture. Il faut aussi reconnaître que la crise sécuritaire au nord et au centre ne leur permet pas de se concentrer sur l’aspect développement social, mais quand on est Président, on doit savoir tout gérer à la fois.”

 

Moriba Touré, 33 ans, Ressources Humains, Société Télécom, Afro-Engenery

« Depuis le départ d’IBK, il y a eu du changement sur tous les plans. Ce que les gens ne comprennent pas, le changement ne veut pas dire que moi à mon niveau ça a changé. Quand on parle de changement, on parle en généralité. Tellement le système était pourri; on ne peut pas voir le changement d’un coup comme ça. Il y a un processus qui est déjà en cours, il faut juste qu’on l’accompagne. Par rapport aux changements, je citerais l’amélioration de la sécurité-mieux qu’avant, la formation des soldats et les dotations en matériels militaires. Le problème est que le Président Assimi ne parle pas beaucoup comme les politiciens, il se concentre plutôt sur sa mission. Ce que je déplore, c’est l’incivisme de nous citoyens, on ne soutient pas assez nos présidents et ne faisons pas notre devoir pour l’avancée du pays. En fait, la réussite des autorités dépend de nous. Elles ont de bonnes intentions. Par exemple, après 60 ans d’indépendance, il a fallu cette transition, pour qu’on commence la construction d’un l’Hôpital Militaire au Mali. Si ça ne tient qu’à moi que les militaires restent même jusqu’à plus de 10 ans au pouvoir. De toute façon, la démocratie a montré ses limites chez nous, et je crois qu’au final, elle n’est pas faite pour nous. »
Ousmane Traoré, 27 ans, Commerçant

« Selon moi, il n’y a pas eu différence entre la gestion d’IBK et celle d’après lui. En son temps, c’est vrai que nous vivions beaucoup de difficultés et tout le monde a voulu son départ. Mais actuellement, il faut reconnaître qu’on est déçu du résultat. De même que les difficultés socio-politiques n’ont pas été réglées, la crise sécuritaire non plus, bien qu’avec un militaire au pouvoir. Ce que je leur conseille, c’est de se concentrer sur le développement social parce que c’est la base de tous les problèmes. Si les gens mangent à leur faim, boivent à leur soif, s’il on des hôpitaux où se soigner et des écoles où étudier, il n’y aura pas de problèmes. Personnellement, je suis contre une éventuelle prolongation de la transition. Je voudrais que le pouvoir revienne aux civils. Ils comprennent mieux les aspirations des populations que ceux au pouvoir actuellement. »

 

Idelette Bissuu et Aly Asmane Ascofare