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Mali : Boubou Cissé déclare « vivre caché à l’intérieur du pays »

ÉCHO. Dans une interview accordée au quotidien suisse « Le Temps », l’ex-Premier ministre d’IBK Boubou Cissé explique les raisons de sa fuite depuis Noël.

Au bout du fil, la voix de Boubou Cissé est chuchotante. « Désolé, je ne peux pas parler trop fort. Je suis à l’abri, mais je ne suis pas à l’aise », affirme l’ancien Premier ministre du Mali d’avril 2019 à son renversement par l’armée, le 18 août 2020. Avec le président Ibrahim Boubacar Keïta, et d’autres personnalités politiques et militaires, Boubou Cissé est arrêté. Le 8 octobre 2020, le Comité national pour le salut du peuple (la junte militaire) le libère, mais précise qu’il doit rester « à la disposition de la justice à toutes fins utiles ».

Le Temps, le quotidien de Lausanne, qui a pu entrer en contact avec lui, souligne que l’ancien Premier ministre a le souffle court, « comme saccadé par cette harassante partie de cache-cache ». Depuis le 24 décembre, Boubou Cissé vit planqué à l’intérieur du Mali. Il raconte : « Ma maison a été visitée par des agents de la sécurité d’État alors que j’étais sorti faire une course. Ils ont violenté mes employés pour qu’ils disent où j’étais. Mais, lorsque mon avocat a contacté la sécurité d’État pour demander si on me recherchait, on lui a dit que non. »

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« Peut-être même un assassinat politique »

L’ancien économiste à la Banque mondiale, revenu au Mali en 2013 pour devenir tour à tour ministre de l’Industrie et des Mines puis de l’Économie et des Finances et enfin Premier ministre, laisse entendre que la junte militaire essaye d’attenter à sa vie, d’où sa fuite. « Des gens qui débarquent à la maison lourdement armés. […] J’ai préféré me mettre en sécurité », déclare-t-il, ajoutant toutefois : « Si la justice avait demandé à me voir, j’y serais allé. »

Concernant l’information judiciaire ouverte contre lui le 28 décembre 2020 pour « atteinte à la sûreté de l’État », Boubou Cissé considère qu’il s’agit d’un « potentiel nettoyage politique, peut-être même un assassinat politique ». D’autant que ses cinq présumés « complices », selon les autorités maliennes, ont été arrêtés la veille de Noël, et présentés à un juge. De quoi sont-ils accusés ? De vouloir déstabiliser la transition vers une normalisation constitutionnelle. Une transition qui devrait permettre le retour des militaires dans leurs casernes et l’organisation d’élections démocratiques.

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Accusations de corruption

De son côté, Le Monde écrit que, depuis sa libération en octobre dernier, Boubou Cissé est accusé par la justice d’avoir « occupé son temps libre à ourdir “une entreprise de déstabilisation des institutions de la transition […], des actes de nature subversive tendant à jeter le discrédit sur les actions des autorités“ ». En revanche, le fuyard assure qu’il n’a consacré ses quelques semaines de liberté qu’à sa famille, « loin de toute activité politique ». Malgré tout, l’ancien diplômé en sciences économiques de l’université d’Aix-Marseille n’a pas totalement abandonné ses ambitions politiques. Il n’écarte pas une candidature à l’élection présidentielle. « C’est une possibilité à laquelle je n’ai pas encore réfléchi. Mais, que ce soit en tant que candidat ou non, l’essentiel est de faire en sorte que nous puissions nous parler et trouver des solutions tous ensemble », confie-t-il au Temps.

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Ses explications pour prouver son innocence

Boubou Cissé ne nie pas les accusations de corruption portées contre l’ancien régime, mais il les minimise : « On a essayé de faire ce qu’on a pu, mais c’est un long processus de lutter efficacement contre ce fléau », assure-t-il. Rappelons que la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a donné aux militaires maliens dix-huit mois pour organiser des élections démocratiques. La libération de l’ancien Premier ministre ainsi que d’autres personnalités politiques et militaires, en octobre 2020, constituait l’une des requêtes de la Cedeao. Elle avait alors décidé de lever les sanctions qui pesaient sur Bamako. Le calme n’a été que de courte durée.

 

Par notre correspondant à Genève, 

Source: lepoint.fr

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