Le chef de l’Etat de la RDC est à Paris depuis lundi pour sa première visite officielle en France, plus d’un an après un déplacement à Kinshasa de M. Macron, qui a évoqué mardi un contexte « particulièrement tragique pour le peuple congolais ».
L’est de la RDC est en proie aux violences de nombreux groupes armés, dont les rebelles du M23 (majoritairement tutsi), soutenus par des unités de l’armée rwandaise, qui se sont emparés de vastes pans du territoire et encerclent presque entièrement Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
« La France ne transigera jamais sur l’intégrité territoriale et la souveraineté de la République démocratique du Congo », a martelé M. Macron. « La population de l’est de la RDC souffre depuis trois décennies des conflits armés, des déplacements de population et des ingérences étrangères ».
« Le Rwanda, je l’ai redit au président Kagame dans un échange récent, doit cesser son soutien au M23 et retirer ses forces du territoire congolais ; l’urgence est à la désescalade », a encore insisté le président français. Il n’a toutefois pas explicitement évoqué des sanctions contre le Rwanda, que réclamait la RDC.
Lors de sa visite à Kinshasa en mars 2023, Emmanuel Macron n’avait pas clairement condamné le Rwanda, mais avait lancé de fermes mises en garde, y compris à Kigali.
Mardi, le chef de l’Etat français a évoqué un « engagement » à Paris du président congolais à « mettre fin aux agissements des FDLR » (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), un groupe armé créé par d’anciens responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, et dont la présence depuis 30 ans dans l’est de la RDC est dénoncée par Kigali.
Cet engagement a « de la valeur vis-à-vis des Rwandais que je me fais fort de convaincre d’un retrait en parallèle de leurs forces qui n’ont rien à faire sur le sol congolais », a martelé Emmanuel Macron, s’engageant à rappeler le président rwandais Paul Kagame « dans les prochains jours ».
– « Lueur d’espoir » –
M. Macron a évoqué un séquençage qui verrait donc « désarmement et encadrement » des FDLR d’une part « et retrait des forces rwandaises qui sont sur le sol congolais » d’autre part, « puis désarmement du M23 et processus d’accompagnement ».
Saluant la médiation angolaise, il a dit souhaiter « que d’ici à la fin de l’été, nous puissions avoir des initiatives pleinement conclusives ».
En retour, Félix Tshisekedi a rendu devant la presse un hommage appuyé au soutien français, se félicitant de « l’engagement encore plus grand de la France aux côtés du peuple congolais, surtout dans ce que nous subissons comme guerre injuste qui nous est imposée par le Rwanda, qui soutient le M23 ».
« Je pense qu’avec les discussions que nous avons eues aujourd’hui, une lueur d’espoir pointe à l’horizon. (…) On peut compter sur la France, qui sera à nos côtés pour trouver la paix », a-t-il affirmé.
Il a toutefois précisé qu’il ne « sera possible de discuter » avec le Rwanda qu’une fois que son armée « aura quitté » la RDC.
Le président Macron a également souligné la volonté des deux pays de « travailler ensemble à une plateforme et un mécanisme de traçabilité de tous les minerais ».
Le sous-sol de la RDC regorge de minerais, le pays étant notamment le premier producteur mondial de cobalt et le premier producteur africain de cuivre.
Kinshasa accuse le Rwanda de vouloir faire main basse sur les ressources, minières notamment, de l’Est congolais, une des raisons pour lesquelles, selon lui, Kigali soutient la rébellion du M23.
La visite du président Tshisekedi comporte également un important volet économique. Il devait clôturer mardi au ministère de l’Economie et des Finances une table-ronde sur les affaires et les investissements entre la France et la RDC, soulignant les progrès réalisés en matière de partenariats économiques depuis le Forum Economique de Kinshasa de mars 2023.
« Entre la RDC et la France, une relation gagnant-gagnant s’est nouée dans la durée », a déclaré à l’AFP la secrétaire d’Etat française au Développement, Chrysoula Zacharopoulou.
Cette relation « continue de s’amplifier grâce au doublement des financements de l’Agence française de développement (AFD) dans les projets prioritaires pour la RDC (protection de l’environnement, éducation et santé) et grâce à l’engagement des entreprises françaises et européennes dans les secteurs que la RDC veut faire grandir », a-t-elle relevé.
Avec AFP