S’il y a un an, pour son premier anniversaire, le M5-RFP était « back in business », après avoir été écarté de la première phase de la transition, l’An II de ce mouvement, qui avait conduit en 2020 à la chute de l’ex Président feu IBK, est marqué par une crise interne aux lendemains incertains. Entre dénonciations de la gestion de l’actuel Comité stratégique, suspension de certains membres et demande de démission du Premier ministre, le M5-RFP vacille.
« Nous ne reconnaissons plus le Comité stratégique du M5-RFP dans son fonctionnement actuel, même si nous restons profondément attachés et fidèles à la vision du M5, à l’idéal du Malikura, pour lequel le peuple s’est battu au prix du sang. Nous ne permettrons à personne de s’approprier le M5 pour en faire un instrument personnel ». C’est à cette conclusion qu’est parvenue le 28 mai une partie du Comité stratégique du M5, après avoir dénoncé plusieurs dysfonctionnements.
Parmi ces dysfonctionnements, le Président du Comité stratégique, le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, qui est indexé à de nombreux niveaux. Division de la diaspora malienne, remise en cause des décisions du Comité stratégique ou encore transformation des entités de ce dernier en thuriféraires à sa solde, le Président Maiga est taxé de tous les maux, depuis « les premières heures » de sa nomination à la Primature.
Si, au sein de la frange qui s’est désolidarisée du Comité stratégique incarné par le Premier ministre, on balaie du revers de la main un acharnement contre la personne de Choguel Kokalla Maiga, son maintien à la tête du Comité stratégique, de surcroît en étant chef du gouvernement, dérange.
« On ne peut pas être juge et partie. L’idéologie du M5-RFP, c’est d’abord un instrument de veille, et lui (Choguel Maiga, Ndlr), s’il dévie, c’est le Comité stratégique qui doit le rappeler à l’ordre. Et, mieux que cela, Président du FSD, Président du Comité stratégique et en même temps Premier ministre, il ne lui est pas possible de faire des réunions avec tout le monde face à l’urgence sans influencer la décision », soutient Ousmane Doumbia, membre du Comité stratégique par ailleurs suspendu avec d’autres membres en avril dernier. Mais, pour cette frange du Comité, cette suspension est « considérée comme nulle et de nul effet, car ne reposant sur aucun fondement juridique ».
« Dans les jours à venir, il y aura une grande rencontre qui va plancher sur les nouvelles perspectives afin d’aboutir à un vrai Comité stratégique du M5-RFP pour défendre les vrais idées du mouvement et non un club de soutien à une personne », annonce M. Doumbia.
Le « vrai M5 » est toujours là
Pour Jeamille Bittar, Porte-parole du M5-RFP, qui met en avant la nécessité de discipline et de rigueur dans toute organisation, il n’y a pas de malaise en soi au M5-RFP et « quand les gens sont en faute, il faut qu’ils s’assument ». « Ceux qui ont été suspendus du Comité stratégique l’ont été pour des faits qu’eux même ont reconnus », assure-t-il.
Concernant les griefs soulevés par cette frange, Jeamille Bittar estime que vu qu’elle est minoritaire au sein du Comité il n’y a pas de problème tant que la majeure partie continue de siéger. « Nous sommes dans une démocratie où le diktat de la majorité doit s’imposer ». Au-delà de ces deux entités au sein du mouvement, celle de Mme Sy Kadiatou Sow n’est pas non plus en odeur de sainteté chez le Président du Comité stratégique.
Contrairement à une division qui semble de plus en plus évidente pour certains, le porte-parole affirme que le M5 n’a jamais été aussi serein que maintenant, même s’il reconnaît qu’à la quête du pouvoir les réactions ne peuvent pas être les mêmes qu’en étant au pouvoir.
« Le vrai M5 est toujours là. Les positionnements de personnes et les querelles intestines ne sont pas des sujets sur lesquels nous devons nous focaliser. Nous avons mieux à faire que de nous mettre dans cet élan », confie t-il
Mohamed Kenouvi
Source : Journal du Mali