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Lutte contre le terrorisme jihadiste : Que peut l’AES ?

Dr. Moussa Coulibaly estime que certains pays d’Afrique semblent avoir vu les limites des promesses des Occidentaux intéressés plus par les ressources que par la stabilité de ces pays aux pieds désormais d’argile. A en croire le sociologue, l’évolution des réalités géopolitiques en Afrique est en train de donner raison aux autorités maliennes de la Transition. “Sans la sécurité, il n’y a pas de possibilité d’envisager la stabilité économique. La RDC et le Nigeria semblent l’avoir compris. Ces deux pays tapent depuis quelques semaines déjà discrètement à la porte de la Russie”, dit-il.

Selon Dr. Moussa Coulibaly, le Nigeria, géant d’Afrique de l’Ouest, secoué par une double crise et ne sachant plus à quel saint se vouer, cherche désespérément le moyen de se sauver des griffes de Boko Haram mais le pays doit très urgemment faire face à l’inflation galopante qui rend inaccessibles aux populations les produits de première nécessité dont le riz.

Dr. Coulibaly assure que cette inflation fait suite à une dévaluation de la monnaie locale, “le naira”. “Ce géant qui commence à avoir les pieds d’argile et perçu comme l’élément le plus influent de la Cédéao, connait une situation qu’on peut qualifier de descente aux enfers tant les équilibres sociaux, politiques et économiques sont fragiles”, explique-t-il.

Dr. Coulibaly s’indigne de constater que cette organisation sous-régionale (Cédéao) n’a pu rien proposer au Nigeria dans la lutte contre Boko Haram tout comme elle n’a pu rien proposer au Mali, au Niger et au Burkina Faso pendant que ces pays se battaient avec de modestes moyens contre la nébuleuse jihadiste qui a sensiblement endeuillé le Sahel depuis l’assassinat de Kadhafi.

Notre sociologue révèle que c’est dans un élan qui ressemble à la manifestation d’un instinct de survie que le Nigeria tape depuis quelques semaines déjà discrètement à la porte de la Russie. En effet, dans une ambiance d’attente déçue, le Nigeria, à travers son ministre des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, était en Russie ces 5 et 7 mars pour discuter des affaires régionales.

Il s’agissait, pour le géant de l’Afrique de l’Ouest, d’intensifier la coopération économique avec la Russie suite à la crise économique consécutive à la dévaluation de la monnaie nigériane mais aussi de négocier un plan de riposte efficace pour anéantir Boko Haram.

Il s’agissait aussi dans l’urgence de sauver ce qui peut l’être encore dans ce pays où manger à sa faim dévient un exercice difficile pour les plus jeunes qui constituent plus de 60 % de la population. “Si la réponse à ces crises n’est pas satisfaisante, Boko Haram aura de beaux jours devant lui, car il va pouvoir enrôler un nombre important de jeunes nécessiteux”, dit-il.

Le 23 janvier dernier, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken était au Nigeria et a promis, au-delà d’une approche militaire d’aider le pays à lutter contre le jihadisme. Deux mois plus tard, la désillusion pousse les plus hautes autorités du Nigeria dans les bras de la Russie car le Nigeria, devant les assauts répétés de Boko Haram, a passé des commandes d’armes jamais livrées par ses partenaires traditionnels.

Par ailleurs, Dr. Moussa Coulibaly rappelle que le premier pays d’Afrique centrale à intensifier sa coopération militaire avec la Russie est la Centrafrique. “Aujourd’hui, c’est le grand Congo démocratique qui va vers la Russie. Face aux assauts du M23, la RDC ne fait plus mystère de ses ambitions et la Russie vient d’approuver un projet d’accord militaire avec la RDC”, dit-il. Son contenu, très ambitieux, tourne autour d’une coopération militaire pouvant concerner le volet formation, achats d’équipements et d’autres formats de coopération militaire, selon l’agence de presse russe Tas. Le Congo et la Centrafrique regorgent de ressources minières et énergétiques et sont en train d’être secoués soit par la rébellion soit par le jihadisme. Pour notre interlocuteur, l’un et l’autre semblent avoir vu les limites des promesses des Occidentaux intéressés plus par les ressources que par la stabilité de ces deux géants aux pieds désormais d’argile.

Pour le cas de notre pays, le Mali, il précise que la crise de l’électricité est réelle mais des initiatives sont en train d’être mises en place. “Après la visite des ministres maliens des Finances et des Affaires étrangères en Russie, une forte délégation russe est attendue cette semaine à Bamako pour discuter de la réalisation de projets à court, moyen et long terme. Et la question de la crise de l’électricité occupera très certainement une place centrale”, conclut Dr. Moussa Coulibaly.

 

Ibrahima Ndiaye

Mali Tribune

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